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Une grossesse en santé dans un environnement sain – première partie

Par Mélanie Demers, inf. B.Sc.

La grossesse s’avère une période cruciale pour la santé du bébé en devenir. En effet, le corps de la femme constitue son premier environnement, mais aussi la source de tout ce qu’il a besoin pour grandir et se développer. De plus, l’exposition au mauvais polluant au mauvais moment risque de provoquer des changements développementaux qui peuvent parfois s’avérer permanents chez l’enfant. Voici donc une série d’articles tirés du document « Easy Steps to a Safer Pregnancy » pour assainir votre environnement avant l’arrivée de bébé.

Époussetez souvent

La poussière est le lieu de repos de plusieurs toxines introduites dans nos maisons. Ainsi, lorsque bébé commence à ramper dans les rouleaux de poussière, et qu’il porte ses mains à sa bouche, il est exposé à de nombreux contaminants et ce, jusqu’à 40 fois plus que les adultes. Ainsi, passer l’aspirateur régulièrement et laver les planchers en plus d’épousseter les meubles avec un chiffon humide en élimine une grande partie. Un plumeau en laine d’agneau permet aussi d’atteindre les zones éloignées de façon efficace. Il est possible d’en trouver dans les magasins à grande surface. Cependant, évitez les plumeaux synthétiques qui ne font que remuer la poussière.

Purifiez l’air

L’air intérieur est généralement 2 à 5 fois plus pollué que l’air extérieur. En effet, les maisons sont de plus en étanches et les toxines s’y accumulent : vapeurs de produits nettoyants, ameublement, matériaux de construction, etc. en plus des polluants provenant de l’extérieur. En fait, la pollution de l’air intérieur se classe parmi les 5 risques environnementaux les plus importants en santé publique. Maintenir la qualité de l’air intérieur s’avère relativement simple :

  • Ouvrez les fenêtres régulièrement, même en hiver (10 minutes au lever et 10 minutes au coucher).
  • Évitez les produits chimiques ayant une forte odeur.
  • Évitez les purificateurs d’air qui contiennent des fragrances qui polluent plus qu’elles ne le purifient.
  • Laissez les vêtements nettoyés à sec quelques jours dans le garage ou à l’extérieur pour que les vapeurs s’échappent ailleurs que dans la maison ou évitez le nettoyage à sec.
  • Utilisez un détergent pour lave-vaisselle sans chlore.
  • Évitez les nouveaux meubles fabriqués à partir de contreplaqué ou de panneaux de particules.
  • Évitez les produits de soins personnels, les détergents à lessive, les chandelles parfumées… contenant des fragrances synthétiques.

Éliminez le plomb

Le plomb est un contaminant bien connu à l’intérieur des maisons. On le retrouve dans les peintures appliquées avant 1979, la poussière, l’eau potable, les médicaments traditionnels importés, les bijoux pour enfants de moindre qualité, certains accessoires de pêche, etc. Une femme enceinte ne doit jamais faire de rénovation lorsqu’elle suspecte que la peinture de sa maison peut contenir du plomb. Pour le reste, des alternatives sont facilement disponibles.

Évitez le polychlorure de vinyle (PVC)

Le PVC contient des phtalates afin de les rendre flexibles. Cependant, les recherches indiquent que l’exposition prénatale aux phtalates peut interférer avec la production de testostérone et le développement du système reproducteur en plus d’avoir des effets néfastes sur le développement mental, moteur et comportemental au cours de la petite enfance. De surcroît, les phtalates ne sont pas liés chimiquement aux produits qui les contiennent, donc ils peuvent être libérés et s’évaporer dans l’air et dans la poussière de maison. Ainsi, pour les tenir à l’écart, il faut éviter d’utiliser des produits en vinyle ou en plastique avec l’indication « PVC », « V » ou « 3 » dans le symbole de recyclage. Le PVC fait partie intégrante de notre vie et il s’avère assez commun : rideaux de douche, revêtements de plancher, papiers peints, imitations du cuir, produits gonflables, câbles électroniques, chaussures, sac à dos, jouets en plastique mou, anneaux de dentition, tuyaux d’arrosage… La plupart du temps, des versions sans PVC sont disponibles. Pour les planchers recouverts de vinyle, il faut les laver fréquemment et s’assurer qu’ils ne sont pas exposés directement à la lumière du soleil car ce dernier les réchauffe et il y a ainsi libération de phtalates beaucoup plus rapidement.

Les composés perfluorés

Les composés perfluorés sont des matériaux utilisés pour rendre les poêlons antiadhésifs, les emballages alimentaires à l’épreuve des graisses, dans les produits antitaches et bien d’autres. Tout comme les phtalates dans le PVC, les composés perfluorés s’échappent souvent des produits qui les contiennent. De plus, ils ont été associés à un plus petit poids à la naissance, une tête de plus petite taille et des taux d’hormones thyroïdiennes maternelles plus faibles, ce qui peut amener des habiletés motrices réduites, des difficultés d’apprentissage, une diminution du quotient intellectuel, des problèmes du déficit de l’attention et des problèmes de socialisation chez les jeunes enfants. Afin d’éviter les composés perfluorés :

  • Échangez vos poêlons antiadhésifs contre de la fonte ou de l’acier inoxydable.
  • Évitez le fast-food qui est habituellement dans des contenants recouverts de composés perfluorés.
  • Évitez aussi d’appliquer des produits hydrofuges ou antitaches sur les tissus d’ameublement, les tapis ou les vêtements.
  • Utilisez une soie dentaire non cirée, la cire contenant souvent des composés perfluorés.
  • Évitez d’utiliser des assiettes de carton ciré.

Références :

Costner, P. et al. (2005). Sick of dust : Chemicals in common products – A needless health risk in our homes, 50 pages. Disponible au http://www.cleanproduction.org/resources/entry/sick-of-dust [En ligne].

Geet Ethier, Marc (2008). Ménage vert: Se faciliter la vie en la protégeant, Montréal, Éditions du Trécarré, 310 pages.

Healthy Child Healthy World (2014). Easy Steps to a Safer Pregnancy: A guide to protecting your growing baby from toxic chemicals, California, 53 pages. Disponible auhttp://healthychild.org/its-an-e-book-welcome-to-our-new-healthy-pregnancy-e-book/ [En ligne].

Santé Canada (2009). Trousse d’information sur le plomb – Questions couramment posées sur l’effet de l’exposition au plomb sur la santé humaine, http://www.hc-sc.gc.ca/ewh-semt/contaminants/lead-plomb/asked_questions-questions_posees-fra.php#a21 [En ligne], page consultée le 9 février 2014.

Thibault, N., Jouer dehors, bon ou mauvais pour les infections?, http://www.educatout.com/edu-conseils/sante-hygiene/systeme-immunitaire-et-infections/jouer-dehors-bon-ou-mauvais-pour-les-infections.htm [En ligne], page consultée le 31 mars 2014.

Ce que signifie le grand ménage du printemps pour les enfants

Par Mélanie Demers, inf. B.Sc.

Pour plusieurs familles, l’arrivée du printemps signifie nettoyer la maison de fond en comble. Est-ce une bonne idée? Est-ce nécessaire? Quels peuvent être les impacts sur la santé?

Des ingrédients cachés

La plupart des produits utilisés pour l’entretien ménager contiennent des substances chimiques cachées associées au cancer, aux malformations à la naissance et à l’infertilité. En effet, au Canada, la loi n’oblige pas les compagnies à divulguer tous les ingrédients d’un produit pas plus qu’elle ne considère les risques associés à l’exposition à long terme à certaines substances toxiques ou les effets de la combinaisons de ces dernières. Ainsi, bien que le nettoyage soit parfois facilité par ces ingrédients, il ne s’avère pas toujours sécuritaire. De plus, les enfants exposés à ces substances toxiques sont beaucoup plus susceptibles de développer des cancers plus tard dans leur vie.

Les phtalates

L’exposition aux phtalates, même à très petites doses, pendant la grossesse peut significativement affecter le développement affectif et neurologique du fœtus, particulièrement chez les mâles. D’ailleurs, certaines compagnies avaient annoncé le retrait des phtalates de leurs produits alors que des analyses ont démontré le contraire. Cependant, malgré la déclaration des compagnies quant au fait que leurs produits ne contiennent pas une substance, sans une liste exhaustive des ingrédients, il n’y a aucun moyen de savoir s’il s’agit de la vérité. Les phtalates sont souvent cachés sous les termes « fragrance » ou « parfum » dans la liste d’ingrédients.

Le toluène

Le toluène est un solvant utilisé dans certains produits nettoyants et qu’on retrouve aussi dans les vernis et plusieurs produits de peinture. Il peut causer des malformations à la naissance et avoir des effets nocifs sur la reproduction. Les femmes enceintes ou celles prévoyant le devenir ne devraient jamais utiliser des produits renfermant du toluène. Attention! Des produits d’entretien contenant du toluène ont été découvert lors d’analyses et cette substance n’était pas identifiée dans la liste des ingrédients.

Le 1,4-dioxane

Le 1,4-dioxane est généré lors d’un processus appelé éthoxylation pendant lequel l’oxyde d’éthylène, un carcinogène (qui cause le cancer), est ajouté à d’autres substances chimiques afin de les adoucir. Ce processus peut amener la contamination de certains ingrédients, comme le sodium laureth sulfate, le polyéthylène glycol (PEG)et d’autres composés comportant les termes « xynol, ceteareth et oleth ». Le 1,4-dioxane agit aussi comme solvant. La plupart du temps, on le retrouve dans les produits formant de la mousse. On ne retrouve pas cette substance chimique sur les étiquettes puisqu’il s’agit d’un contaminant créé pendant la fabrication d’un produit. Il n’y a donc aucune façon de l’identifier ce qui le rend difficile à éviter.

Le chloroforme et le tétrachlorométhane

Le chloroforme et le tétrachlorométhane sont des carcinogènes se retrouvant dans les produits destinés à être utilisés sur les surfaces dures comme les comptoirs, les éviers, les électroménagers… Le tétrachlorométhane est extrêmement toxique et dommageable pour le foie en plus d’avoir spécifiquement démontré qu’il causait le cancer du sein dans les études chez les animaux. L’exposition au chloroforme peut aussi avoir des effets sur le système nerveux comme des vertiges, des nausées et des maux de tête.

Les allergènes

Les allergènes sont responsables des réactions allergiques provoquées par certains produits. On parle ici de démangeaisons, d’irritations des yeux, du nez et de la gorge, de maux de tête pouvant aller jusqu’à des difficultés respiratoires et de l’asthme. Dans cette catégorie, on retrouve le limonène, le citronellol, le linalol, l’eugénol, la coumarine et plusieurs autres. En fait, ces substances sont des constituants des fragrances qui sont composées à partir des 3100 substances chimiques que possèdent l’industrie pour créer des odeurs. Ainsi, comme les ingrédients des fragrances n’ont pas à être listés, il s’avère pratiquement impossible d’identifier la substance provoquant la réaction allergique, le seul moyen de l’éviter étant d’identifier le produit en cause.

Conseils de prévention

  • Fabriquez vos produits nettoyants vous-mêmes. Plusieurs livres et sites internet proposent des recettes très efficaces. En général, vous aurez besoin de jus de citron, de vinaigre blanc, de sel de table et de bicarbonate de sodium.
  • Si le contenu des produits d’entretien que vous utilisez actuellement vous préoccupent, appelez au numéro inscrit sur les bouteilles et demandez la liste complète des ingrédients, incluant les fragrances.
  • Achetez des produits biodégradables et écoresponsables. Recherchez les logos de certification comme l’éco-logo (au Canada).
  • Si vous utilisez des produits nettoyants contenant les substances mentionnées plus haut :
  1. Utilisez des quantités moindres que celles inscrites sur la bouteille.
  2. Ne les mélangez jamais.
  3. Portez des gants.
  4. Gardez-les toujours hors de la portée des enfants.
  5. Assurez-vous que l’endroit est bien ventilé pendant et après le nettoyage.

Références :

Blanc, P.D. (2009). How everyday products make people sick : Toxins at home and in the workplace, University of California Press, Berkeley, 374 pages.

Griffin, S. (2008). Diminuez les risques de cancer: Guide du consommateur averti, Labour Environmental Alliance Society, Montréal, 51 pages.

Hoitsma, A.K. (2013). Secret scents: How hidden fragrance allergens harm public health, Women’s voices for the earth, 28 pages.

Scranton, A. (2011). Dirty secrets : What’s hiding in your cleaning products?, Women’s voices for the earth, 17 pages. Disponible au http://www.womensvoices.org/issues/reports/dirty-secrets/

The Campain for Safe Cosmetics (2011). 1,4-dioxane,http://safecosmetics.org/article.php?id=288 [En ligne], page consultée le 2 mars 2014.

Le cerveau des enfants en danger

Mélanie Demers, inf. B.Sc.

Une revue de littérature publiée la semaine dernière, dans une prestigieuse revue médicale britannique, sonne l’alarme quant aux différentes substances chimiques présentes dans l’environnement et leurs effets sur le développement du cerveau et du système nerveux des enfants.

Les auteurs ont ainsi révisé toutes les études scientifiques en lien avec certaines substances chimiques couramment utilisées et leurs effets neurodéveloppementaux chez les enfants.

L’évolution depuis 2006

La même revue avait été réalisée en 2006, où 201 substances étaient connues pour être neurotoxiques chez les humains, 1000 chez les animaux ainsi que plusieurs milliers de produits chimiques industriels et de pesticides n’ayant jamais été testés quant à leur neurotoxicité. Aujourd’hui, la liste a augmenté de 12 pour les substances neurotoxiques chez l’humain. Parmi celles nouvellement identifiées, les pesticides constituent le groupe le plus important.

Pourquoi s’en préoccuper?

Le développement de problèmes neurocomportementaux (au niveau du système nerveux et du comportement) affecte 10 à 15% des toutes les naissances et la prévalence des troubles avec le spectre de l’autisme et du déficit d’attention avec hyperactivité semble augmenter chaque année et ce, à travers le monde. Ces problèmes peuvent avoir de lourdes conséquences : diminution de la qualité de vie, diminution des performances académiques et comportements inappropriés, en plus d’avoir des conséquences importantes sur le bien-être et la productivité de sociétés entières.

Les causes

Actuellement, les causes de tous ces problèmes ne sont que partiellement comprises. En effet, bien que des facteurs génétiques puissent y jouer un rôle (on parle ici de 30 à 40% de tous les cas de problèmes neurodéveloppementaux), ils ne peuvent expliquer, à eux seuls, cette augmentation de cas. En fait, les expositions environnementales y sont fort probablement impliquées et, dans certains cas, interagissent avec certaines prédispositions génétiques.

Le cerveau humain en plein développement s’avère très vulnérable aux expositions chimiques toxiques et y est le plus sensible pendant la grossesse et la petite enfance. En effet, le placenta est incapable d’empêcher le passage d’agents toxiques environnementaux de la mère à la circulation fœtale. D’ailleurs, plus de 200 substances chimiques étrangères ont été détectées dans le cordon ombilical de bébés.  De même, pendant la vie fœtale et la petite enfance, les mécanismes de protection du cerveau sont moins développés et donc beaucoup moins efficaces pour empêcher les substances toxiques d’atteindre le système nerveux.

Les principales substances en cause

Le plomb

En ce qui concerne le plomb, les conclusions stipulent qu’aucun niveau d’exposition au plomb n’est sécuritaire. De plus, il semblerait que ses effets neurotoxiques soient permanents. L’exposition au plomb pendant la petite enfance est associée avec une diminution de la performance scolaire et des comportements délinquants, plus tard dans la vie.

Le mercure

La neurotoxicité développementale due au mercure se produit à des niveaux d’exposition beaucoup plus bas que ceux affectant le fonctionnement du cerveau chez l’adulte. D’ailleurs, les effets de faibles expositions prénatales sont toujours détectables à l’âge de 14 ans.

L’arsenic

L’exposition prénatale et postnatale à l’arsenic inorganique présent dans l’eau est associée avec des déficits cognitifs apparents lors de l’entrée à l’école.

L’éthanol

La consommation maternelle d’alcool pendant la grossesse, même en très petite quantité, a été associée à de nombreux effets comportementaux, incluant un quotient intellectuel réduit, une détérioration du jugement social, des comportements de délinquance, des convulsions, d’autres signes neurologiques et des problèmes sensoriels.

Le manganèse

L’exposition au manganèse dans l’eau potable est associée avec une diminution des performances mathématiques chez les enfants d’âge scolaire. De plus, une étude a démontré une forte corrélation entre la concentration de manganèse dans les cheveux et l’hyperactivité.

Le fluor

L’exposition au fluor de l’eau suggère une diminution moyenne de 7 points de quotient intellectuel chez les enfants étudiés.

Les autres substances

D’autres substances ayant des effets neurodéveloppementaux chez l’enfant sont aussi mentionnées. Ainsi, le tétrachloroéthylène ou perchloroéthylène (utilisé pour le nettoyage à sec des tissus) a été associé à des tendances vers des fonctions neurologiques déficientes et une augmentation du risque de maladies psychiatriques. L’exposition prénatale aux pesticides organophosporés  a été associée à un périmètre crânien inférieur à la naissance, ce qui indique une croissance du cerveau ralentie in utéro. Les polybromodiphényléthers (PBDE), un apprêt ignifuge, pourraient aussi être neurotoxiques et sont associés avec des déficits neurodéveloppementaux chez les enfants ayant eu une exposition prénatale plus importante à ces composés.

L’exposition in utéro aux phtalates a aussi été associée à des déficits neurodéveloppementaux et à des anomalies comportementales caractérisées par un temps d’attention plus court et des problèmes dans les interactions sociales. Cependant, l’évaluation des effets de cette exposition s’avère difficile, car ils sont rapidement éliminés dans l’urine.

Les conséquences

Étant donné que les fonctions du cerveau se développent par séquences, l’étendue des effets de dommages neurotoxiques précoces peuvent ne devenir apparents qu’à l’âge scolaire ou au-delà. De plus, ils s’avèrent souvent intraitables et permanents. De même, ces effets, documentés pendant l’enfance, l’adolescence et chez le jeune adulte, laissent présager le développement de maladies neurodégénératives plus tard dans la vie. Par exemple, l’exposition accumulée au plomb est associée au déclin cognitif et l’exposition au manganèse, à la maladie de Parkinson.

Conseils de prévention

Malheureusement, nous ne pouvons éviter l’exposition à toutes les substances chimiques toxiques de l’environnement. Cependant, nous pouvons choisir les produits que nous achetons. De plus, il est important de ne pas se fier sur les autres, sur les médecins ou sur le Gouvernement pour prendre en main la santé de nos enfants et de notre famille. Le plus important : S’INFORMER et faire de notre mieux.

Références :

Grandjean, P. et Landrigan P. (2014). Neurobehavioural effects of developmental toxicity, Lancet Neurology, 13 : 330-38.

De quoi doit-on se méfier lors de la préparation d’une chambre d’enfant?

Par Mélanie Demers, inf. B.Sc.

Lorsque l’on prépare l’arrivée de bébé ou que l’on rénove la chambre d’un enfant, plusieurs risques pour la santé peuvent se présenter. Il suffit de respecter quelques points et votre enfant s’y trouvera en toute sécurité.

La peinture

Le plomb

Depuis 1992, toutes les peintures fabriquées au Canada et aux États-Unis ne contiennent presque plus de plomb. Mais, si vous avez une vieille maison (construite avant 1960), vous devez présumer qu’elle a été peinte avec de la peinture à base de plomb. Et dans ce cas, il faut user d’une très grande prudence. En effet, si la peinture s’écaille, le plomb qu’elle contient se retrouve dans la poussière à cause des mouvements de friction et peut être inhalée. De plus, cette poussière tombe sur le sol et un bébé commençant à ramper ou marchant à quatre pattes se retrouve avec de fines particules de cette poussière sur les mains qui risquent fort d’être portées à sa bouche l’instant d’après. Bref, la peinture écaillée contenant du plomb pose un risque immédiat pour la santé de toutes les personnes présentes dans la maison, car il s’avère toxique pour le système nerveux. Donc, avant toute rénovation, pour les maisons de plus de 50 ans, il faut s’assurer que la peinture ne contient pas de plomb en la faisant analyser par un laboratoire.

Les composés organiques volatils (COV)

Les composés organiques volatils sont constitués de substances chimiques reconnues comme cancérigènes ou provoquant des dommages dans le développement cognitif. Plusieurs compagnies offrent maintenant des peintures à faibles émissions de COV ou sans COV et sont disponibles dans toutes les quincailleries. On parle ici de peintures à base d’eau plutôt que celles à base de solvants dérivés du pétrole.

Les planchers

Il est généralement plus sain d’avoir des planchers facilement lavables. Ainsi, les planchers de bois constituent un excellent choix. Les tapis contiennent souvent des apprêts ignifuges qui compétitionnent avec l’hormone thyroïdienne amenant quantité d’effets sur la croissance et le développement. Certains sont aussi considérés comme carcinogènes. En plus, les tapis ont tendance à retenir la poussière et leur entretien s’avère plus difficile. Les planchers de vinyle (prélart) contiennent des phthalates pour les assouplir et les rendre plus flexibles et ceux-ci sont reconnus pour déséquilibrer le système hormonal du corps.

Le mobilier

L’idéal serait de privilégier un mobilier en bois. En effet, les meubles constitués de particules pressées et laminées dégagent des substances toxiques dans l’air, entre autre, à cause de la colle utilisée. Cependant, le mobilier en bois s’avère beaucoup plus dispendieux. C’est pourquoi, l’achat de meubles en bois usagés devient une option des plus intéressantes et sécuritaires.

À retenir

  • Si votre peinture contient du plomb, faites affaires avec des professionnels.
  • Choisissez des peintures à faible émission de COV ou sans COV.
  • Choisissez des planchers de bois, de préférence.
  • N’hésitez pas à poncer vos vieux planchers de bois et à les revernir.
  • Privilégiez un mobilier en bois.
  • Acheter un mobilier en bois usagé : c’est moins dispendieux et meilleur pour l’environnement.

Références :

Greene, Alan (2007). Raising baby green : The earth – friendly guide to pregnancy, childbirth, and baby care, Jossey-Bass, San Francisco, 306 pages.

Healthy child healthy world (2013). Easy steps for a healthy & safe nursery, Californie, 38 pages. Disponible en ligne au http://healthychild.org/healthynurseryebook/

Santé Canada (2009). Trousse d’information sur le plomb – Questions couramment posées sur l’effet de l’exposition au plomb sur la santé humaine, http://www.hc-sc.gc.ca/ewh-semt/contaminants/lead-plomb/asked_questions-questions_posees-fra.php#a21 [En ligne], page consultée le 9 février 2014.

Les vêtements que portent nos enfants les rendent-ils malades?

Par Mélanie Demers inf. B.Sc.

Quels sont vos critères pour acheter les vêtements de vos enfants? Payer le moins cher possible? Avoir une marque reconnue? Avoir des vêtements résistants et durables? Bref, peu importe ce qui guide vos achats, il est important de savoir que certains problèmes de santé peuvent être reliés aux vêtements.

Les produits chimiques ajoutés aux vêtements

Un récent rapport publié par Greenpeace International a découvert la présence d’une vaste gamme de produits chimiques toxiques dans de nombreuses marques de vêtements pour enfants incluant American Apparel, C&A, Disney, GAP, H&M, Primark, Uniqlo, adidas, LINing, Nike, Puma et Burberry. Voici ce qu’ils ont découvert.

Les éthoxylates de nonylphénol

Les éthoxylates de nonylphénol constituent un groupe de composés chimiques utilisés comme agents surfactants, émulsifiants, dispersants et humidifiants dans une variété d’applications, incluant l’industrie des textiles où ils sont utilisés pour la finition des tissus et du cuir. L’utilisation des éthoxylates de nonylphénol pendant la fabrication des textiles peut laisser des résidus, dans le produit final, qui seront libérés lors des lavages pour l’entretien des vêtements. Le risque est qu’ils peuvent se dégrader pour former le nonylphénol, une substance chimique persistante, bioaccumulative et toxique. Des études ont démontré la présence d’éthoxylates et de nonylphénol non seulement dans l’eau, mais aussi dans la poussière de maison et dans l’air intérieur. De plus, le nonylphénol est considéré comme un perturbateur endocrinien, c’est-à-dire qu’il imite l’activité hormonale des œstrogènes.

Les phtalates dans les imprimés plastifiés

Les phtalates représentent un groupe de substances chimiques ayant de nombreuses utilisations, principalement comme assouplisseurs dans le polychlorure de vinyle (PVC). Ils servent aussi à lier les colorants aux textiles. Étant donné qu’ils ne sont pas chimiquement liés au plastique, ils sont libérés dans l’air tant intérieur qu’extérieur durant tout leur temps d’utilisation et même encore après leur fin de vie utile. Les phtalates sont reconnus comme toxiques pour le développement des organes reproducteurs par leurs impacts sur la synthèse de la testostérone. De plus, ils créent des dommages aux chromosomes, augmentent la progression de cancers et causent des changements dans l’expression des gènes.

Les organoétains

Les organoétains constituent un groupe de composés chimiques utilisés comme biocides ou fongicides dans certains produits en tissu comme les vêtements de sport, les bas et les chaussures. Ils servent ainsi à prévenir les odeurs causées par la sueur. Ils sont aussi utilisés comme stabilisateurs dans les produits en PVC, incluant les imprimés plastifiés. Les organoétains s’avèrent toxiques pour les systèmes immunitaire et le nerveux de même qu’ils perturbent l’équilibre hormonal du corps.

Les composés perfluorés

Dans l’industrie du textile, les composés perfluorés sont principalement utilisés pour leur stabilité et leur habileté à repousser l’eau et l’huile (imperméabilisants). De plus, ils s’avèrent très résistants à la dégradation chimique, biologique et thermique, ce qui les rend persistants dans l’environnement. La présence de leurs résidus dans les vêtements les rend susceptibles de s’accumuler dans le corps et peut causer des impacts négatifs sur la santé pendant le développement, mais aussi à l’âge adulte. Ils ont été associés à des déséquilibres hormonaux ayant des impacts sur les systèmes reproducteur et immunitaire, des problèmes de thyroïde, une pression artérielle élevée et certains cancers.

Bien sûr, d’autres substances chimiques ayant d’autres effets sur la santé sont présentes dans les vêtements, mais il serait difficile de toutes les nommer ici. Elles feront partie d’un autre article ultérieurement.

Conseils de prévention

Il est très difficile de savoir les substances chimique que renferment les vêtements de nos enfants et de faire les bons choix. Voici quelques conseils généraux :

  • Choisir des vêtements usagés plutôt que neufs afin d’éviter encore plus de contamination des eaux et de l’environnement.
  • Éviter les vêtements aux propriétés particulières : ignifuge, infroissable, imperméable, antitaches, antistatique
  • Privilégier les fibres naturelles comme le coton, la laine, la soie, le lin et le chanvre.
  • Privilégier les couleurs pastelles pour les vêtements d’enfants.

Références :

Brigden Kevin et al. (2013). Hazardous chemicals in branded textile products on sale in 25 countries/regions during 2013, Greenpeace, Exeter, 47 pages. Disponible au http://www.greenpeace.org/eastasia/publications/reports/toxics/2014/little-story-monsters-closet/ [En ligne].

Brigden Kevin et al. (2012). Toxic threads: The big fashion stitch-up, Greenpeace international, Amsterdam, 56 pages. Disponible au http://www.greenpeace.org/eastasia/publications/reports/toxics/2012/big-fashion-stitch-up/ [En ligne].

Clement, Dr Anna Maria et Dr Brian Clement (2011). , Ces vêtements qui tuent : Comment des choix vestimentaires apparemment anodins peuvent menacer votre santé… et comment vous protéger!, Marcel Broquet, Saint-Sauveur, 172 pages.

Greenpeace East Asia (2014). A little story about the monsters in your closet…, Beijing, 40 pages. Disponible au http://www.greenpeace.org/eastasia/publications/reports/toxics/2014/little-story-monsters-closet/ [En ligne].