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Le cerveau des enfants en danger

Mélanie Demers, inf. B.Sc.

Une revue de littérature publiée la semaine dernière, dans une prestigieuse revue médicale britannique, sonne l’alarme quant aux différentes substances chimiques présentes dans l’environnement et leurs effets sur le développement du cerveau et du système nerveux des enfants.

Les auteurs ont ainsi révisé toutes les études scientifiques en lien avec certaines substances chimiques couramment utilisées et leurs effets neurodéveloppementaux chez les enfants.

L’évolution depuis 2006

La même revue avait été réalisée en 2006, où 201 substances étaient connues pour être neurotoxiques chez les humains, 1000 chez les animaux ainsi que plusieurs milliers de produits chimiques industriels et de pesticides n’ayant jamais été testés quant à leur neurotoxicité. Aujourd’hui, la liste a augmenté de 12 pour les substances neurotoxiques chez l’humain. Parmi celles nouvellement identifiées, les pesticides constituent le groupe le plus important.

Pourquoi s’en préoccuper?

Le développement de problèmes neurocomportementaux (au niveau du système nerveux et du comportement) affecte 10 à 15% des toutes les naissances et la prévalence des troubles avec le spectre de l’autisme et du déficit d’attention avec hyperactivité semble augmenter chaque année et ce, à travers le monde. Ces problèmes peuvent avoir de lourdes conséquences : diminution de la qualité de vie, diminution des performances académiques et comportements inappropriés, en plus d’avoir des conséquences importantes sur le bien-être et la productivité de sociétés entières.

Les causes

Actuellement, les causes de tous ces problèmes ne sont que partiellement comprises. En effet, bien que des facteurs génétiques puissent y jouer un rôle (on parle ici de 30 à 40% de tous les cas de problèmes neurodéveloppementaux), ils ne peuvent expliquer, à eux seuls, cette augmentation de cas. En fait, les expositions environnementales y sont fort probablement impliquées et, dans certains cas, interagissent avec certaines prédispositions génétiques.

Le cerveau humain en plein développement s’avère très vulnérable aux expositions chimiques toxiques et y est le plus sensible pendant la grossesse et la petite enfance. En effet, le placenta est incapable d’empêcher le passage d’agents toxiques environnementaux de la mère à la circulation fœtale. D’ailleurs, plus de 200 substances chimiques étrangères ont été détectées dans le cordon ombilical de bébés.  De même, pendant la vie fœtale et la petite enfance, les mécanismes de protection du cerveau sont moins développés et donc beaucoup moins efficaces pour empêcher les substances toxiques d’atteindre le système nerveux.

Les principales substances en cause

Le plomb

En ce qui concerne le plomb, les conclusions stipulent qu’aucun niveau d’exposition au plomb n’est sécuritaire. De plus, il semblerait que ses effets neurotoxiques soient permanents. L’exposition au plomb pendant la petite enfance est associée avec une diminution de la performance scolaire et des comportements délinquants, plus tard dans la vie.

Le mercure

La neurotoxicité développementale due au mercure se produit à des niveaux d’exposition beaucoup plus bas que ceux affectant le fonctionnement du cerveau chez l’adulte. D’ailleurs, les effets de faibles expositions prénatales sont toujours détectables à l’âge de 14 ans.

L’arsenic

L’exposition prénatale et postnatale à l’arsenic inorganique présent dans l’eau est associée avec des déficits cognitifs apparents lors de l’entrée à l’école.

L’éthanol

La consommation maternelle d’alcool pendant la grossesse, même en très petite quantité, a été associée à de nombreux effets comportementaux, incluant un quotient intellectuel réduit, une détérioration du jugement social, des comportements de délinquance, des convulsions, d’autres signes neurologiques et des problèmes sensoriels.

Le manganèse

L’exposition au manganèse dans l’eau potable est associée avec une diminution des performances mathématiques chez les enfants d’âge scolaire. De plus, une étude a démontré une forte corrélation entre la concentration de manganèse dans les cheveux et l’hyperactivité.

Le fluor

L’exposition au fluor de l’eau suggère une diminution moyenne de 7 points de quotient intellectuel chez les enfants étudiés.

Les autres substances

D’autres substances ayant des effets neurodéveloppementaux chez l’enfant sont aussi mentionnées. Ainsi, le tétrachloroéthylène ou perchloroéthylène (utilisé pour le nettoyage à sec des tissus) a été associé à des tendances vers des fonctions neurologiques déficientes et une augmentation du risque de maladies psychiatriques. L’exposition prénatale aux pesticides organophosporés  a été associée à un périmètre crânien inférieur à la naissance, ce qui indique une croissance du cerveau ralentie in utéro. Les polybromodiphényléthers (PBDE), un apprêt ignifuge, pourraient aussi être neurotoxiques et sont associés avec des déficits neurodéveloppementaux chez les enfants ayant eu une exposition prénatale plus importante à ces composés.

L’exposition in utéro aux phtalates a aussi été associée à des déficits neurodéveloppementaux et à des anomalies comportementales caractérisées par un temps d’attention plus court et des problèmes dans les interactions sociales. Cependant, l’évaluation des effets de cette exposition s’avère difficile, car ils sont rapidement éliminés dans l’urine.

Les conséquences

Étant donné que les fonctions du cerveau se développent par séquences, l’étendue des effets de dommages neurotoxiques précoces peuvent ne devenir apparents qu’à l’âge scolaire ou au-delà. De plus, ils s’avèrent souvent intraitables et permanents. De même, ces effets, documentés pendant l’enfance, l’adolescence et chez le jeune adulte, laissent présager le développement de maladies neurodégénératives plus tard dans la vie. Par exemple, l’exposition accumulée au plomb est associée au déclin cognitif et l’exposition au manganèse, à la maladie de Parkinson.

Conseils de prévention

Malheureusement, nous ne pouvons éviter l’exposition à toutes les substances chimiques toxiques de l’environnement. Cependant, nous pouvons choisir les produits que nous achetons. De plus, il est important de ne pas se fier sur les autres, sur les médecins ou sur le Gouvernement pour prendre en main la santé de nos enfants et de notre famille. Le plus important : S’INFORMER et faire de notre mieux.

Références :

Grandjean, P. et Landrigan P. (2014). Neurobehavioural effects of developmental toxicity, Lancet Neurology, 13 : 330-38.

Jusqu’à quel point votre enfant consomme-t-il de l’arsenic?

Par Mélanie Demers, inf. B.Sc.

On entend de plus en plus parler de la présence d’arsenic dans les aliments, entre autres, dans le riz, le jus de pomme et le poulet. Doit-on s’en inquiéter? Comment expliquer sa présence dans notre alimentation? Voilà des questions qui méritent des réponses.

L’arsenic, un carcinogène

Tout d’abord, l’arsenic est un métal qui se retrouve naturellement dans la croûte terrestre et son niveau dans le sol et dans l’eau varie selon les différences géographiques. Il existe 2 formes d’arsenic : organique et inorganique. C’est surtout la forme inorganique qui cause problème. En effet, il s’agit d’un carcinogène potentiel connu pour l’humain, surtout au niveau de la peau, des poumons et de la vessie. De plus, il augmente les risques de maladies cardiovasculaires, de problèmes immunitaires et de diabète de type 2. Certaines formes organiques sont aussi considérées comme des carcinogènes probables, mais les données sont limitées. En fait, l’Environmental Protection Agency aux États-Unis assume qu’il n’y a actuellement aucun niveau d’exposition sécuritaire pour l’arsenic inorganique.

D’où provient l’arsenic présent dans les aliments?

Soixante-seize pourcent des champs où le riz est actuellement cultivé aux États-Unis l’étaient auparavant pour la culture du coton où l’utilisation des pesticides à base d’arsenic s’avérait fréquente. Ainsi, cela a pollué les sols et contamine encore les plantes qui y poussent. De plus, il faut mentionner que les gènes de certaines sortes de riz capturent plus facilement l’arsenic du sol, ce qui augmente leur degré de contamination. Finalement, certains herbicides à base d’arsenic sont encore utilisés aujourd’hui.

L’arsenic dans le riz

Une étude publiée par Consumer Reports a démontré la présence d’arsenic inorganique dans le riz et dans les produits en contenant, incluant ceux destinés aux enfants comme les céréales. En effet, ces dernières s’avèrent souvent le premier aliment solide des bébés et leur concentration en arsenic était au moins 5 fois plus élevée que dans les autres céréales comme l’avoine, par exemple. Dans cette étude, les taux d’arsenic inorganique était plus élevés dans le riz brun que dans le blanc. De plus, les personnes consommant du riz avaient des niveaux d’arsenic dans l’urine 44% plus élevés que chez ceux qui n’en mangent pas. Finalement, le riz absorbe l’arsenic du sol et de l’eau beaucoup plus efficacement que la plupart des autres plantes.

L’arsenic dans les jus de fruits

Une autre étude de Consumer Reports a aussi relevé la présence d’arsenic dans les jus de fruits. Ceux les plus particulièrement visés : pomme, poire et raisins. Pourquoi? Pour les mêmes raisons qui expliquent la présence de l’arsenic dans le riz. D’autres causent seraient l’utilisation  d’herbicides et de fertilisants à base d’arsenic, mais aussi et surtout la pollution créée par l’activité humaine. Pour les jus de fruits, Santé Canada a établi la présence maximale d’arsenic à 0,1 ppm, soit dix fois plus que celle de l’eau potable. Aux États-Unis, aucune limite n’est fixée.

L’arsenic dans le poulet

La présence d’arsenic dans le poulet est principalement due à l’utilisation d’un médicament ajouté régulièrement à l’alimentation. En effet, le « roxarsone » favorise la croissance de la volaille mais traite aussi les parasites intestinaux et donne à la viande sa belle couleur rosée. Le roxarsone est une forme d’arsenic organique censée être moins toxique pour l’humain que la forme inorganique. Cependant, cette dernière peut provenir de la transformation du roxarsone et s’accumuler dans le poulet, rendant le métal toxique disponible pour la consommation humaine. Si les médicaments à base d’arsenic étaient utilisés par tous les producteurs de volaille, l’exposition à l’arsenic inorganique suite à la consommation de poulet augmenterait les risque de cancer du poumon et de la vessie de 3,7 par 100 000 personnes. Les autres sources potentielles concernent la nourriture et l’eau contaminées par les fertilisants.

Conseils de prévention

La bonne nouvelle, c’est qu’il existe des moyens simples de limiter l’exposition à l’arsenic via l’alimentation.

  • Limiter la consommation de riz : utiliser d’autres grains comme le quinoa, l’orge, le couscous ou l’avoine.
  • Bien rincer le riz avant sa préparation et le cuire dans une grande quantité d’eau.
  • Limiter la consommation de produits contenant du sirop de riz comme agent sucrant.
  • Introduire les légumes oranges comme la patate douce et la courge comme premiers aliments solides pour les bébés.
  • Préférer les céréales d’orge, d’avoine ou mélangées pour les bébés.
  • Limiter la consommation de jus de fruits à un maximum de 150 à 250 ml.
  • Éviter la consommation de boisson de riz avant l’âge de 5 ans.
  • Choisir de la volaille biologique, car les médicaments à base d’arsenic y sont interdits.

Références :

Rangan, Urvashi (2014). Arsenic exposure from food : How it gets there, Why we should care, How to reduce exposure, Webinaire présenté le 14 février 2014 sur healthyfoodaction.org, disponible au http://www.youtube.com/watch?v=lLTDilEiLCQ

Consumer Reports (2012). Arsenic in your food: Our findings show a real need for federal standards for this toxin, http://www.consumerreports.org/cro/magazine/2012/11/arsenic-in-your-food/index.htm [En ligne], page consultée le 16 février 2014.

Consumer Reports (2012). Arsenic in your juice: How much is too much? Federal limits don’t exist, http://www.consumerreports.org/cro/magazine/2012/01/arsenic-in-your-juice/index.htm# [En ligne], page consultée le 16 février 2014.

Leroux, Rémi (2013). Arsenic : faut-il se méfier du jus de pomme?, Protégez-vous, http://www.protegez-vous.ca/sante-et-alimentation/arsenic-faut-il-se-mefier-du-jus-de-pomme.html [En ligne], page consultée le 16 février 2014.

Lunder, S. et Undurraga D. (2012). 10 ways to get arsenic out of your (and your kids’) diet, http://www.mariasfarmcountrykitchen.com/10-ways-to-get-arsenic-out-of-your-and-your-kids-diet/ [En ligne], page consultée le 16 février 2014.

Schmidt, Charles W. (2013). Arsenical Association: Inorganic Arsenic May Accumulate in the Meat of Treated Chickens, Environmental Health Perspectives, 121 (7), p. A-226. Disponible au http://ehp.niehs.nih.gov/121-a226/

De quoi doit-on se méfier lors de la préparation d’une chambre d’enfant?

Par Mélanie Demers, inf. B.Sc.

Lorsque l’on prépare l’arrivée de bébé ou que l’on rénove la chambre d’un enfant, plusieurs risques pour la santé peuvent se présenter. Il suffit de respecter quelques points et votre enfant s’y trouvera en toute sécurité.

La peinture

Le plomb

Depuis 1992, toutes les peintures fabriquées au Canada et aux États-Unis ne contiennent presque plus de plomb. Mais, si vous avez une vieille maison (construite avant 1960), vous devez présumer qu’elle a été peinte avec de la peinture à base de plomb. Et dans ce cas, il faut user d’une très grande prudence. En effet, si la peinture s’écaille, le plomb qu’elle contient se retrouve dans la poussière à cause des mouvements de friction et peut être inhalée. De plus, cette poussière tombe sur le sol et un bébé commençant à ramper ou marchant à quatre pattes se retrouve avec de fines particules de cette poussière sur les mains qui risquent fort d’être portées à sa bouche l’instant d’après. Bref, la peinture écaillée contenant du plomb pose un risque immédiat pour la santé de toutes les personnes présentes dans la maison, car il s’avère toxique pour le système nerveux. Donc, avant toute rénovation, pour les maisons de plus de 50 ans, il faut s’assurer que la peinture ne contient pas de plomb en la faisant analyser par un laboratoire.

Les composés organiques volatils (COV)

Les composés organiques volatils sont constitués de substances chimiques reconnues comme cancérigènes ou provoquant des dommages dans le développement cognitif. Plusieurs compagnies offrent maintenant des peintures à faibles émissions de COV ou sans COV et sont disponibles dans toutes les quincailleries. On parle ici de peintures à base d’eau plutôt que celles à base de solvants dérivés du pétrole.

Les planchers

Il est généralement plus sain d’avoir des planchers facilement lavables. Ainsi, les planchers de bois constituent un excellent choix. Les tapis contiennent souvent des apprêts ignifuges qui compétitionnent avec l’hormone thyroïdienne amenant quantité d’effets sur la croissance et le développement. Certains sont aussi considérés comme carcinogènes. En plus, les tapis ont tendance à retenir la poussière et leur entretien s’avère plus difficile. Les planchers de vinyle (prélart) contiennent des phthalates pour les assouplir et les rendre plus flexibles et ceux-ci sont reconnus pour déséquilibrer le système hormonal du corps.

Le mobilier

L’idéal serait de privilégier un mobilier en bois. En effet, les meubles constitués de particules pressées et laminées dégagent des substances toxiques dans l’air, entre autre, à cause de la colle utilisée. Cependant, le mobilier en bois s’avère beaucoup plus dispendieux. C’est pourquoi, l’achat de meubles en bois usagés devient une option des plus intéressantes et sécuritaires.

À retenir

  • Si votre peinture contient du plomb, faites affaires avec des professionnels.
  • Choisissez des peintures à faible émission de COV ou sans COV.
  • Choisissez des planchers de bois, de préférence.
  • N’hésitez pas à poncer vos vieux planchers de bois et à les revernir.
  • Privilégiez un mobilier en bois.
  • Acheter un mobilier en bois usagé : c’est moins dispendieux et meilleur pour l’environnement.

Références :

Greene, Alan (2007). Raising baby green : The earth – friendly guide to pregnancy, childbirth, and baby care, Jossey-Bass, San Francisco, 306 pages.

Healthy child healthy world (2013). Easy steps for a healthy & safe nursery, Californie, 38 pages. Disponible en ligne au http://healthychild.org/healthynurseryebook/

Santé Canada (2009). Trousse d’information sur le plomb – Questions couramment posées sur l’effet de l’exposition au plomb sur la santé humaine, http://www.hc-sc.gc.ca/ewh-semt/contaminants/lead-plomb/asked_questions-questions_posees-fra.php#a21 [En ligne], page consultée le 9 février 2014.

Votre enfant résiste-t-il aux antibiotiques?

Par Mélanie Demers, inf. B.Sc.

Votre enfant a besoin de 2 séries d’antibiotiques pour traiter une otite. Il a besoin d’antibiotiques plus puissants pour traiter une pneumonie. Comment cela se fait-il? Pourquoi la pénicilline n’est-elle plus aussi efficace?

Qu’est-ce que la résistance aux antibiotiques?

On dit qu’il y a résistance lorsqu’un antibiotique est inefficace pour traiter un problème de santé qui, normalement, aurait dû l’être efficacement avec cet antibiotique. On parle alors de bactérie résistante aux antibiotiques (ou antimicrobiens) ou superbactérie.

La mauvaise utilisation des antibiotiques

Tout d’abord, l’utilisation inadéquate des antibiotiques s’avère un des principaux facteurs contribuant à cette résistance. En effet, bien que les médecins soient de plus en plus sensibilisés à ce phénomène, il est souvent arrivé, par le passé, et parfois même encore aujourd’hui, qu’un antibiotique soit prescrit pour une infection virale. Or, il s’avère tout à fait inefficace contre un virus. Pour combattre ce dernier, seul le système immunitaire peut y arriver et parfois, dans certains cas très précis, les antiviraux. Ainsi, les antibiotiques sont inefficaces pour traiter des infections virales telles que le rhume, la grippe, l’écoulement nasal ou le mal de gorge.

La banalisation

Par ailleurs, la prise d’antibiotiques est devenue si banale qu’on oublie parfois de considérer leur efficacité. Voilà pourquoi il arrive parfois que des parents insistent pour avoir une prescription d’antibiotiques lorsqu’ils consultent un médecin avec leur enfant, même si on leur dit qu’il n’en a pas besoin parce qu’il s’agit d’un virus. Souvent, ils veulent la prescription immédiatement pour éviter les complications et l’attente lors d’un rendez-vous ultérieur, si nécessaire. Finalement, certains parents exigent un antibiotique pour prévenir les complications et sauver du temps… mais ne savent pas le préjudice que cela peut causer à leur enfant.

Les traitements non complétés

De plus, lorsqu’un traitement n’est pas complété, il y a aussi des conséquences. En effet, certains arrêtent le traitement antibiotique lorsqu’ils se sentent mieux et ne voient pas l’utilité de le poursuivre. Or, s’il se sentent mieux, c’est que la bactérie ne sécrète plus sa toxine (ce qui cause la maladie), mais cela ne signifie pas qu’elle est complètement éradiquée. Ainsi, cesser la prise de l’antibiotique avant la fin de la période de traitement permet aux bactéries de s’adapter aux concentrations d’antibiotiques restantes dans le sang. De plus, cela risque de nécessiter un autre traitement antibiotique dans les semaines suivantes car la bactérie aura repris de la vigueur.

Les antibiotiques non prescrits et non utilisés

Parfois, le médecin ou le pharmacien vous avise que si les symptômes ne se sont pas améliorés pendant les premières 48 heures après le début de la prise de l’antibiotique, il faudra consulter à nouveau puisqu’il est inefficace. Par conséquent, il en restera une partie inutilisée. Que font certaines personnes avec ce reste de médicament? Lorsqu’elles-même ou une personne de leur entourage sera malade, ils la traiteront avec le reste de cet antibiotique. Mais, encore là, la durée de traitement sera inappropriée ou l’origine de l’infection ne sera pas bactérienne et cela contribuera, encore une fois, à la résistance aux antibiotiques.

Les antibiotiques dans la viande

Les conditions d’élevage des animaux dans des endroits clos et de proximité les rend plus à risque de contracter des infections, nécessitant la prise d’antibiotiques pour prévenir et traiter ces dernières. Or, au fil des ans, les producteurs ont aussi réaliser le potentiel de croissance que les antibiotiques offraient. Ainsi, certains d’entre eux, aussi utilisés pour traiter les humains sont ajoutés quotidiennement dans la nourriture des animaux. Mais, certains résidus de ces substances s’accumulent dans les tissus des bêtes que nous mangeons, nous y exposant aussi, par le fait même. Et les conséquences de tout ça? Elles restent encore inconnues pour la santé humaine, mais pourraient contribuer à la résistance aux antibiotiques. Elles sont cependant indéniables pour les producteurs qui réalisent de gros profit$.

Les produits antibactériens

Les antimicrobiens se retrouvent maintenant dans une quantité croissante de produits utilisés quotidiennement, du savon à mains aux produits d’entretien ménager. En effet, ceux-ci sont destinés à détruire les bactéries créant ainsi un environnement où leur nombre se trouve réduit au minimum. D’une part, pour développer un système immunitaire sain, un enfant DOIT être exposé à certains microbes lors de moments critiques de son développement. Mais, si tout est aseptisé dans son environnement, son système immunitaire ne saura pas faire la différence entre les bonnes et les mauvaises bactéries et sera donc beaucoup moins efficace. D’autre part, l’exposition constante des bactéries à des produits antibactériens leur permettra de modifier leur code génétique afin de survivre à ces produits, les rendant aussi beaucoup plus difficile à détruire avec des antibiotiques lors d’une infection.

L’importance de la résistance aux antibiotiques

Il s’avère vraiment important de prévenir la résistance aux antibiotiques qui atteint des proportions inquiétantes, surtout dans les établissements de santé, car aucune nouvelle classe d’antibiotiques n’a été découverte au cours des 25 dernières années. Ainsi, les bactéries deviennent résistantes rapidement alors que les traitements existants s’avèrent inefficaces et que les recherches progressent beaucoup moins rapidement que le code génétique des bactéries. En fait, si la situation continue à évoluer, on risque de ne plus disposer d’antibiotiques efficaces pour traiter des infections bactériennes courantes. On se retrouvera alors dans une société comme celle avant l’ère des antibiotiques où des infections banales s’avéraient mortelles.

Conseils de prévention

  • Apprenez tôt aux enfants à se laver les mains fréquemment, il s’agit de la meilleure façon de prévenir les infections.
  • Évitez les produits portant la mention « antibactérien ».
  • Lorsque vous consultez un médecin pour un problème de santé, informez-vous sur l’origine de l’infection (virale ou bactérienne) et discutez avec lui de la nécessité du recours à l’antibiotique.
  • Attendez toujours le résultat du prélèvement avant de donner un antibiotique pour un mal de gorge.
  • Terminez toujours le traitement antibiotique qui vous a été prescrit.
  • Dans le cas d’un traitement antibiotique inefficace que vous ne prenez pas complètement, rapportez les doses non utilisées à votre pharmacien qui saura en disposer sans contaminer l’environnement et les cours d’eau.
  • Ne tentez jamais de traiter une infection vous-même avec un reste d’antibiotique, consultez toujours un médecin.
  • Achetez de la viande biologique. Sinon, achetez-la locale et questionnez le producteur quant à l’utilisation des antibiotiques pour leur croissance.

Références :

Bergeron, Lise (2010). Trop d’antibiotiques dans la viande, Protégez-vous, http://www.protegez-vous.ca/sante-et-alimentation/trop-dantibiotiques-dans-la-viande.html [En ligne], page consultée le 2 février 2014.

Consumer Reports magazine (2013). Consumer Reports investigation : Talking turkey, http://www.consumerreports.org/cro/magazine/2013/06/consumer-reports-investigation-talking-turkey/index.htm [En ligne], page consultée le 2 février 2014.

Dionne, Jean-Yves (2010). Des antibiotiques dans la production animale, http://www.jydionne.com/des-antibiotiques-dans-la-production-animale/ [En ligne], page consultée le 2 février 2014.

Organisation mondiale de la santé (2012). La résistance aux antibiotiques, http://www.euro.who.int/fr/health-topics/disease-prevention/antimicrobial-resistance/antibiotic-resistance [En ligne], page consultée le 2 février 2014.

Organisation mondiale de la santé (2012). Résistance aux antibiotiques : une menace croissante, http://www.euro.who.int/fr/health-topics/disease-prevention/antimicrobial-resistance/news/news/2012/11/antibiotic-resistance-a-growing-threat [En ligne], page consultée le 2 février 2014.

Rawstorne, Tom (2013). How drugs pumped into supermarket chichens pose a terrifying threat to our health, http://www.dailymail.co.uk/news/article-2388444/How-drugs-pumped-supermarket-chickens-pose-terrifying-threat-health.html [En ligne], page consultée le 2 février 2014.