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Les insectifuges sont-ils efficaces et sécuritaires contre les piqûres d’insectes?

Par Mélanie Demers, inf. B.Sc.

Les moustiques et autres insectes sont réputés pour transmettre des maladies plus ou moins graves, dont 2 d’entre elles sont plus fréquentes au Canada : la maladie de Lyme et le virus du Nil occidental. Cependant, les produits insectifuges sont-ils efficaces? Et leurs effets sur la santé sont-ils pire que les maladies elles-mêmes?

Qu’est-ce que la maladie de Lyme?

Il s’agit d’une infection causée par une bactérie qui peut se transmettre par la morsure de tiques. Généralement, la plupart des personnes ignorent qu’elles ont été mordues, car la morsure est sans douleur.

Tique à pattes noires

Au Canada, des populations de tiques sont bien établies dans le sud-est du Québec, le sud et l’est de l’Ontario, dans le sud-est du Manitoba et dans certaines régions du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse. Ainsi, plus il y a de tiques dans un endroit, plus il y a de risques qu’elles soient infectées et qu’elles transmettent la maladie aux personnes ou aux animaux. La plupart des cas d’infection chez les humains se produisent entre la fin avril et la mi-juillet.

Principaux endroits au Canada où on retrouve des populations de tiques entre 1990 et 2003.

Quels sont les symptômes?

Les symptômes se développent habituellement en 3 étapes. Le premier signe d’infection correspond généralement à une éruption cutanée (rougeur) de forme circulaire à l’endroit mordu. Elle se retrouve chez environ 70 à 80% des personnes atteintes. Elle se développe entre 3 jours et 1 mois après la morsure et peut durer jusqu’à 8 semaines. Fait à noter : la rougeur n’est pas accompagnée de démangeaisons, de douleur ou d’enflure. Cependant, de la fatigue, des frissons, de la fièvre, des maux de tête, des douleurs articulaires et musculaires ainsi que des ganglions enflés peuvent apparaître.

Si aucun traitement n’est administré, on passe à la phase 2 de la maladie. Elle peut durer plusieurs mois et se caractérise par des problèmes reliés au système nerveux (méningite, inflammation de certains nerfs, …), plusieurs éruptions cutanées, arthrite, palpitations cardiaques, fatigue extrême et faiblesse générale.

En l’absence de traitement, la troisième phase de la maladie peut durer de plusieurs mois à plusieurs années et se caractérise par les mêmes symptômes qu’à la phase 2, mais de façon accentuée.

Le traitement de la maladie de Lyme consiste à administrer des antibiotiques pendant 2 à 4 semaines, et plus ils le sont tôt dans l’évolution de la maladie, meilleurs sont les résultats.

Qu’est-ce que le virus du Nil occidental?

Il s’agit d’une maladie transmise par certains moustiques contaminés. Elle a atteint 5674 Américains en 2012 et la moitié d’entre eux ont présenté des complications comme des méningites, des encéphalites et des paralysies. Les infections par les moustiques porteurs de ce virus se produisent surtout pendant les mois d’été, particulièrement en août.

Cas de virus du Nil au Canada en 2012.

Quels sont les symptômes?

Les principaux symptômes se caractérisent par une fièvre élevée, des maux de tête, des tremblements, des convulsions et des dommages au niveau des nerfs.

Pour les éloigner : Les insectifuges

Aucun insectifuge ne protège à 100% contre les moustiques et les tiques et aucun n’est sécuritaire à 100% pour la santé. Il faut donc utiliser son jugement selon les circonstances, le temps passé à l’extérieur et vérifier si l’endroit ciblé est à risque. Il existe 4 principaux ingrédients actifs pour éloigner ces insectes.

1. Icaridine (1-methylopropylester ou KBR 3023)

Cet ingrédient n’irrite pas la peau et les yeux, ne possède pas une odeur désagréable comme le DEET et ne dissout pas les plastiques. Il s’évapore de la peau plus lentement que le DEET et le IR3535 et est efficace sur des périodes plus longues. Il s’avère aussi efficace que le DEET et éloigne autant les moustiques que les tiques. Il ne possède pas le même profil neurotoxique que le DEET et en représente donc une bonne alternative avec plusieurs de ses avantages et sans ses inconvénients.

  • Une concentration de 5 à 10% fournit une protection pour 1 à 2 heures pouvant aller jusqu’à 4 heures.
  • Une concentration de 20% fournit une protection pour une journée entière.

2. IR3535 (3-[N-Butyl-N-acetyl]-aminopropionic acid, ethyl ester ou Ethyl Butylacetylaminopropionate)

Ce produit peut s’avérer très irritant pour les yeux, mais ne semble pas poser d’autres risques pour la santé. Cependant, comme le DEET, il peut dissoudre ou endommager certains plastiques ou tissus. Il est souvent combiné avec les écrans solaires. Cependant, ces produits sont déconseillés car l’application doit être répétée fréquemment pour la protection contre les rayons du soleil et cela peut amener à une surdose pour l’insectifuge, ce qui peut poser un risque pour la santé.

  • Une concentration de 20% fournit une protection de 8 heures contre les moustiques et entre 6 et 12 heures contres les tiques.

3. DEET (Diethyl Toluamide)

Il est très efficace contre les moustiques et les tiques. Si utilisé correctement, il est considéré comme sécuritaire. Il faut cependant le manipuler avec soin, car il peut irriter les yeux et induire des dommages neurologiques à des concentrations élevées. Les personnes l’utilisant quotidiennement ont rapporté des rougeurs accompagnées de démangeaisons, des vertiges, des difficultés de concentration et des maux de tête. Voici les recommandations de Santé Canada à cet effet :

  • 0 à 6 mois : Ne pas utiliser de DEET.
  • 6 à 24 mois : Utiliser seulement lorsque le risque de piqûres est élevé. Limiter l’application à une par jour et utiliser des produits avec une concentration de 5 à 10% de DEET.
  • 2 à 12 ans : Limiter à 3 applications par jour les produits ayant des concentration de DEET entre 5 et 10%. Éviter l’utilisation prolongée.
  • Population générale : Une concentration d’au plus 30% de DEET est tolérée dans les produits.

4. Huile essentielle d’eucalyptus citronné / PMD

Des études ont démontré que des concentrations de 20 à 26% de PMD sont aussi efficaces que celles entre 15 et 20% de DEET contre les moustiques et les tiques. Il ne faut pas utiliser ce produit chez les enfants en bas de 3 ans. De plus, ce produit est reconnu allergène et peut irriter les poumons. Cependant, il s’agit de l’ingrédient botanique le plus efficace.

  • Une concentration de 30% (19% PMD) offre une protection jusqu’à 6 heures contre les moustiques et les tiques.

5. Les autres répulsifs

Les recherches de l’Environmental Working Group aux États-Unis indiquent que les insectifuges à base de plantes s’avèrent souvent de moins bons choix. Leur efficacité varie énormément et ils agissent habituellement sur une période de temps plus courte. Ces produits contiennent des ingrédients généralement reconnus comme étant allergènes et sont présents à des concentrations nettement plus élevées que dans les produits de soins personnels.

Une autre option à utiliser avec prudence concerne les vêtements traités avec un pesticide : la perméthrine. Cela est efficace dans les régions infestées par les moustiques et les tiques où les risques de transmission de maladies sont très élevés. Par contre, ce produit chimique est beaucoup plus toxique que les insectifuges appliqués sur la peau. Il faut aussi manipuler ces vêtements avec précaution.

Les autres produits comme les chandelles, les bracelets, les huiles essentielles et autres s’avèrent souvent coûteux, toxiques et le plus souvent, inefficaces.

La prévention a bien meilleur goût!

Les insectifuges devraient demeurer le dernier choix étant donné qu’ils contiennent souvent d’autres ingrédients (parabènes, propylène glycol, phtalates et autres) ayant des effets dévastateurs sur la santé. Cependant, il demeure important de se protéger contre les maladies dans les zones à risque. Pour prévenir :

  • Porter des vêtements aux couleurs pastelles.
  • Porter des vêtements à manches longues, à col roulé.
  • Placer les pantalons dans les bas et le chandail dans les pantalons.
  • Porter des souliers fermés.
  • Utiliser des moustiquaires sur les poussettes ou les parcs pour bébés.
  • Utiliser des moustiquaires ou des ventilateurs au-dessus des aires de pique-nique.
  • Éliminer les zones d’eau stagnante
  • Éviter les parfums et les cosmétiques fortement parfumés.
  • Avant d’utiliser un insectifuge, toujours l’essayer sur une petite partie de peau afin de s’assurer qu’il ne cause pas de réactions allergiques.
  • Utiliser les insectifuges selon les directives du fabricant.
  • Lisez les étiquettes de votre insectifuge et vérifier si les ingrédients actifs sont efficaces.

Références :

Agence de la santé publique du Canada, Maladie de Lyme – Fiche de renseignements, www.phac-aspc.gc.ca/id-mi/lyme-fs-fra.php [En ligne], page consultée le 26 juillet 2013.

Agence de la santé publique du Canada, Virus du Nil occidental chez l’humain, Cas cliniques et infections asymptomatiques Canada, 27 octobre 2012.

ConsoGlobe, Les fiches pratiques : Se débarrasser des moustiques, juillet 2011.

ConsoGlobe, Tous les répulsifs anti-moustique, www.consoglobe.com/repulsifs-anti-moustique-3393-cg [En ligne], page consultée le 24 juillet 2013.

Environmental Working Group, EWG’s guide to better bug repellents, Washington, july 2013.

H. Ogden, Ni cholas et al. (2009). The emergence of Lyme disease in Canada, CMAJ, 180 (12).

The Merk manual of diagnosis and therapy, 1999, seventeenth edition, Merck research laboratories, New Jersey, 2833 pages.

Votre crème solaire est-elle pire qu’un coup de soleil?

Par Mélanie Demers, inf. B.Sc.

Il est habituellement recommandé d’utiliser une crème solaire pour se protéger du soleil lorsqu’on s’y expose entre 10 et 14 heures. Cependant, avec tous les ingrédients et additifs chimiques utilisés, les crèmes solaires apportent-elles un réel bienfait pour la santé?

Les rayons ultraviolets

Il existe 3 types de rayons ultraviolets (UV) provenant du soleil : UVA, UVB et UVC. Les rayons UVB sont ceux qui brûlent la peau (coup de soleil) et qui sont responsables des changements pré-cancéreux au niveau de la peau. Par contre, les rayons UVA causent des dommages beaucoup plus subtils. Ils pénètrent la peau en profondeur, endommagent ses cellules, favorise son vieillissement et cause le cancer de la peau. Quant aux UVC, ils ne contribuent pas au cancer de la peau.

Le cancer de la peau

Deux types de tumeurs sont reliées au cancer de la peau : la tumeur bénigne (sans conséquence) et la tumeur maligne (cancéreuse, appelée mélanome).

Au cours des 35 dernières années, le taux de nouveaux mélanomes a triplé parmi les Américains. De plus, entre 40 et 50% des Américains vivant jusqu’à l’âge de 65 ans seront diagnostiqués pour un de ces types de tumeurs au moins une fois dans leur vie.

Il existe plusieurs facteurs de risque pour l’apparition d’un mélanome : histoire familiale, bronzage artificiel, peau pâle, taches de rousseur, les rayons UV et les coups de soleil. Il s’avère possible d’en contrôler trois : bronzage artificiel, exposition aux rayons UV et les coups de soleil.

Dans la population en général, il y a une forte corrélation entre le risque de mélanome et le nombre de coups de soleil qu’un individu a eu, particulièrement pendant son enfance. De plus, il a été démontré que l’utilisation du bronzage artificiel augmente drastiquement le risque de cancer de la peau, soit de 75% s’il a été utilisé avant l’âge de 30 ans.

Plusieurs facteurs suggèrent qu’une exposition régulière au soleil n’est peut-être pas aussi dommageable que celle intermittente et au rayonnement de forte intensité, c’est-à-dire entre 10 et 14 heures. Paradoxalement, les personnes travaillant à l’extérieur présentent généralement des taux de mélanomes plus bas que celles travaillant à l’intérieur. Cependant, une chose est certaine : les crèmes solaires seules ne réduisent pas le taux de cancer de la peau. En fait, l’action la plus importante qui peut être posée pour réduire le risque de mélanome est d’éviter les coups de soleil et non l’exposition complète au soleil.

Les crèmes solaires, comment ça fonctionne?

Tout d’abord, il est important de ne pas se fier seulement sur la crème solaire pour se protéger du soleil, car cela a été relié à plus de coups de soleil, particulièrement pendant les heures de radiations intenses.

Le facteur de protection solaire (FPS) indiqué sur chaque bouteille de crème solaire indique seulement la protection offerte pour les rayons UVB. Les écrans solaires à « large spectre » sont censés protéger contre les effets des rayons UVA et UVB. Cependant, la protection exacte contre les rayons UVA n’est pas écrite sur les contenants et ce sont eux qui causent les dommages les plus importants.

Les FPS élevé, c’est-à-dire plus de 30, tendent à donner un faux sentiment de sécurité aux utilisateurs. En effet, ils ont tendance à allonger leur période d’exposition au soleil, contrairement à ceux utilisant des crèmes à FPS plus faible. De plus, les recherches indiquent qu’un FPS plus élevé que 30 s’avère plus une technique de marketing, puisque les bienfaits d’un FPS plus élevé restent encore à prouver. Fait intéressant, en Europe, le FPS maximal autorisé est de 50 et en Australie, 30.

Que contiennent les crèmes solaires?

Pour offrir une protection efficace contre les rayons UV, les écrans solaires doivent coller à la peau. Ces ingrédients actifs, qui filtrent les UVA et les UVB, y sont présents en grande concentration. Cependant, ils peuvent causer des effets indésirables : irritation de la peau ou allergie, imitation des œstrogènes ou des dommages à la peau quand le soleil agit sur ces ingrédients.

Plusieurs crèmes solaires contiennent un anti-inflammatoire qui empêche un coup de soleil de se former même si elles sont appliquées après l’exposition. Cependant, en l’absence de douleur, un signe d’avertissement pour un coup de soleil, certains utilisateurs peuvent se sentir faussement protégés des effets des rayons UV alors qu’en fait, ce sont les ingrédients chimiques qui les dupent.

1. Les filtres chimiques

La plupart des produits disponibles utilisent des combinaisons des ingrédients suivants : oxybenzone, avobenzone, octisalate, octocrylène, homosalate et octinoxate. Presque tous, en Amérique du Nord, contiennent l’avobenzone car il est très efficace pour filtrer les UVA. Cependant, celui-ci n’est pas très stable quand il est exposé aux rayons du soleil. Ainsi, d’autres ingrédients chimiques, comme l’oxybenzone, doivent y être ajoutés pour le stabiliser. Plusieurs experts sont d’accord pour dire que l’exposition non intentionnelle et la toxicité de ces ingrédients actifs viennent éroder les bénéfices de ce type de crèmes solaires.

2. Les filtres minéraux

Ces filtres sont à base d’oxyde de zinc ou de dioxyde de titane, habituellement sous formes de nanoparticules. Ceux-ci ne pénètrent pas la peau et sont stables en présence du soleil. Par contre, les gens les aiment habituellement moins, car ils tendent à laisser un film blanc sur la peau, plus ou moins important selon la grosseur des particules. De plus, l’oxyde de zinc offre une excellente protection contre les UVA.

Alors, où est le problème?

Le problème concerne les effets indésirables de certains ingrédients actifs ou de leur combinaison. Ainsi, il s’avère très important de bien lire les étiquettes. Certains ingrédients devraient être évités :

  • L’oxybenzone : Il perturbe les hormones en imitant les œstrogènes féminins, peut causer des réactions allergiques au niveau de la peau et est associé avec l’endométriose chez les femmes.
  • Le PABA (acide para-aminobenzoïque) : Il s’avère surtout relié à des irritations de la peau.
  • Le retinyl palmitate et rétinol, une forme de vitamine A : Il peut accélérer le développement de lésions et de tumeurs au niveau de la peau quand il est appliqué en présence du soleil. Il est ajouté à certaines crèmes solaires par les manufacturiers qui croient qu’il ralentit le vieillissement de la peau. Cela peut être vrai pour les lotions ou les crèmes de nuit qui sont utilisées à l’intérieur, mais c’est tout le contraire pour celles utilisées à l’extérieur. Alors, Mesdames, il serait bien de vérifier vos crèmes de jour afin de ne pas avoir l’effet contraire de ce que vous recherchez.

La meilleure solution : la prévention

La crème solaire idéale, celle qui protège autant des rayons UVA et UVB, ne contient aucun ingrédient nocif pour la santé et qui ne laisse aucun film blanc sur la peau, n’existe pas. Alors, c’est la prévention qui est la plus efficace. Voici quelques conseils :

  • Se couvrir : chapeau, t-shirt et lunettes de soleil constituent la meilleure protection.
  • Ne pas utiliser de crème solaire dans le but de prolonger l’exposition au soleil.
  • Éviter les coups de soleil.
  • Protéger les enfants : Leur peau est plus mince et plus sensible que celle de l’adulte, donc plus à risque de coup de soleil.
  • Si possible, éviter l’exposition lorsque les rayons du soleil sont les plus intenses, soit entre 10 et 14 heures.
  • Choisir une crème solaire avec une bonne protection contre les UVA et un FPS d’au plus 30.
  • Éviter les écrans solaires en vaporisateur contenant un filtre minéral, car les nanoparticules peuvent pénétrer dans les poumons et y causer des dommages.
  • Appliquer généreusement 20 à 30 minutes avant l’exposition et réappliquer après la baignade, une transpiration abondante ou toutes les 80 minutes.
  • Examiner la peau pour de nouveaux grains de beauté au contour irrégulier, qui sont sensibles ou qui grossissent.
  • Vérifier  si votre crème est bien cotée dans la base de données suivante : http://www.ewg.org/2013sunscreen/ Toutes les marques ne s’y retrouvent pas puisqu’il s’agit d’une base de données américaine, mais plusieurs se retrouvent aussi sur le marché canadien.
  • Profitez de l’été et amusez-vous!

Références:

Environmental Working Group, http://www.ewg.org/2013sunscreen/9-surprising-facts-about-sunscreen/ [en ligne], page consultée le 19 juillet 2013.

David Suzuki Foundation, http://www.davidsuzuki.org/what-you-can-do/queen-of-green/faqs/toxics/how-to-choose-a-safe-sunscreen/? [en ligne], page consultée le 19 juillet 2013.

Dr. Alan Greene, http://www.drgreene.com/articles/sunburn/ [en ligne], page consultée le 19 juillet 2013.

La cuisson au barbecue : cancérigène?

 
Par Mélanie Demers  inf. B. Sc.

Pendant la saison estivale, nombreux sont ceux qui cuisinent sur le gril. Cependant, la cuisson de la viande à haute température génère des toxines comme les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), dont les amines hétérocycliques qui sont reconnues comme étant un important carcinogène alimentaire.

Qu’est-ce que les HAP?

Les HAP sont formés par le dépôt de la fumée résultant de la combustion incomplète de matière organique et sont générés lorsque des combustibles fossiles ou de la végétation sont brûlés. La viande et les produits de la viande, surtout ceux bien cuits, s’avèrent une importante source d’exposition. Lorsqu’une diète inclut de la viande, il est impossible d’éviter l’exposition à ce groupe de composés génotoxiques.  La quantité de HAP générée dépend de la sorte de viande, de sa qualité, son pH, son contenu en eau, des acides aminés libres et de la créatine, en plus des conditions de cuisson comme la température, le temps et l’équipement utilisé.

Vous avez dit : « Cancer? »

Des études ont établies de fortes associations entre la consommation de viande et un risque accru des cancers suivants : cancer du sein, du côlon, du pancréas, de l’estomac, des poumons et de la prostate. De plus, certains chercheurs ont même suggéré une implication dans la maladie de Parkinson et d’autres maladies neurologiques.

Devons-nous tous devenir végétariens pour éviter ces toxines?

Il serait irréel de penser que tout le monde peut et veut devenir végétarien pour éviter ces toxines. Bonne nouvelle cependant, on peut réduire notre exposition avec des moyens simples et savoureux : les marinades! En effet, des études ont démontré que le fait de mariner les viandes peut réduire, de façon significative, la formation de HAP. Ainsi, les sauces, les herbes aromatiques et les épices, naturellement riches en composés phénoliques, présentent une activité antioxydante des plus efficace.

Quelle est la meilleure recette?

Tout d’abord, le temps optimal de marinage est de 4 heures. Au-delà de ce temps, il n’y aurait pas de bénéfices additionnels. Il faut aussi cuire la viande à une température plus faible (200°C) et ne pas prolonger sa cuisson indûment.

Les ingrédients à privilégier :

  • Les herbes : romarin, thym, sauge.
  • L’alcool : vin rouge, vin blanc, bière.
  • Épices : curcuma, poudre d’oignon.
  • D’autres aliments antioxydants : huile d’olive, tomate, ail, thé vert, sauce soya, huile de sésame, moutarde, sel, oignon.
  • Un acide : jus de citron.

Les ingrédients à éviter :

Fait à noter : Si de l’huile est utilisée dans la marinade, il est préférable de la combiner avec un ingrédient acide comme le jus de citron. Ainsi, plus les ingrédients à privilégier sont combinés dans une marinade, plus son effet antioxydant est important.

Sur ce, bon appétit!

Références:

Farhadian, A. et al. (2012). Effects of marinating on the formation of polycyclic aromatic hydrocarbons (benzo[a]pyrene, benso[b]fluranthene and fluoranthene) in grilled beef meat, Food control, 28, 420-425.

Smith, J.S. et al. (2008). Effect of marinades on the formation of heterocyclic amines in grilled beef steaks, Journal of food science, Vol. 73, novembre 2008.

Viegas, Olga et al. (2012). Inhibitory effects of antioxydant-rich marinades on the formation of heterocyclic aromatic amines in pan-fried beef, Journal of agricultural and food chemistry, 60, 6235-6240.

LAC-MÉGANTIC : AU-DELÀ D’UN DRAME HUMAIN, UN DÉSASTRE ENVIRONNEMENTAL

1044674_10152986566795514_1337327551_nPhoto: Benjamin Zielinski, Facebook

Par Mélanie Demers, inf. B. Sc.

Dans la nuit du 5 au 6 juillet 2013, le déraillement d’un train transportant 73 wagons de pétrole brut léger dans la municipalité de Lac-Mégantic a créé une véritable catastrophe. Cela aura, sans contredit, de lourdes conséquences sur les plans humain et environnemental.

L’air que nous respirons

La combustion de ce pétrole aura de grandes conséquences sur la qualité de l’air de la région et sur les taux de maladies associées. En effet, la combustion du pétrole émet plusieurs produits ayant des effets importants sur la santé, dont voici les principaux :

Émissions d’oxydes d’azote :Ellels résultent de tous les processus de combustion et sont néfastes pour les voies respiratoires. De plus, ils contribuent à la formation de l’ozone et des pluies acides.

Émissions de particules : Il s’agit de corps solides microscopiques de différentes compositions. Ces particules sont assez fines pour pénétrer dans les poumons et sont susceptibles de provoquer des maladies respiratoires et du système circulatoire.

Émissions de dioxyde de soufre : Le soufre est un composant naturel du pétrole. Ces émissions s’avèrent néfastes pour les voies respiratoires et constituent le principal élément des pluies acides qui attaquent la végétation.

Émissions d’ozone : Ici, on ne parle pas de l’ozone qui nous protège des rayons du soleil, mais de celui présent près du sol. Il résulte de réactions chimiques se produisant dans l’atmosphère. Les émissions d’ozone sont nuisibles à la santé, étant oxydativescancérigènes et mutagènes.

La dégradation de la qualité de l’air a été associée à l’augmentation des maladies cardiaques, de la mortalité et à d’autres maladies chroniques dans de nombreuses études. Voilà pourquoi des échantillons d’air sont analysés et que des gens sont évacués près du lieu de la combustion du pétrole. Cela peut aussi varier selon la direction des vents.

La protection du sol et des eaux

Les équipes d’Urgence-environnement ont été dépêchées sur les lieux pour tenter de minimiser les impacts environnementaux de ce déversement de pétrole. En effet, le pétrole a atteint le lac Mégantic et la rivière Chaudière, où une dizaine de municipalités s’approvisionnent en eau potable.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que le pétrole est constitué d’hydrocarbures cycliques, un élément naturel du pétrole ayant une très bonne solubilité dans l’eau. Ainsi, ces composés pénètrent très rapidement dans les nappes phréatiques et certains sont cancérigènes. Ainsi, en se déversant dans la rivière qui coule en permanence, les composés du pétrole suivent le cours d’eau et peuvent ainsi le polluer loin en aval et affecter l’approvisionnement en eau potable de municipalités situées à plusieurs kilomètres de la catastrophe.

De plus, ce déversement affectera l’environnement en occasionnant la mort d’animaux.  Plusieurs types de végétation qui contribuent à la purification de l’air seront aussi détruites, ce qui nuira à la décontamination de l’air. En effet, on se rappellera que par le processus de photosynthèse, les végétaux, particulièrement les arbres, absorbent en forte quantité les composés organiques volatils comme les oxydes d’azote. Ils sont reconnus comme des dépollueurs très efficaces.

Références:

Fournier, Josette. Association « Vivre ensemble », [en ligne] http://www.mareenoire.info/enquetes/petrole.htm

Reeves, Dr François (2011). Planète cœur : santé cardiaque et environnement, Éditions du CHU Sainte-Justine et Éditions Multi Mondes, Québec, 200 pages.

Pétrole : produits pétroliers et environnement, 2005, Union pétrolière, Zurich.