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Doit-on désinfecter les jouets?

Par Mélanie Demers, inf. B.Sc.

Les garderies désinfectent les jouets régulièrement. Certains parents le font aussi et d’autres, pas du tout. Quel est le juste milieu? Lorsque l’on sait que plusieurs substances toxiques se retrouvent dans les produits habituellement utilisés pour désinfecter les jouets, il y a de quoi réfléchir.

Quel est le problème?

Les antimicrobiens se retrouvent maintenant dans une quantité croissante de produits utilisés chaque jour, du savon à mains aux produits nettoyants. Cela n’est pas sans conséquence. Plusieurs recherches ont démontré que l’exposition à ces substances est liée à différents problèmes de santé : irritation de la peau, des yeux et du système respiratoire, asthme, allergies, déséquilibres hormonaux et bien d’autres. De plus, la surutilisation des désinfectants contribue au problème de plus en plus fréquent des bactéries résistantes aux antibiotiques.

Les substances dont il faut se méfier

1.    Les agents de blanchiment au chlore

Les agents de blanchiment au chlore  (eau de javel, javellisant, chlore, hypochlorite de sodium) sont utilisés comme désinfectants pour traiter l’eau potable, dans les piscines et pour blanchir la lessive. Ils agissent en détruisant les bactéries et les autres germes ou en les rendant moins nuisibles.

Ces substances chimiques sont considérées comme des irritants potentiels pour les yeux, la peau et le système respiratoire. D’ailleurs, ceux qui les utilisent régulièrement comme produit d’entretien ménager sont beaucoup plus susceptibles de souffrir d’asthme. Elles s’avèrent aussi hautement corrosives, c’est-à-dire qu’elles peuvent causer des dommages permanents aux tissus humains (peau, muqueuses).

Attention! Il ne faut JAMAIS mélanger ces produits avec de l’ammoniaque, du vinaigre ou tout autre produit contenant ces substances. En effet, lors du mélange, il se dégage un gaz très nocif qui peut causer de la toux, une respiration courte, des douleurs à la poitrine, des nausées et plusieurs autres symptômes.

Les empoisonnements causés par ces substances représentent une grande partie des appels dans les centres anti-poison chaque année et plusieurs d’entre eux concernent l’ingestion accidentelle par des enfants.

2.    L’ammoniac

L’ammoniac est un gaz qui peut être dissout dans l’eau pour former de l’ammoniaque liquide, principale forme utilisée dans les produits nettoyants. Il se retrouve surtout dans les nettoyants pour fenêtres et miroirs et dans les autres produits pour les surfaces dures car ils ne laissent pas de traces. L’ammoniaque agit comme désinfectant en augmentant le pH du produit, c’est-à-dire en le rendant plus alcalin, et cela peut tuer certains pathogènes.

Un niveau élevé d’ammoniac dans l’air peut irriter la peau, les yeux, la gorge et les poumons. Et ce niveau peut être atteint en moins de 5 minutes dans un petit espace non ventilé, comme une petite salle de bain sans fenêtre. Donc, il s’avère très important de bien ventiler lors de son utilisation. Le contact de l’ammoniaque avec la peau peut causer des brûlures et avec les yeux, des dommages pouvant aller jusqu’à la cécité.

Comme mentionné plus haut, il ne faut jamais mélanger l’ammoniaque avec un agent de blanchiment au chlore, car ce mélange dégage un gaz très toxique.

3.    Le triclosan et le triclocarban

Le triclosan et le triclocarban sont des substances antimicrobiennes synthétiques souvent ajoutées aux produits ménagers comme le savon à mains et le savon à vaisselle et à de nombreux autres produits de consommation allant du dentifrice  aux déodorants. Ils sont souvent l’ingrédient actif des produits de nettoyage étiquetés « antibactérien », car ils s’avèrent efficaces pour détruire les bactéries. Cependant, ils ne détruisent pas les virus qui sont la cause commune des rhumes et des grippes.

Ces substances agissent comme perturbateurs endocriniens, c’est–à-dire qu’elles peuvent imiter ou affecter l’activité des hormones dans le corps. Par exemple, le triclosan interfère avec certains types de signaux au niveau des cellules du cerveau et du cœur, il réduit les niveaux d’hormones thyroïdiennes chez les rats et il pourrait même augmenter le risque de cancer du sein. De plus, il contribue au développement des bactéries résistantes aux antibiotiques, ce qui peut rendre le traitement de certaines affections beaucoup plus compliqué.

4.    Les composés de l’ammonium quaternaire

Les composés de l’ammonium quaternaire constituent une famille de substances chimiques connues pour leurs propriétés désinfectantes et détergentes. Parmi les produits d’entretien, on les retrouve, entre autres, dans les vaporisateurs désinfectants et les nettoyants à cuvettes. Ils agissent en détruisant les membranes cellulaires des cellules, les rendant efficaces pour tuer plusieurs types de bactéries, quelques virus et des champignons. Les hôpitaux les utilisent fréquemment pour leurs propriétés désinfectantes.

Ces composés constituent de puissants irritants. L’exposition de la peau peut amener une dermatite (démangeaisons de la peau), leur inhalation peut irriter les poumons et diminuer leur fonction, empirer les conditions respiratoires chroniques, contribuer à l’asthme et augmenter les réactions immunitaires aux allergènes.

Certains types d’exposition peuvent aussi avoir des effets négatifs sur la santé reproductive. Dans une étude, un désinfectant contenant des composés de l’ammonium quaternaire a été utilisé pour nettoyer les cages de souris et par la suite, les chercheurs ont vu la fertilité des souris décliner significativement et les malformations à la naissance chez leurs petits, augmenter. Le plus ALARMANT est qu’il a fallu plusieurs mois pour éliminer complètement les résidus de ces composés dans les cages, même après avoir changer de produit pour les nettoyer. Ainsi, utiliser un produit contenant des composés de l’ammonium quaternaire dans une maison ou pour désinfecter les jouets, par exemple, augmente de beaucoup les chances d’exposition à ces substances toxiques dans le temps, même après l’application initiale. Donc, il est préférable d’appliquer le principe de précaution avec les enfants et d’éviter d’utiliser ces produits pour désinfecter les jouets.

5.    Les nanoparticules d’argent

Les nanoparticules d’argent sont constituées d’argent qui a été manipulé et réduit en particules de la grosseur d’une fraction d’un cheveu. Depuis longtemps, l’argent est connu pour ses propriétés antibactériennes. À cette taille, l’argent peut être incorporé des les textiles, les plastiques, les savons, les emballages et bien d’autres produits.

Les nanoparticules d’argent sont toxiques pour les cellules du foie et du cerveau en laboratoire. Cependant, la prolifération récente de leur utilisation dans de nombreux produits augmente leur libération dans l’environnement et par le fait même, notre exposition potentielle. Et, comme il s’agit d’une technologie relativement nouvelle, les effets à long terme de l’exposition à ces particules sont encore inconnus. La prudence s’impose donc.

Conseils de prévention

  • Il est généralement recommandé de nettoyer les jouets les plus utilisés environ une fois par mois.
  • Pour les jouets en tissus, lisez l’étiquette et s’il est lavable, placez-le dans la machine à laver, au cycle délicat, dans une taie d’oreiller.
  • Si le jouet n’est lavable qu’en surface, humidifiez-le avec un linge humide, frottez-le délicatement et faites-le sécher.
  • Pour désodoriser, placez le jouet dans un sac de papier et saupoudrez-le de bicarbonate de sodium. Laissez reposer 30 minutes et secouez délicatement pour enlever les résidus.
  • Pour désinfecter, congelez-les pour 48 heures.
  • Nettoyez les jouets en bois ou en plastique avec de l’eau savonneuse et asséchez-les bien.
  • Pour désinfecter, vaporisez un mélange 50/50 de vinaigre blanc distillé et d’eau, essuyez et séchez.
  • Pour augmenter la vitesse de séchage et ainsi éviter le développement de moisissures, utilisez un séchoir à cheveux.
  • Lorsqu’un enfant est malade, réduisez la quantité de jouets disponibles,  la désinfection s’en trouve ainsi beaucoup réduite.
  • Évitez les produits avec la mention « Danger » ou « Poison ».
  • Utilisez moins de produits : un produit tout usage le dit, c’est pour tous les usages.
  • Achetez des produits dont les ingrédients sont indiqués sur l’étiquette et lisez cette dernière avant de les acheter.
  • Surtout, ne mélangez jamais de produits!

Références :

Environmental Defence (2006). The Toxic nation guide to spring cleaning, http://environmentaldefence.ca/reports/toxic-nation-guide-spring-cleaning [En ligne], page consultée le 11 janvier 2014.

Éthier, Marc Geet (2008). Ménage vert: Se faciliter la vie en la protégeant, Les Éditions du Trécarré, Montréal, 310 pages.

Gorman, Alexandra (2007). Household hazards : Potential hazards of home cleaning products, Women’s Voices for the earth, Missoula, 32 pages, disponible au http://www.womensvoices.org/issues/reports/household-hazards/

Greene, Alan, How to keep toys clean without using toxic chemicals, Born free, http://www.newbornfree.com/tips-and-advice/dr-greene/january-2013/how-to-keep-toys-clean-without-using-toxic-chemica [En ligne], page consultée le 11 janvier 2014.

Scranton, Alexandra (2009). Disinfectant overkill : How too clean may be hazardous to our health, Women’s Voices for the earth, Missoula, 28 pages, disponible au http://www.womensvoices.org/issues/reports/disinfectant-overkill/

Women’s Voices for the earth (2007). What you can do: 7 simple steps to help reduce your exposure to tosic chemicals from household cleaning products, http://www.womensvoices.org/issues/fact-sheets/what-you-can-do/ [En ligne], page consultée le 11 janvier 2014.

La face cachée des jouets

Par Mélanie Demers, inf. B.Sc.

Le travail des enfants est de jouer et cela est essentiel à leur développement. Mais, jouent-ils vraiment en toute sécurité? De quoi doit-on se méfier?

La présence de métaux lourds

La plupart des jouets sont fabriqués en Chine et la législation en ce qui concerne la présence de métaux lourds dans les jouets n’est pas la même qu’au Canada ou dans l’Union Européenne. Il faut donc en tenir compte lorsque l’on achète des jouets fabriqués là-bas.

Le plomb

Le plomb est invisible à l’œil nu et n’a pas d’odeur, mais il peut causer une panoplie d’effets sur la santé. Il est utilisé pour assouplir le plastique et le rendre plus flexible. Cependant, les liens chimiques entre le plomb et le plastique se brisent et forment une poussière susceptible d’être inhalée par les enfants lorsqu’ils sont exposés aux rayons du soleil, à l’air ou à des détergents. De plus, il arrive régulièrement que Santé Canada rappelle des jouets ou des bijoux pour enfants dépassant les limites autorisées pour le plomb.

A) Où le retrouve-t-on?

Dans les jouets, une source fréquente d’exposition est la peinture. Donc, si un enfant mange ou avale un éclat de peinture, cela augmente son risque d’exposition au plomb. On peut aussi le retrouver dans les bijoux pour enfants, les jouets en métal et même les livres et les sacs à lunch.

B) Quels sont ses effets sur la santé?

Un niveau élevé de plomb chez les enfants, s’il n’est pas détecté assez tôt, peut causer de nombreux problèmes de santé : dommages au cerveau et au système nerveux, problèmes d’apprentissage et de comportement comme l’hyperactivité et le déficit d’attention, croissance retardée et ralentie, problèmes d’audition, maux de tête de même que des déficits dans le vocabulaire, la motricité fine, le temps de réaction et la coordination main-œil. Plus tard dans la vie, ils peuvent souffrir d’hypertension artérielle et de maladies rénales. À des niveaux élevés, le plomb peut causer des dommages permanents au cerveau et la mort. De plus, la limite permise de plomb dans les jouets au Canada est de 90 ppm et l’Académie américaine de pédiatrie recommande un maximum de 40 ppm. Donc, lorsqu’un rappel concernant le plomb est publié sur le site de Santé Canada        ( http://www.hc-sc.gc.ca/dhp-mps/advisories-avis/index-fra.php ), il s’avère important de suivre les indications concernant le rappel. Il faut être particulièrement vigilant, car les symptômes associés à l’empoisonnement au plomb ne sont pas immédiatement visibles.

Le cadmium

Le cadmium, comme le plomb, est un métal présent naturellement dans le sol, l’eau, l’air et la poussière. Il n’a pas d’odeur, ce qui le rend difficile à identifier. Plusieurs analystes croient qu’il s’avérait « la solution facile » pour remplacer le plomb dans les bijoux pour enfants. Il est aussi utilisé comme pigment et comme stabilisateur pour le polychlorure de vinyle (PVC). Tout comme le plomb, il est fréquent que Santé Canada rappelle des bijoux ou autres articles contenant des doses élevées de cadmium.

A) Où le retrouve-t-on?

On retrouve principalement le cadmium dans les piles au nickel-cadmium mais aussi dans les bijoux pour enfants et de nombreux autres produits en PVC destinés aux  enfants, incluant les jouets. Une étude a même démontré qu’un bijou endommagé peut libérer jusqu’à 30 fois plus de cadmium qu’un autre, intact.

B) Quels sont ses effets sur la santé?

La plupart des gens sont exposés à de faibles doses de cadmium et n’y voient aucun effet. Cependant, l’exposition à des niveaux élevés de ce métal sur une longue période de temps peut amener une perte osseuse et des fractures. Chez les enfants, il peut retarder le développement du cerveau, amenant des problèmes d’apprentissage mais aussi une diminution du poids de naissance, un retard dans le développement sensorimoteur, des effets au niveau hormonal, des problèmes de comportements et une augmentation de la tension artérielle. Des recherches ont aussi démontré qu’une exposition à long terme peut endommager les reins. Il s’agit aussi d’un carcinogène connu et associé au cancer du poumon et de la prostate. Un jeune enfant qui porte à sa bouche ou mord des jouets ou des bijoux contenant du cadmium est exposé à des doses allant jusqu’à plus de 100 fois les limites maximales recommandées (130 ppm au Canada).

Les phtalates

Les phtalates constituent un groupe de substances chimiques utilisées pour assouplir et augmenter la flexibilité du plastique et du vinyle. En fait, l’industrie du PVC utilise de grandes quantités de phtalates comme additifs pour améliorer la flexibilité de ses produits.

Où les retrouve-t-on?

On retrouve les phtalates dans les produits d’hygiène personnelle comme les lotions à mains, le vernis à ongles, les cosmétiques, les savons, les shampoings, les déodorants et les parfums (fragrances). Ils sont aussi présents dans les revêtements de plancher, l’ameublement, les emballages alimentaires, les jouets, les vêtements, l’intérieur des autos et l’équipement médical.

Quels sont leurs effets sur la santé?

L’impact cumulatif des différentes sortes de phtalates amènent une augmentation exponentielle des problèmes associés.  De plus, selon les données du Center for Disease Control aux États-Unis, les taux de phtalates trouvés chez les humains sont plus élevés que ceux causant des effets indésirables sur la santé dans les études. Les niveaux de phtalates s’avèrent aussi plus élevés chez les enfants. Ainsi, suite à une exposition intra-utérine ou à un stade critique du développement, ils ont été associés à des anomalies des organes sexuels chez les bébés garçons, à des naissances prématurées, à une puberté précoce chez les filles et à une diminution de la quantité de spermatozoïdes chez l’homme.

Quelques conseils de prévention

Références :

Hossain, Nasima (2012). Trouble in toyland : The 27th annual survey of toy safety, U.S. PIRG Education Fund, Washington, 34 pages, disponible à l’adresse suivante: http://uspirgedfund.org/reports/usf/trouble-toyland-2012

Levin, Jenny (2013). Trouble in toyland : The 28th annual survey of toy safety, U.S. PIRG Education Fund, Washington, 41 pages, disponible à l’adresse suivante: http://www.uspirgedfund.org/reports/usf/trouble-toyland-2013

Santé Canada (2012). Guide destiné à l’industrie sur les exigences de Santé Canada en matière de sécurité des jouets pour enfants et des produits connexes, 2012, Ottawa, 29 pages, disponible à l’adresse suivante : http://www.hc-sc.gc.ca/cps-spc/pubs/indust/toys-jouets/index-fra.php

Schade, Michael (2010). Toxic Toys R us: PVC toxic chemicals in toys and packaging, Center for Health, Environment & Justice and International Brotherhood of Teamsters, Washington, 57 pages, disponible à l’adresse suivante: www.chej.org/wp-content/uploads/Documents/2010/ToxicToysRUs.pdf

U.S. PIRG education fund, https://secure3.convio.net/engage/site/SPageServer/?pagename=USP_TS14_tipspage [En ligne], page consultée le 5 décembre 2013