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La prudence s’impose avec les bracelets en élastiques Rainbow Loom

élastiques

Par Mélanie Demers, inf. B.Sc.

Ces petits élastiques aux mille et une couleurs que les enfants tressent pour en faire des bracelets, bagues et même des robes ne sont peut-être pas aussi inoffensifs qu’on pourrait le croire!

Des tests échoués

Un commerçant de jouets au Royaume-Uni, soucieux de vendre des articles de la plus haute qualité aux enfants, a fait analyser différentes marques d’élastiques afin de vérifier s’ils respectaient les normes en vigueur. Cependant, les tests, effectués par un laboratoire indépendant, ont démontré la présence de phtalates dépassant jusqu’à 500 fois la limite autorisée dans les jouets. Les coupables : principalement les produits contrefaits, des élastiques vendus à moindre coût ne correspondant pas aux normes de l’industrie, mais tout de même présents en ligne et dans plusieurs magasins. Fait à noter, l’étude a été réalisée au Royaume-Uni, mais tous les élastiques viennent de Chine… On peut donc présumer que nous avons les mêmes au Canada.

Des quoi?

Les phtalates sont des substances chimiques utilisées pour assouplir et augmenter la flexibilité du plastique, particulièrement du polychlorure de vinyle (PVC). En plus, de leur présence dans les jouets, ils s’avèrent largement présents dans notre quotidien : produits de soins personnels, revêtements de plancher, vêtements, emballages alimentaires…

Les risques associés aux phtalates

En 2011, le gouvernement canadien a adopté un règlement limitant la présence de 6 phtalates dans les jouets, emboîtant ainsi le pas à l’Union Européenne et aux États-Unis. Si la décision de légiférer a été prise c’est qu’il existe suffisamment de preuves laissant croire que les phtalates ont un effet non négligeables sur la santé, particulièrement celle des enfants.

En effet, ils sont considérés comme des perturbateurs endocriniens, c’est-à-dire qu’ils interfèrent avec les différentes hormones du corps, principalement les œstrogènes, la testostérone et les hormones thyroïdiennes. Cela amène plusieurs problèmes de santé à long terme : augmentation du risque de cancer; développement anormal du cerveau chez le fœtus, le nouveau-né et le jeune enfant; puberté précoce, infertilité, malformations congénitales du système reproducteur masculin… Bref, les enfants exposés aux phtalates aujourd’hui en subiront les conséquences dans 20 ou 30 ans, mais celles-ci seront bien réelles.

D’ailleurs, il faut rester prudent, un lot d’élastiques contrefaits peut indiquer qu’il répond aux normes même si ce n’est pas véridique. De plus, selon la porte-parole du bureau d’évaluation, Marion Wilson, il y a aussi de fortes chances que les lots authentiques contiennent des quantités similaires de substances chimiques.

Les autres effets sur la santé

Plusieurs réactions allergiques ont aussi été rapportées suite au port de ces élastiques. De plus, ils peuvent agir comme un garrot, comprimant ainsi les petites artères et empêchant le sang de se rendre aux doigts. D’ailleurs, en juin 2014, un jeune garçon s’est endormi avec des élastiques trop serrés et a failli y perdre des doigts.

Les effets sur les animaux

Il y a aussi des risques si votre animal de compagnie ingère ces petits élastiques. Cela peut occasionner une obstruction intestinale, des maux d’estomac et même, une rupture au niveau des intestins. Il est même arrivé qu’un de ces élastiques doive être enlevé chirurgicalement de l’estomac d’un animal.

Et l’environnement, dans tout ça?

Bien entendu, ces petits élastiques ne sont pas biodégradables et on en retrouve un peu partout, tant sur les trottoirs que dans les lieux publics. En effet, ils cassent facilement et les gens ne pensent pas aux conséquences que peut avoir un si petit élastique jeté dans l’environnement. Il faut aussi penser aux autres animaux qui peuvent les ingérer…

Conseils de prévention

Il est certain que la meilleure façon de contrer ces risques est d’inciter vos enfants à faire autre chose pendant leur passe-temps… des bracelets en fil à broder, par exemple, s’ils veulent absolument continuer à confectionner des bracelets!

  • Évitez que les enfants en bas de 3 ans jouent avec ces élastiques, ils pourraient les avaler.
  • Empêchez vos enfants de porter ce type de bracelets à leur bouche.
  • Avisez vos enfants de ne pas jeter ces élastiques dans la nature.
  • Assurez-vous que ces élastiques soient garder hors de la portée des animaux domestiques.

Références :

Anderson, N. (2014). Cheaper loom bands ‘’could pose cancer risk’’, http://www.independent.ie/irish-news/health/cheaper-loom-bands-could-pose-cancer-risk-30500068.html [En ligne], page consultée le 22 août 2014.

Butler, K. (2014). Are your Kids’ Rainbow Bracelets Toxic?, http://www.motherjones.com/blue-marble/2014/08/rainbow-loom-bracelets-phthalates-cancer-risk [En ligne], page consultée le 22 août 2014.

Emery, M. (2014). Santé : attention aux Rainbow Loom, http://www.bioaddict.fr/article/sante-attention-aux-rainbow-loom-a4548p1.html [En ligne], page consultée le 22 août 2014.

Leroux, R. (2014). Attention aux contrefaçons des ensembles Rainbow Loom, http://www.protegez-vous.ca/loisirs-et-famille/attention-aux-contrefacons-des-ensembles-rainbow-loom.html[En ligne], page consultée le 22 août 2014.

Villanueva, R. (2014). Rubber loom bands dangerous to pets, http://www.philstar.com/headlines/2014/06/23/1337975/rubber-loom-bands-dangerous-pets [En ligne], page consultée le 22 août 2014.

Worry sparked following new loom band research, http://www.mummypages.ie/worry-sparked-following-new-loom-band-research [En ligne], page consultée le 22 août 2014.

Une autre étude appuyant lien entre environnement et le cancer

Mélanie Demers, inf. B.Sc.

Une récente étude vient appuyer l’association entre certains groupes de substances courantes dans notre environnement et le cancer, notamment le cancer du sein. Voici donc, en bref, ces substances et des moyens de s’en protéger.

1,3-Butadiène

Le 1,3-butadiène résulte d’une combustion incomplète survenant pendant un processus naturel ou lors de l’activité humaine. Sa présence dans l’environnement provient principalement des vapeurs d’essence, des gaz d’échappement des voitures, de la fumée de tabac et du chauffage de certaines huiles de cuisson.

Acrylamide

L’acrylamide se forme pendant la transformation ou la cuisson à haute température de certains aliments, habituellement d’origine végétale, ayant une forte teneur en glucides et contenant peu de protéines. On le retrouve dans certains aliments cuits, la fumée de tabac, les sous-produits de traitement des eaux usées et dans certains autres produits de consommation.

Amines aromatiques

Les amines aromatiques sont des substances solides ou liquides utilisées dans la synthèse de colorants, de produits pharmaceutiques, dans l’industrie du caoutchouc et des plastiques. Les plus dangereuses, selon l’étude, se retrouvent dans la mousse de polyuréthane, les scellants, certaines implants mammaires, les teintures à cheveux et à vêtements. Ils sont aussi utilisées dans les peintures, les encres d’impression et dans l’industrie alimentaire.

Benzène

Le benzène est un liquide volatil, transparent, inflammable et incolore à la température ambiante. Sa présence dans l’environnement provient de l’essence, des gaz d’échappement des voitures, de la fumée tabagique et de certains solvants.

Solvants organiques halogénés

Les solvants organiques halogénés, dont le chlorure de méthylène, sont habituellement des liquides clairs et incolores, hautement volatil et ininflammable à la température ambiante. On les retrouve dans les produits de nettoyage à sec, les détachants, les colles, les décapants à peinture et les aérosols.

Oxyde d’éthylène et de propylène

Ces produits servent d’intermédiaire dans la fabrication de différents produits chimiques. On les retrouve dans la fumée de tabac, dans le processus de stérilisation médicale, les gaz d’échappement des voitures et la peinture.

Apprêts ignifuges

Les apprêts ignifuges et leurs produits de dégradation mentionnés dans l’étude se retrouvent principalement dans les mousses et les plastiques.

Amines hétérocycliques

Les amines hétérocycliques sont formées par le dépôt de la fumée de la combustion incomplète de matière organique et sont générés lorsque des combustibles fossiles ou de la végétation sont brûlés. La source principale d’exposition est la viande grillée.

Hormones et perturbateurs endocriniens

Les hormones synthétiques et perturbateurs endocriniens ont aussi été associés au cancer. On retrouve ici les hormones pharmaceutiques de même que des produits de consommation courante et des substances chimiques commerciales ayant des activités hormonales.

PFOA et autres composés perfluorés

Les composés perfluorés sont des produits chimiques synthétiques utilisés dans plusieurs produits de consommation et industriels. Ils sont présents dans les revêtements à l’épreuve des graisses, de l’eau et des taches en plus de contaminer l’eau potable.

Styrène

Le styrène est un hydrocarbure aromatique monocyclique liquide et incolore à la température ambiante. On le retrouve dans les matériaux de construction et les produits de consommation fait de polystyrène, dans l’air intérieur, la fumée tabagique et les emballages alimentaires en polystyrène.

Conseils de prévention

Voici quelques conseils pour diminuer votre exposition à ces substances.

  • Filtrez votre eau avec un filtre au charbon.
  • Utilisez la hotte de cuisinière pendant la cuisson afin de réduire l’inhalation de fumée.
  • Réduisez votre consommation d’aliments carbonisés.
  • Limitez l’exposition aux vapeurs d’essence et aux gaz d’échappement des voitures.
  • Réduisez l’accumulation de substances chimiques à l’intérieur de la maison en retirant ses chaussures à l’entrée, en passant régulièrement l’aspirateur et une vadrouille humide sur les planchers.
  • Évitez les nettoyages à sec avec du perchloroéthylène ou autres solvants.
  • Évitez les tissus, les meubles et les tapis anti-taches.

Réduire l’exposition à ces substances pourrait avoir un impact positif sur la réduction du taux de cancer du sein, en particulier.

Références :

Cancer environnement (2014). Amines aromatiques, http://www.cancer-environnement.fr/319-Amines-aromatiques.ce.aspx [En ligne], page consultée le 27 mai 2014.

Rudel, Ruthann A. et al. (2014). New Exposure Biomarkers as Tools For Breast Cancer Epidemiology, Biomonitoring, and Prevention: A Systematic Approach Based on Animal Evidence, Environmental Health Perspective. Disponible au http://ehp.niehs.nih.gov/1307455/ [En ligne].

Santé Canada, Aliments et nutrition : Acrylamide, http://www.hc-sc.gc.ca/fn-an/securit/chem-chim/food-aliment/acrylamide/index-fra.php [En ligne], page consultée le 27 mai 2014.

Santé Canada (1993). Benzène, http://www.hc-sc.gc.ca/ewh-semt/pubs/contaminants/psl1-lsp1/benzene/index-fra.php [En ligne], page consultée le 27 mai 2014.

Santé Canada (1993). Dichlorométhane, http://www.hc-sc.gc.ca/ewh-semt/pubs/contaminants/psl1-lsp1/dichloromethane/index-fra.php [En ligne], page consultée le 27 mai 2014.

Santé Canada (2000). Liste des substances d’intérêt prioritaire, rapport d’évaluation : 1,3-butadiène, http://www.hc-sc.gc.ca/ewh-semt/pubs/contaminants/psl2-lsp2/1_3_butadiene/index-fra.php[En ligne], page consultée le 27 mai 2014.

Santé Canada (2001). Liste des substances d’intérêt prioritaire, rapport d’évaluation pour oxyde d’éthylène, http://www.hc-sc.gc.ca/ewh-semt/pubs/contaminants/psl2-lsp2/ethylene_oxide/index-fra.php [En ligne], page consultée le 27 mai 2014.

Santé Canada, Questions et réponses sur la présence des PFC dans les aliments, http://www.hc-sc.gc.ca/fn-an/securit/chem-chim/environ/pcf-cpa/qr-pcf-qa-fra.php [En ligne], page consultée le 27 mai 2014.

Santé Canada (1993). Styrène, http://www.hc-sc.gc.ca/ewh-semt/pubs/contaminants/psl1-lsp1/stryene/index-fra.php [En ligne], page consultée le 27 mai 2014.

Une grossesse en santé dans un environnement sain – deuxième partie

Par Mélanie Demers, inf. B.Sc.

Pour vivre une grossesse en santé dans un environnement sain, changer quelques gestes quotidiens peut faire toute la différence. Voici d’autres éléments à considérer afin de sécuriser l’environnement de la femme enceinte et, par la suite, celui de bébé.

Évitez les produits antibactériens

L’utilisation de plus en plus répandue des produits antibactériens contribue certainement à l’augmentation des bactéries résistantes aux antibiotiques ou superbactéries. De plus, vivre dans un endroit aseptique peut aussi contribuer à affaiblir le système immunitaire, car il rencontre très peu de « microbes » contribuant à le renforcer. Le triclosan, un antibactérien présent dans de nombreux produits, du rince-bouche au savon à main, en passant par les chaussettes, a été retrouvé dans l’urine de 75% des Américains et dans celle de nombreux Canadiens. Le triclosan est reconnu comme étant un perturbateur endocrinien car il inhibe l’action des oestrogènes nécessaires à une grossesse en santé. Des études l’ont aussi associé à des dommages au système nerveux du fœtus, à un faible poids à la naissance et à un dysfonctionnement de la thyroïde. Donc, fuyez tout ce qui porte la mention « antibactérien » ou « combat les odeurs », car ils risquent fort de contenir du triclosan. Soyez rassurés : un lavage des mains régulier et bien fait s’avère tout aussi efficace pour enlever les germes que les savons antibactériens.

Éliminez les pesticides

Les pesticides sont des substances chimiques toxiques destinées à tuer des êtres vivants : insectes, mauvaises herbes, champignons. Alors, inutile de dire qu’ils sont aussi capables de causer des dommages in utero. L’exposition prénatale aux pesticides peut affecter la croissance crânienne et la circonférence de la tête, altérer le développement neurologique, causer des anomalies uro-génitales, de même que des malformations circulatoires, respiratoires et musculosquelettiques. Donc, pendant la grossesse, évitez les pesticides de toutes sortes, incluant ceux utilisés pour la pelouse. Dans le cas d’une infestation à l’intérieur de la maison, utilisez la méthode la moins toxique pour l’éradiquer et n’oubliez pas que la prévention demeure l’option à privilégier, entre autre, en gardant la cuisine propre.

Évitez la manipulation du papier thermique

Le papier thermique est utilisé pour les reçus de caisse, de carte de crédit et autres de même que dans certains télécopieurs et autres appareils du même type. On peut le reconnaître facilement : l’encre utilisé sur ce type de papier disparaît avec le temps. En outre, il contient souvent un perturbateur endocrinien appelé bisphénol A (BPA) qui est facilement absorbé par la peau. Selon les études, l’exposition prénatale au BPA peut perturber le développement, affecter la croissance, causer des problèmes comportementaux et émotifs chez les jeunes enfants et provoquer l’asthme et le cancer du sein plus tard dans la vie. De plus, il a été associé à un risque plus élevé d’avortement spontané. Étant donné son omniprésence, il est pratiquement impossible de l’éviter complètement, mais l’exposition peut être minimisée.

  • Si vous n’avez pas besoin du reçu, ne le prenez pas.
  • N’entreposez pas vos reçus dans votre sac à main, placez-les plutôt dans une enveloppe.
  • Lavez vos mains après avoir manipulé des reçus ou de l’argent, particulièrement avant de manger.
  • Évitez d’utiliser un désinfectant pour les mains après avoir manipulé des reçus, car il augmente l’absorption du BPA.

Enlevez vos tapis, si possible

Les tapis, qu’ils soient en mousse ou non, sont habituellement traités avec des produits ignifuges. En fait, près de 90% d’entre eux contiennent un ou plusieurs produits ignifuges considérés toxiques. Parmi ceux-ci, les polybromodiphényléthers (PBDE) sont suspectés d’altérer les hormones thyroïdiennes chez la femme enceinte, ce qui peut amener des plus petits fœtus ainsi qu’une diminution de l’intelligence et des habiletés motrices. Ils ont aussi été associés à des retards neurodéveloppementaux. Les tapis ont souvent tendance à se désagréger et la poussière qu’ils créent se trouve chargée de produits ignifuges. Évidemment, le retrait des tapis n’est pas une tâche pour une femme enceinte et demande certaines précautions afin d’éviter la dispersion excessive des poussières. Surtout, n’oubliez pas de bien nettoyer l’espace lorsque le travail est terminé. Pour les pièces dont le revêtement de plancher est le tapis, investissez dans un bon aspirateur, idéalement avec un filtre HEPA qui empêche la poussière de revenir dans l’air ambiant, et passez-le régulièrement.

Références :

Healthy Child Healthy World (2014). Easy Steps to a Safer Pregnancy: A guide to protecting your growing baby from toxic chemicals, California, 53 pages. Disponible au http://healthychild.org/its-an-e-book-welcome-to-our-new-healthy-pregnancy-e-book/ [En ligne].

Santé Canada (2013). Deuxième rapport sur la biosurveillance humaine des substances chimiques de l’environnement au Canada : Résultats de l’Enquête canadienne sur les mesures de santé Cycle 2 (2009 à 2011), Ottawa, 456 pages. Disponible au www.santecanada.gc.ca/biosurveillance

Une grossesse en santé dans un environnement sain – première partie

Par Mélanie Demers, inf. B.Sc.

La grossesse s’avère une période cruciale pour la santé du bébé en devenir. En effet, le corps de la femme constitue son premier environnement, mais aussi la source de tout ce qu’il a besoin pour grandir et se développer. De plus, l’exposition au mauvais polluant au mauvais moment risque de provoquer des changements développementaux qui peuvent parfois s’avérer permanents chez l’enfant. Voici donc une série d’articles tirés du document « Easy Steps to a Safer Pregnancy » pour assainir votre environnement avant l’arrivée de bébé.

Époussetez souvent

La poussière est le lieu de repos de plusieurs toxines introduites dans nos maisons. Ainsi, lorsque bébé commence à ramper dans les rouleaux de poussière, et qu’il porte ses mains à sa bouche, il est exposé à de nombreux contaminants et ce, jusqu’à 40 fois plus que les adultes. Ainsi, passer l’aspirateur régulièrement et laver les planchers en plus d’épousseter les meubles avec un chiffon humide en élimine une grande partie. Un plumeau en laine d’agneau permet aussi d’atteindre les zones éloignées de façon efficace. Il est possible d’en trouver dans les magasins à grande surface. Cependant, évitez les plumeaux synthétiques qui ne font que remuer la poussière.

Purifiez l’air

L’air intérieur est généralement 2 à 5 fois plus pollué que l’air extérieur. En effet, les maisons sont de plus en étanches et les toxines s’y accumulent : vapeurs de produits nettoyants, ameublement, matériaux de construction, etc. en plus des polluants provenant de l’extérieur. En fait, la pollution de l’air intérieur se classe parmi les 5 risques environnementaux les plus importants en santé publique. Maintenir la qualité de l’air intérieur s’avère relativement simple :

  • Ouvrez les fenêtres régulièrement, même en hiver (10 minutes au lever et 10 minutes au coucher).
  • Évitez les produits chimiques ayant une forte odeur.
  • Évitez les purificateurs d’air qui contiennent des fragrances qui polluent plus qu’elles ne le purifient.
  • Laissez les vêtements nettoyés à sec quelques jours dans le garage ou à l’extérieur pour que les vapeurs s’échappent ailleurs que dans la maison ou évitez le nettoyage à sec.
  • Utilisez un détergent pour lave-vaisselle sans chlore.
  • Évitez les nouveaux meubles fabriqués à partir de contreplaqué ou de panneaux de particules.
  • Évitez les produits de soins personnels, les détergents à lessive, les chandelles parfumées… contenant des fragrances synthétiques.

Éliminez le plomb

Le plomb est un contaminant bien connu à l’intérieur des maisons. On le retrouve dans les peintures appliquées avant 1979, la poussière, l’eau potable, les médicaments traditionnels importés, les bijoux pour enfants de moindre qualité, certains accessoires de pêche, etc. Une femme enceinte ne doit jamais faire de rénovation lorsqu’elle suspecte que la peinture de sa maison peut contenir du plomb. Pour le reste, des alternatives sont facilement disponibles.

Évitez le polychlorure de vinyle (PVC)

Le PVC contient des phtalates afin de les rendre flexibles. Cependant, les recherches indiquent que l’exposition prénatale aux phtalates peut interférer avec la production de testostérone et le développement du système reproducteur en plus d’avoir des effets néfastes sur le développement mental, moteur et comportemental au cours de la petite enfance. De surcroît, les phtalates ne sont pas liés chimiquement aux produits qui les contiennent, donc ils peuvent être libérés et s’évaporer dans l’air et dans la poussière de maison. Ainsi, pour les tenir à l’écart, il faut éviter d’utiliser des produits en vinyle ou en plastique avec l’indication « PVC », « V » ou « 3 » dans le symbole de recyclage. Le PVC fait partie intégrante de notre vie et il s’avère assez commun : rideaux de douche, revêtements de plancher, papiers peints, imitations du cuir, produits gonflables, câbles électroniques, chaussures, sac à dos, jouets en plastique mou, anneaux de dentition, tuyaux d’arrosage… La plupart du temps, des versions sans PVC sont disponibles. Pour les planchers recouverts de vinyle, il faut les laver fréquemment et s’assurer qu’ils ne sont pas exposés directement à la lumière du soleil car ce dernier les réchauffe et il y a ainsi libération de phtalates beaucoup plus rapidement.

Les composés perfluorés

Les composés perfluorés sont des matériaux utilisés pour rendre les poêlons antiadhésifs, les emballages alimentaires à l’épreuve des graisses, dans les produits antitaches et bien d’autres. Tout comme les phtalates dans le PVC, les composés perfluorés s’échappent souvent des produits qui les contiennent. De plus, ils ont été associés à un plus petit poids à la naissance, une tête de plus petite taille et des taux d’hormones thyroïdiennes maternelles plus faibles, ce qui peut amener des habiletés motrices réduites, des difficultés d’apprentissage, une diminution du quotient intellectuel, des problèmes du déficit de l’attention et des problèmes de socialisation chez les jeunes enfants. Afin d’éviter les composés perfluorés :

  • Échangez vos poêlons antiadhésifs contre de la fonte ou de l’acier inoxydable.
  • Évitez le fast-food qui est habituellement dans des contenants recouverts de composés perfluorés.
  • Évitez aussi d’appliquer des produits hydrofuges ou antitaches sur les tissus d’ameublement, les tapis ou les vêtements.
  • Utilisez une soie dentaire non cirée, la cire contenant souvent des composés perfluorés.
  • Évitez d’utiliser des assiettes de carton ciré.

Références :

Costner, P. et al. (2005). Sick of dust : Chemicals in common products – A needless health risk in our homes, 50 pages. Disponible au http://www.cleanproduction.org/resources/entry/sick-of-dust [En ligne].

Geet Ethier, Marc (2008). Ménage vert: Se faciliter la vie en la protégeant, Montréal, Éditions du Trécarré, 310 pages.

Healthy Child Healthy World (2014). Easy Steps to a Safer Pregnancy: A guide to protecting your growing baby from toxic chemicals, California, 53 pages. Disponible auhttp://healthychild.org/its-an-e-book-welcome-to-our-new-healthy-pregnancy-e-book/ [En ligne].

Santé Canada (2009). Trousse d’information sur le plomb – Questions couramment posées sur l’effet de l’exposition au plomb sur la santé humaine, http://www.hc-sc.gc.ca/ewh-semt/contaminants/lead-plomb/asked_questions-questions_posees-fra.php#a21 [En ligne], page consultée le 9 février 2014.

Thibault, N., Jouer dehors, bon ou mauvais pour les infections?, http://www.educatout.com/edu-conseils/sante-hygiene/systeme-immunitaire-et-infections/jouer-dehors-bon-ou-mauvais-pour-les-infections.htm [En ligne], page consultée le 31 mars 2014.

La santé environnementale et les enfants

Par Mélanie Demers inf. B.Sc.

On me demande souvent ce qu’est la santé environnementale et pourquoi cibler les enfants en particulier. Plusieurs personnes me disent que tout semble dangereux et qu’il est donc irréaliste de tout éliminer et de voir les choses de façon positive. Vous trouverez ici une façon de répondre à toutes ces interrogations.

Qu’est-ce que la santé environnementale?

En 2004, la santé environnementale a été définie par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme « tous les aspects englobant la santé humaine, y compris la qualité de vie, qui sont déterminés par les facteurs physiques, chimiques, biologiques, sociaux et psychosociaux de l’environnement. L’expression désigne aussi la théorie et la pratique qui consistent à évaluer, corriger, contrôler et prévenir les facteurs environnementaux pouvant avoir un effet sur les générations présentes et futures. »

Selon cette définition, le champ de pratique en santé environnementale est assez large. Il peut toucher l’exposition en milieu de travail, les conditions socio-sanitaires lors de catastrophes naturelles, les changements climatiques… mais aussi les risques présents dans notre environnement de tous les jours et qui peuvent affecter la santé. Par conséquent, cela touche l’air intérieur, les cosmétiques et produits de soins personnels, les produits nettoyants, l’alimentation, etc.

Pourquoi la santé environnementale?

Depuis les 50 dernières années, le cancer et les maladies chroniques sont devenues des maladies de plus en plus fréquentes et constituent l’épidémie des temps modernes. D’ailleurs, l’OMS estime que 19% de tous les cancers à l’échelle mondiale peuvent être attribués à l’environnement et cela, sans compter ceux dont l’environnement fait partie des éléments contribuant au cancer. De plus, on remarque aussi une incidence accrue de problèmes neuro-comportementaux chez les enfants tels que les troubles envahissants du développement, l’autisme, l’hyperactivité

De plus, des dizaines de milliers de substances chimiques ont été créées et introduites dans notre environnement et très peu ont été étudiées pour voir leurs effets sur la santé humaine. Par exemple, aux États-Unis, 89% des 12 500 ingrédients utilisés dans les produits de soins personnels n’ont pas été évalués quant à leur sécurité. De plus, des analyses de sang effectuées sur des centaines de personnes en Amérique du Nord ont révélé la présence de 116 substances chimiques toxiques différentes. Ainsi, n’est-il pas étonnant que le cancer, entre autres, soit maintenant si présent?  Dans les années 1970, une personne sur 5 courait le risque de développer un cancer pendant sa vie. Aujourd’hui, il est d’environ une personne sur 2,5.

Ainsi, en tant qu’infirmière, mon rôle consiste, entre autres, à informer et communiquer les risques liés aux dangers environnementaux. En effet, je crois fermement que chaque personne doit prendre sa propre santé en main, car le système de santé actuel s’avère très surchargé et qu’il est beaucoup plus axé sur le traitement des maladies. La pratique préventive est émergente au Québec et la santé environnementale, pratiquement inconnue. Donc, mon but est d’informer sur les risques présents dans l’environnement et de responsabiliser les gens afin qu’ils prennent leur santé en main.

De plus, j’essaie toujours de conclure mes articles sur une note positive en donnant des conseils de prévention simples et efficaces, car, à mon avis, la prévention est beaucoup mieux que le traitement. Cependant, je ne dis pas qu’en suivant mes conseils, plus personne ne souffrira de cancer, mais, si cela arrivait, le système de santé public serait là pour les traiter et, je l’espère, dans des délais raisonnables.

Pourquoi les enfants?

Face à cette exposition aux substances chimiques, il est indéniable que les enfants constituent le groupe le plus à risque. En effet, les jeunes enfants respirent plus d’air, consomme plus de nourriture et boivent plus d’eau par kilogramme de poids corporel que les adultes et cela augmente leur exposition relative aux substances chimiques présentes dans l’environnement. De plus, leur cerveau, leur système nerveux et leurs organes sont en développement de même que la barrière empêchant les substances chimiques de passer du sang au cerveau. Et, comme on sait qu’habituellement, un cancer se développe après 20 à 30 ans d’exposition, il s’avère doublement utile de protéger les enfants.

Les bébés ingèrent aussi des produits conçus pour un usage externe seulement en mettant leurs doigts, leurs mains, leurs orteils, leurs jouets et d’autres objets dans leur bouche. Finalement, la peau des bébés s’avère beaucoup plus perméable que celle des adultes.

De plus, l’arrivée d’un nouveau-né amène souvent les parents à se questionner quant aux soins à donner à leur enfant, mais aussi à remettre en question leurs façons de faire. En effet, quel parent ne veut pas ce qu’il y a de mieux pour son enfant? Cet événement représente donc une belle occasion pour apporter des changements au niveau des habitudes de vie et de prendre en charge sa santé et celle de son enfant.

Tout est dangereux?

Lorsque l’on commence à découvrir toutes les substances toxiques présentes dans les produits de consommation courante, il est normal d’avoir l’impression que tout est dangereux. Cependant, les changements suggérés n’ont pas besoin d’être opérés tous en même temps. Par exemple, on termine la bouteille du shampoing actuel et on regarde la liste des ingrédients lorsque l’on achète la suivante. Puis, petit à petit, vous éliminerez de nombreux produits d’usage courant qui contenaient des substances toxiques.

Il n’est pas obligatoire de tout éliminer, de toute façon ce serait difficile. Cependant, lorsque l’on veut prendre sa santé en main, il faut faire des choix éclairés. En effet, le corps possède une certaine capacité pour se détoxiquer. Or, il est un peu comme un verre d’eau qui se remplit jusqu’à ce qu’il déborde. Cela signifie qu’il a le pouvoir d’éliminer certaines substances chimiques par lui-même, mais au fil du temps, si l’exposition est plus importante que l’élimination, les problèmes de santé apparaîtront.

Des changements coûteux?

Oui, il y a des actions qui peuvent paraître coûteuses à certains égards. Par contre, il faut considérer cela comme un investissement à long terme pour notre santé, mais aussi pour la société dans laquelle nous vivons. En effet, quel est le coût d’une maladie chronique telle que le cancer? En plus du coût monétaire, il faut calculer la diminution de la qualité de vie parfois pendant plusieurs années, les souffrances tant physiques que psychologiques, les traitements, les médicaments…

De plus, si les gens font des efforts collectifs et décident d’acheter des aliments biologiques, par exemple, les prix baisseront. C’est le principe de l’offre et de la demande : plus il y a de demandes pour un produit, plus les fabricants en offriront et plus les prix diminueront. De plus, il ne faut pas oublier qu’acheter, c’est voter. Cela signifie que si vous cessez d’acheter un produit parce qu’il contient trop de substances nocives, la compagnie n’aura pas d’autre choix que changer la formulation de son produit lorsqu’elle verra ses ventes diminuer. Un autre moyen de faire pression sur l’industrie : les pétitions. En effet, elles ont permis d’éliminer plusieurs substances toxiques dans les produits de Procter & Gamble, Johnson & Johnson, Zara, Levis et plusieurs autres. L’opinion des consommateurs s’avère souvent très importante pour les compagnies et les forcent souvent à effectuer des changements.

En conclusion, je veux informer les gens sur les dangers qui peuvent avoir des répercussions plus ou moins graves au cours de leur vie afin qu’ils interviennent positivement AVANT la maladie.

Références :

Association des infirmières et infirmiers du Canada (2009). Énoncé de position : Les infirmières et la santé environnementale, Ottawa, http://www.cna-aiic.ca/fr/search-results?q=%C3%A9nonc%C3%A9%20de%20position%20les%20infirmi%C3%A8res%20et%20la%20sant%C3%A9%20environnementale&lcid=3084 [En ligne], page consultée le 20 novembre 2013.

Environment & Human health inc. (2008). Plastics that may be harmful to children and reproductive health,North haven, 81 pages.

Environmental Working Group (2008). Comments for public meeting on “International cooperation on cosmetics regulations (ICCR) preparations”, http://www.ewg.org/news/testimony-official-correspondence/comments-public-meeting-international-cooperation-cosmetics [En ligne], page consultée le 20 novembre 2013.

Griffin, Sean (2008). Diminuez les risques de cancer: Guide du consommateur averti, Cancersmart, Montréal, 51 pages.

Organisation mondiale de la Santé (2011). Cancers dus à l’environnement et au milieu professionnel, http://who.int/mediacentre/factsheets/fs350/fr/ [En ligne], page consultée le 20 novembre 2013.

Silver, Larry B. (2007). Practice Prevention: Baby Care Products, Learning and Developmental Disabilities Initiative, http://www.healthandenvironment.org/initiatives/learning/r/prevention [En ligne], page consultée le 6 septembre 2013.