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Votre enfant résiste-t-il aux antibiotiques?

Par Mélanie Demers, inf. B.Sc.

Votre enfant a besoin de 2 séries d’antibiotiques pour traiter une otite. Il a besoin d’antibiotiques plus puissants pour traiter une pneumonie. Comment cela se fait-il? Pourquoi la pénicilline n’est-elle plus aussi efficace?

Qu’est-ce que la résistance aux antibiotiques?

On dit qu’il y a résistance lorsqu’un antibiotique est inefficace pour traiter un problème de santé qui, normalement, aurait dû l’être efficacement avec cet antibiotique. On parle alors de bactérie résistante aux antibiotiques (ou antimicrobiens) ou superbactérie.

La mauvaise utilisation des antibiotiques

Tout d’abord, l’utilisation inadéquate des antibiotiques s’avère un des principaux facteurs contribuant à cette résistance. En effet, bien que les médecins soient de plus en plus sensibilisés à ce phénomène, il est souvent arrivé, par le passé, et parfois même encore aujourd’hui, qu’un antibiotique soit prescrit pour une infection virale. Or, il s’avère tout à fait inefficace contre un virus. Pour combattre ce dernier, seul le système immunitaire peut y arriver et parfois, dans certains cas très précis, les antiviraux. Ainsi, les antibiotiques sont inefficaces pour traiter des infections virales telles que le rhume, la grippe, l’écoulement nasal ou le mal de gorge.

La banalisation

Par ailleurs, la prise d’antibiotiques est devenue si banale qu’on oublie parfois de considérer leur efficacité. Voilà pourquoi il arrive parfois que des parents insistent pour avoir une prescription d’antibiotiques lorsqu’ils consultent un médecin avec leur enfant, même si on leur dit qu’il n’en a pas besoin parce qu’il s’agit d’un virus. Souvent, ils veulent la prescription immédiatement pour éviter les complications et l’attente lors d’un rendez-vous ultérieur, si nécessaire. Finalement, certains parents exigent un antibiotique pour prévenir les complications et sauver du temps… mais ne savent pas le préjudice que cela peut causer à leur enfant.

Les traitements non complétés

De plus, lorsqu’un traitement n’est pas complété, il y a aussi des conséquences. En effet, certains arrêtent le traitement antibiotique lorsqu’ils se sentent mieux et ne voient pas l’utilité de le poursuivre. Or, s’il se sentent mieux, c’est que la bactérie ne sécrète plus sa toxine (ce qui cause la maladie), mais cela ne signifie pas qu’elle est complètement éradiquée. Ainsi, cesser la prise de l’antibiotique avant la fin de la période de traitement permet aux bactéries de s’adapter aux concentrations d’antibiotiques restantes dans le sang. De plus, cela risque de nécessiter un autre traitement antibiotique dans les semaines suivantes car la bactérie aura repris de la vigueur.

Les antibiotiques non prescrits et non utilisés

Parfois, le médecin ou le pharmacien vous avise que si les symptômes ne se sont pas améliorés pendant les premières 48 heures après le début de la prise de l’antibiotique, il faudra consulter à nouveau puisqu’il est inefficace. Par conséquent, il en restera une partie inutilisée. Que font certaines personnes avec ce reste de médicament? Lorsqu’elles-même ou une personne de leur entourage sera malade, ils la traiteront avec le reste de cet antibiotique. Mais, encore là, la durée de traitement sera inappropriée ou l’origine de l’infection ne sera pas bactérienne et cela contribuera, encore une fois, à la résistance aux antibiotiques.

Les antibiotiques dans la viande

Les conditions d’élevage des animaux dans des endroits clos et de proximité les rend plus à risque de contracter des infections, nécessitant la prise d’antibiotiques pour prévenir et traiter ces dernières. Or, au fil des ans, les producteurs ont aussi réaliser le potentiel de croissance que les antibiotiques offraient. Ainsi, certains d’entre eux, aussi utilisés pour traiter les humains sont ajoutés quotidiennement dans la nourriture des animaux. Mais, certains résidus de ces substances s’accumulent dans les tissus des bêtes que nous mangeons, nous y exposant aussi, par le fait même. Et les conséquences de tout ça? Elles restent encore inconnues pour la santé humaine, mais pourraient contribuer à la résistance aux antibiotiques. Elles sont cependant indéniables pour les producteurs qui réalisent de gros profit$.

Les produits antibactériens

Les antimicrobiens se retrouvent maintenant dans une quantité croissante de produits utilisés quotidiennement, du savon à mains aux produits d’entretien ménager. En effet, ceux-ci sont destinés à détruire les bactéries créant ainsi un environnement où leur nombre se trouve réduit au minimum. D’une part, pour développer un système immunitaire sain, un enfant DOIT être exposé à certains microbes lors de moments critiques de son développement. Mais, si tout est aseptisé dans son environnement, son système immunitaire ne saura pas faire la différence entre les bonnes et les mauvaises bactéries et sera donc beaucoup moins efficace. D’autre part, l’exposition constante des bactéries à des produits antibactériens leur permettra de modifier leur code génétique afin de survivre à ces produits, les rendant aussi beaucoup plus difficile à détruire avec des antibiotiques lors d’une infection.

L’importance de la résistance aux antibiotiques

Il s’avère vraiment important de prévenir la résistance aux antibiotiques qui atteint des proportions inquiétantes, surtout dans les établissements de santé, car aucune nouvelle classe d’antibiotiques n’a été découverte au cours des 25 dernières années. Ainsi, les bactéries deviennent résistantes rapidement alors que les traitements existants s’avèrent inefficaces et que les recherches progressent beaucoup moins rapidement que le code génétique des bactéries. En fait, si la situation continue à évoluer, on risque de ne plus disposer d’antibiotiques efficaces pour traiter des infections bactériennes courantes. On se retrouvera alors dans une société comme celle avant l’ère des antibiotiques où des infections banales s’avéraient mortelles.

Conseils de prévention

  • Apprenez tôt aux enfants à se laver les mains fréquemment, il s’agit de la meilleure façon de prévenir les infections.
  • Évitez les produits portant la mention « antibactérien ».
  • Lorsque vous consultez un médecin pour un problème de santé, informez-vous sur l’origine de l’infection (virale ou bactérienne) et discutez avec lui de la nécessité du recours à l’antibiotique.
  • Attendez toujours le résultat du prélèvement avant de donner un antibiotique pour un mal de gorge.
  • Terminez toujours le traitement antibiotique qui vous a été prescrit.
  • Dans le cas d’un traitement antibiotique inefficace que vous ne prenez pas complètement, rapportez les doses non utilisées à votre pharmacien qui saura en disposer sans contaminer l’environnement et les cours d’eau.
  • Ne tentez jamais de traiter une infection vous-même avec un reste d’antibiotique, consultez toujours un médecin.
  • Achetez de la viande biologique. Sinon, achetez-la locale et questionnez le producteur quant à l’utilisation des antibiotiques pour leur croissance.

Références :

Bergeron, Lise (2010). Trop d’antibiotiques dans la viande, Protégez-vous, http://www.protegez-vous.ca/sante-et-alimentation/trop-dantibiotiques-dans-la-viande.html [En ligne], page consultée le 2 février 2014.

Consumer Reports magazine (2013). Consumer Reports investigation : Talking turkey, http://www.consumerreports.org/cro/magazine/2013/06/consumer-reports-investigation-talking-turkey/index.htm [En ligne], page consultée le 2 février 2014.

Dionne, Jean-Yves (2010). Des antibiotiques dans la production animale, http://www.jydionne.com/des-antibiotiques-dans-la-production-animale/ [En ligne], page consultée le 2 février 2014.

Organisation mondiale de la santé (2012). La résistance aux antibiotiques, http://www.euro.who.int/fr/health-topics/disease-prevention/antimicrobial-resistance/antibiotic-resistance [En ligne], page consultée le 2 février 2014.

Organisation mondiale de la santé (2012). Résistance aux antibiotiques : une menace croissante, http://www.euro.who.int/fr/health-topics/disease-prevention/antimicrobial-resistance/news/news/2012/11/antibiotic-resistance-a-growing-threat [En ligne], page consultée le 2 février 2014.

Rawstorne, Tom (2013). How drugs pumped into supermarket chichens pose a terrifying threat to our health, http://www.dailymail.co.uk/news/article-2388444/How-drugs-pumped-supermarket-chickens-pose-terrifying-threat-health.html [En ligne], page consultée le 2 février 2014.

Doit-on désinfecter les jouets?

Par Mélanie Demers, inf. B.Sc.

Les garderies désinfectent les jouets régulièrement. Certains parents le font aussi et d’autres, pas du tout. Quel est le juste milieu? Lorsque l’on sait que plusieurs substances toxiques se retrouvent dans les produits habituellement utilisés pour désinfecter les jouets, il y a de quoi réfléchir.

Quel est le problème?

Les antimicrobiens se retrouvent maintenant dans une quantité croissante de produits utilisés chaque jour, du savon à mains aux produits nettoyants. Cela n’est pas sans conséquence. Plusieurs recherches ont démontré que l’exposition à ces substances est liée à différents problèmes de santé : irritation de la peau, des yeux et du système respiratoire, asthme, allergies, déséquilibres hormonaux et bien d’autres. De plus, la surutilisation des désinfectants contribue au problème de plus en plus fréquent des bactéries résistantes aux antibiotiques.

Les substances dont il faut se méfier

1.    Les agents de blanchiment au chlore

Les agents de blanchiment au chlore  (eau de javel, javellisant, chlore, hypochlorite de sodium) sont utilisés comme désinfectants pour traiter l’eau potable, dans les piscines et pour blanchir la lessive. Ils agissent en détruisant les bactéries et les autres germes ou en les rendant moins nuisibles.

Ces substances chimiques sont considérées comme des irritants potentiels pour les yeux, la peau et le système respiratoire. D’ailleurs, ceux qui les utilisent régulièrement comme produit d’entretien ménager sont beaucoup plus susceptibles de souffrir d’asthme. Elles s’avèrent aussi hautement corrosives, c’est-à-dire qu’elles peuvent causer des dommages permanents aux tissus humains (peau, muqueuses).

Attention! Il ne faut JAMAIS mélanger ces produits avec de l’ammoniaque, du vinaigre ou tout autre produit contenant ces substances. En effet, lors du mélange, il se dégage un gaz très nocif qui peut causer de la toux, une respiration courte, des douleurs à la poitrine, des nausées et plusieurs autres symptômes.

Les empoisonnements causés par ces substances représentent une grande partie des appels dans les centres anti-poison chaque année et plusieurs d’entre eux concernent l’ingestion accidentelle par des enfants.

2.    L’ammoniac

L’ammoniac est un gaz qui peut être dissout dans l’eau pour former de l’ammoniaque liquide, principale forme utilisée dans les produits nettoyants. Il se retrouve surtout dans les nettoyants pour fenêtres et miroirs et dans les autres produits pour les surfaces dures car ils ne laissent pas de traces. L’ammoniaque agit comme désinfectant en augmentant le pH du produit, c’est-à-dire en le rendant plus alcalin, et cela peut tuer certains pathogènes.

Un niveau élevé d’ammoniac dans l’air peut irriter la peau, les yeux, la gorge et les poumons. Et ce niveau peut être atteint en moins de 5 minutes dans un petit espace non ventilé, comme une petite salle de bain sans fenêtre. Donc, il s’avère très important de bien ventiler lors de son utilisation. Le contact de l’ammoniaque avec la peau peut causer des brûlures et avec les yeux, des dommages pouvant aller jusqu’à la cécité.

Comme mentionné plus haut, il ne faut jamais mélanger l’ammoniaque avec un agent de blanchiment au chlore, car ce mélange dégage un gaz très toxique.

3.    Le triclosan et le triclocarban

Le triclosan et le triclocarban sont des substances antimicrobiennes synthétiques souvent ajoutées aux produits ménagers comme le savon à mains et le savon à vaisselle et à de nombreux autres produits de consommation allant du dentifrice  aux déodorants. Ils sont souvent l’ingrédient actif des produits de nettoyage étiquetés « antibactérien », car ils s’avèrent efficaces pour détruire les bactéries. Cependant, ils ne détruisent pas les virus qui sont la cause commune des rhumes et des grippes.

Ces substances agissent comme perturbateurs endocriniens, c’est–à-dire qu’elles peuvent imiter ou affecter l’activité des hormones dans le corps. Par exemple, le triclosan interfère avec certains types de signaux au niveau des cellules du cerveau et du cœur, il réduit les niveaux d’hormones thyroïdiennes chez les rats et il pourrait même augmenter le risque de cancer du sein. De plus, il contribue au développement des bactéries résistantes aux antibiotiques, ce qui peut rendre le traitement de certaines affections beaucoup plus compliqué.

4.    Les composés de l’ammonium quaternaire

Les composés de l’ammonium quaternaire constituent une famille de substances chimiques connues pour leurs propriétés désinfectantes et détergentes. Parmi les produits d’entretien, on les retrouve, entre autres, dans les vaporisateurs désinfectants et les nettoyants à cuvettes. Ils agissent en détruisant les membranes cellulaires des cellules, les rendant efficaces pour tuer plusieurs types de bactéries, quelques virus et des champignons. Les hôpitaux les utilisent fréquemment pour leurs propriétés désinfectantes.

Ces composés constituent de puissants irritants. L’exposition de la peau peut amener une dermatite (démangeaisons de la peau), leur inhalation peut irriter les poumons et diminuer leur fonction, empirer les conditions respiratoires chroniques, contribuer à l’asthme et augmenter les réactions immunitaires aux allergènes.

Certains types d’exposition peuvent aussi avoir des effets négatifs sur la santé reproductive. Dans une étude, un désinfectant contenant des composés de l’ammonium quaternaire a été utilisé pour nettoyer les cages de souris et par la suite, les chercheurs ont vu la fertilité des souris décliner significativement et les malformations à la naissance chez leurs petits, augmenter. Le plus ALARMANT est qu’il a fallu plusieurs mois pour éliminer complètement les résidus de ces composés dans les cages, même après avoir changer de produit pour les nettoyer. Ainsi, utiliser un produit contenant des composés de l’ammonium quaternaire dans une maison ou pour désinfecter les jouets, par exemple, augmente de beaucoup les chances d’exposition à ces substances toxiques dans le temps, même après l’application initiale. Donc, il est préférable d’appliquer le principe de précaution avec les enfants et d’éviter d’utiliser ces produits pour désinfecter les jouets.

5.    Les nanoparticules d’argent

Les nanoparticules d’argent sont constituées d’argent qui a été manipulé et réduit en particules de la grosseur d’une fraction d’un cheveu. Depuis longtemps, l’argent est connu pour ses propriétés antibactériennes. À cette taille, l’argent peut être incorporé des les textiles, les plastiques, les savons, les emballages et bien d’autres produits.

Les nanoparticules d’argent sont toxiques pour les cellules du foie et du cerveau en laboratoire. Cependant, la prolifération récente de leur utilisation dans de nombreux produits augmente leur libération dans l’environnement et par le fait même, notre exposition potentielle. Et, comme il s’agit d’une technologie relativement nouvelle, les effets à long terme de l’exposition à ces particules sont encore inconnus. La prudence s’impose donc.

Conseils de prévention

  • Il est généralement recommandé de nettoyer les jouets les plus utilisés environ une fois par mois.
  • Pour les jouets en tissus, lisez l’étiquette et s’il est lavable, placez-le dans la machine à laver, au cycle délicat, dans une taie d’oreiller.
  • Si le jouet n’est lavable qu’en surface, humidifiez-le avec un linge humide, frottez-le délicatement et faites-le sécher.
  • Pour désodoriser, placez le jouet dans un sac de papier et saupoudrez-le de bicarbonate de sodium. Laissez reposer 30 minutes et secouez délicatement pour enlever les résidus.
  • Pour désinfecter, congelez-les pour 48 heures.
  • Nettoyez les jouets en bois ou en plastique avec de l’eau savonneuse et asséchez-les bien.
  • Pour désinfecter, vaporisez un mélange 50/50 de vinaigre blanc distillé et d’eau, essuyez et séchez.
  • Pour augmenter la vitesse de séchage et ainsi éviter le développement de moisissures, utilisez un séchoir à cheveux.
  • Lorsqu’un enfant est malade, réduisez la quantité de jouets disponibles,  la désinfection s’en trouve ainsi beaucoup réduite.
  • Évitez les produits avec la mention « Danger » ou « Poison ».
  • Utilisez moins de produits : un produit tout usage le dit, c’est pour tous les usages.
  • Achetez des produits dont les ingrédients sont indiqués sur l’étiquette et lisez cette dernière avant de les acheter.
  • Surtout, ne mélangez jamais de produits!

Références :

Environmental Defence (2006). The Toxic nation guide to spring cleaning, http://environmentaldefence.ca/reports/toxic-nation-guide-spring-cleaning [En ligne], page consultée le 11 janvier 2014.

Éthier, Marc Geet (2008). Ménage vert: Se faciliter la vie en la protégeant, Les Éditions du Trécarré, Montréal, 310 pages.

Gorman, Alexandra (2007). Household hazards : Potential hazards of home cleaning products, Women’s Voices for the earth, Missoula, 32 pages, disponible au http://www.womensvoices.org/issues/reports/household-hazards/

Greene, Alan, How to keep toys clean without using toxic chemicals, Born free, http://www.newbornfree.com/tips-and-advice/dr-greene/january-2013/how-to-keep-toys-clean-without-using-toxic-chemica [En ligne], page consultée le 11 janvier 2014.

Scranton, Alexandra (2009). Disinfectant overkill : How too clean may be hazardous to our health, Women’s Voices for the earth, Missoula, 28 pages, disponible au http://www.womensvoices.org/issues/reports/disinfectant-overkill/

Women’s Voices for the earth (2007). What you can do: 7 simple steps to help reduce your exposure to tosic chemicals from household cleaning products, http://www.womensvoices.org/issues/fact-sheets/what-you-can-do/ [En ligne], page consultée le 11 janvier 2014.