par Melanie Demers | 2 Sep 2013 | Santé des enfants, Technologie
Par Mélanie Demers, inf. B.Sc.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a classifié les radiations provenant des téléphones cellulaires et sans fil de « possiblement cancérigène pour les humains ». Hors, il est très difficile d’établir des liens entre le cancer et leur utilisation, car une tumeur au cerveau se développe silencieusement pendant au moins 20 ans avant qu’un diagnostic ne soit posé. Cependant, plusieurs experts en santé publique croient que, étant donné les risques potentiellement sérieux pour la santé des enfants, il ne faut pas attendre que la science soit concluante pour agir.
Les effets sur la santé
Plusieurs chercheurs ont tenté de démontrer les effets néfastes du téléphone cellulaire sur la santé. Cependant, ces études doivent se faire sur une longue période de temps, soit de 10 à 20 ans dans le cas du cancer, et celles qui répondent à ce critère ont débuté en 1996, au tout début de l’ère du cellulaire. Ainsi, l’utilisation en était très différente, environ 30 minutes par jour, et les modèles, différents de ceux d’aujourd’hui. Donc, les conclusions diffèrent, mais peuvent tout de même sonner l’alarme et entraîner la mise en place de mesures préventives.
Ainsi, des scientifiques russes et européens ont rapporté qu’un faible niveau d’exposition aux radio-fréquences peut entraîner une variété d’effets sur la santé : changements comportementaux, effets sur le système immunitaire, effets sur le système reproducteur, changements dans les taux d’hormones, maux de tête, irritabilité, fatigue et effets cardiovasculaires.
Le cancer
La plupart des études en ce qui concerne le cancer, suggèrent une hausse du risque de cancer du cerveau avec l’augmentation de l’exposition, sur une période de 10 ans. Ainsi, il est suggéré que, pour les personnes utilisant ces appareils (cellulaires et téléphones sans fil) depuis 10 ans ou plus et principalement d’un côté de la tête, le risque de tumeur maligne est doublé pour les adultes et encore plus élevé pour les gens dont l’utilisation a débuté avant l’âge de 20 ans.
Le système nerveux
Les effets qui ont été remarqués au niveau du système nerveux incluent : diminution de la capacité d’apprentissage, diminution du temps de réaction, diminution de la fonction motrice et diminution de la précision de la mémoire. Cela suivait l’exposition d’hommes aux radio-fréquences d’un téléphone cellulaire placé près de leur tête. Une association a aussi été trouvée entre le téléphone cellulaire et les migraines / vertiges.
La reproduction
Les recherches ont aussi démontré une association entre l’utilisation du téléphone cellulaire et la qualité du sperme chez l’homme. En effet, un téléphone cellulaire rangé dans une poche de pantalon expose les organes reproducteurs, sensibles aux radio-fréquences. Ainsi, cela diminuerait la quantité de spermatozoïdes, leur motilité, leur viabilité et leur morphologie normale. La diminution de ces paramètres dépendait de la durée de l’exposition quotidienne au téléphone cellulaire mais était indépendante de la qualité initiale (avant l’exposition aux radio-fréquences) du sperme. De plus, un téléphone cellulaire rangé dans une poche de chemise augmenterait le risque de cancer du sein.
Les effets psychologiques
Dans une études récente, les personnes observées regardaient leur téléphone environ 34 fois par jour. Cela peut résulter de l’habitude mais souvent, peut aussi représenter une façon d’éviter les interactions avec les autres. De plus, le besoin de « rester en contact » et l’attente d’une réponse immédiate ou dans un court délai, peut amener un comportement obsessif / compulsif.
Certaines personnes peuvent même ressentir des symptômes de sevrage habituellement associés à l’abus de substances lorsqu’elle se retrouvent sans téléphone intelligent. Cela inclut l’anxiété, l’insomnie et la dépression, particulièrement chez les jeunes adultes et les adolescents. De plus, il semble que la communication, la responsabilisation et les relations interpersonnelles soient négativement influencées par l’utilisation des messages textes. L’utilisation fréquente du téléphone cellulaire a aussi été associée avec le stress, des problèmes de sommeil et des symptômes de dépression.
Les effets sur les enfants
Aujourd’hui, les enfants âgés entre 8 et 18 ans passent, en moyenne, 7,5 heures par jour sur des téléphones intelligents, ordinateurs, télévisions ou autres appareils électroniques.
Les enfants sont potentiellement plus susceptibles aux radio-fréquences à cause de leur système nerveux en développement, leur système immunitaire pas totalement développé, un crâne plus mince et les tissus du cerveau plus conducteurs. Ainsi, cela permet une plus grande pénétration des radio-fréquences relativement à la taille de leur tête et un temps d’exposition tout au long de leur vie plus long en comparaison de l’adulte.
Les effets les plus importants ont été observés sur les cellules-souches. Ainsi, puisqu’elles sont beaucoup plus actives chez les enfants, les chercheurs prétendent que les enfants peuvent courir un risque plus grand de cancer suite à l’exposition au téléphone cellulaire.
Il semblerait que les personnes ayant commencé à utiliser un téléphone cellulaire avant l’âge de 20 ans ont 5 fois plus de risques d’être atteintes d’un cancer du cerveau. De plus, l’exposition prénatale et postnatale au téléphone cellulaire a été associée à des problèmes de comportement chez l’enfant.
Une autre étude, a exposé des femmes enceintes aux champs électromagnétiques émis par des téléphones cellulaires pendant 10 minutes par jour pendant leur grossesse et après la naissance, a démontré une augmentation de la fréquence cardiaque chez le fœtus et chez le nouveau-né. Cela a amené les chercheurs à recommander l’évitement du téléphone cellulaire pendant les premières semaines de gestation.
Les accidents d’auto
En 2009, 20% de toutes les blessures dans les accidents d’auto ont été causées par une distraction en conduisant. De plus, près d’une mort sur cinq impliquait un téléphone cellulaire. En effet, téléphoner pendant la conduite augmente le risque d’accident de 6 fois et envoyer un message texte augmente ce risque de 23 fois.
Des précautions pour les enfants
Récemment, plusieurs pays en Europe ont décrété que les enfants ne devraient pas utiliser les téléphones cellulaires. La Russie a même été jusqu’à recommander la restriction des appareils de télécommunication pour les femmes enceintes et ceux en bas de 18 ans. D’autres groupes ont aussi émis des recommandations. L’institut de cancérologie de l’Université de Pittsburg a averti que les enfants ne devraient jamais utiliser un téléphone cellulaire sauf en cas d’urgence. Plusieurs experts en santé publique à travers le monde recommandent de restreindre la vente et la publicité des téléphones cellulaires aux enfants. Dernièrement, la Fédération des enseignants de l’élémentaire de l’Ontario, la plus grande association d’enseignants au Canada, a décidé que les téléphones cellulaires devaient être éteints pendant les heures de classe afin de protéger les enfants et les enseignants des radio-fréquences.
La fin de la vie utile d’un téléphone cellulaire
Les téléphones cellulaires représentent le produit électronique le plus présent sur le globe. Ils contiennent de nombreuses substances chimiques dangereuses pour la santé : plomb, cuivre, mercure, produits ignifuges, plastiques et des piles contenant du nickel et du cadmium. Chaque année, des millions de téléphones cellulaires jetés. Bien sûr, il existe des programmes de recyclage, mais savez-vous exactement ce qu’il en est?
Les appareils électroniques sont transportés dans les pays en développement (Chine, Nigeria) où ils sont « recyclés ». Cela cause énormément de pollution dans ces pays et des problèmes de santé chez les personnes qui travaillent sur ces sites. Par exemple, les sols sont contaminés avec du plomb et ce métal, toxique pour l’être humain, se retrouve dans les cours d’eau. De plus, des analyses faites sur les travailleurs de ces sites ont démontré la présence de métaux lourds (cobalt, chrome, cuivre, fer et plomb) dans le sang et l’urine. La présence de ces métaux lourds étant attribuable à l’exposition suite aux activités reliées aux déchets électroniques des produits industrialisés! En effet, les consommateurs remplacent leur téléphone, en moyenne, tous les 2 ans, un taux influencé par la durée de leur contrat de service.
Conseils de prévention
Pour diminuer votre exposition aux radio-fréquences, voici quelques conseils :
- Limiter le temps passé au téléphone.
- Ne pas conduire en utilisant le téléphone cellulaire.
- Utiliser la fonction mains-libres afin de réduire le temps passé avec l’appareil contre l’oreille et la tête.
- Éviter de dormir avec ou près d’un téléphone cellulaire.
- Tenter de transporter le téléphone cellulaire loin du corps, dans un sac à main, par exemple.
- Envoyer des messages-textes lorsque possible.
- Éviter l’utilisation dans des boîtes en métal, comme un ascenseur ou l’auto, car elles coupent la force du signal et forcent le téléphone à utiliser plus d’énergie pour se connecter.
- Quand le signal est mauvais, attendre pour utiliser le téléphone car il aura besoin, encore une fois, de plus d’énergie.
- Éviter la dépendance psychologique en ayant des périodes de temps planifiées pour lire les courriers électroniques et y répondre.
- À l’achat d’un téléphone cellulaire, considérer le taux relatif d’émissions de radio-fréquences des différentes marques et modèles. Être particulièrement prudent pour les appareils accessibles aux enfants et pour les femmes en âge de procréer.
- Essayer de minimiser l’exposition cumulative aux appareils sans fil comme les ordinateurs, les routeurs, les tablettes, les téléphones sans fil, etc.
- Localiser les appareils sans fil loin des chambres à coucher et les éteindre lorsqu’ils ne sont pas utilisés.
Références :
Burrell, Lloyd (2013). Cell phone radiation fears – Canada’s largest teachers union votes to turn cell phones off inthe classroom, http://www.naturalnews.com/041747_cell_phones_emf_radiation_teachers_union.html [En ligne], page consultée le 23 août 2013.
Christian, Gideon E., Health and Socio-economic Impacts of Transboundary Movement of E-waste to Developing Country, CHNET-Works a project of University of Ottawa, présenté le 23 avril 2013.
Environment & human health inc. (2012). The cell phone problem, http://www.ehhi.org/reports/cellphones/ [En ligne], page consultée le 23 août 2013.
Heyes, J.D. (2013). Ten ways to protect yourself from harmful cell phone radiation, www.naturalnews.com/041765_cell_phones_EMF_radiation_protection.html#ixzz2czoAK2vX [En ligne], page consultée le 25 août 2013.
Mobile Wise, How safe are mobile phones for children?, www.mobilewise.org/facts/how-safe-are-mobile-phones-for-children [En ligne], page consultée le 23 août 2013.
par Melanie Demers | 12 Août 2013 | Santé des enfants
Par Mélanie Demers, inf. B.Sc.
Les apprêts ignifuges (ignifugeants) sont présents dans plusieurs produits courants dans nos maisons, mais aussi dans les accessoires pour bébé. Doit-on s’en méfier?
Qu’est-ce qu’un ignifugeant?
Un apprêt ignifuge ou ignifugeant est un produit chimique ajouté à plusieurs produits à la maison, au bureau et un peu partout dans notre environnement. Il en existe plusieurs dont les PBDEs (je vous évite le nom complet) et les Tris (il y en a plusieurs sortes) qui sont très utilisés et dont les effets s’avèrent particulièrement préoccupants pour la santé et ce, surtout pour les enfants, particulièrement exposés. Ces produits sont utilisés pour satisfaire les normes sur l’inflammabilité.
Quels sont leurs effets possibles sur la santé?
Les PBDEs
Les PBDEs s’accumulent dans notre corps et sont persistants dans l’environnement, c’est-à-dire qu’ils ne se dégradent pas facilement. L’exposition aux PBDEs est liée à des déséquilibres hormonaux, à des problèmes de thyroïde et à des dommages liés au système reproducteur comme des testicules non descendus, une puberté retardée, une diminution de la fertilité, des naissances de bébés à petits poids et des malformations à la naissance. Ils ont été détectés dans le lait maternel ce qui s’avère très préoccupant pour le développement des enfants, des bébés et des fœtus qui y sont plus exposés. Les apprêts ignifuges sont utilisés pour prévenir les feux couvrants (par exemple, causés par une cigarette allumée) et empêcher les produits de brûler intensément lorsqu’ils sont exposés à une flamme nue.
Les Tris
Les Tris les plus préoccupants sont le TDCPP, le TCEP et le TCPP (je vous épargne les noms complets).
Le TDCPP a été déclaré carcinogène par l’état de la Californie en 2011. De plus, il peut causer des mutations qui peuvent mener au cancer et à d’autres problèmes. Il cause aussi des dommages au système nerveux et des déséquilibres hormonaux. En effet, une étude publiée en 2010 a trouvé que les hommes qui y étaient les plus exposés avaient des taux d’hormones thyroïdiennes plus faibles et des taux de prolactine plus élevés.
Le TCEP a aussi été déclaré carcinogène par l’état de la Californie. Il peut causer le cancer, des dommages au système nerveux et s’avère toxique pour la reproduction.
Quant au TCPP, très peu d’informations sont disponibles sur sa toxicité. Cependant, la similarité dans sa structure à un autre Tris laisse suspecter que sa toxicité puisse y être similaire.
Où les retrouve-t-on?
Les PBDEs
Les PBDEs sont des agents chimiques de synthèse ajoutés à certains tissus et plastiques durant leur processus de fabrication. Ils agissent aussi à titre d’ignifugeants. Il en existe plusieurs sortes. Ils sont ajoutés à la mousse de polyuréthane utilisée pour le recouvrement des meubles, dans les produits rembourrés pour bébé, dans les ordinateurs, les télévisions et autres appareils électroniques, dans le recouvrement des fils de ces appareils et dans les automobiles. Ils sont aussi utilisés dans le traitement des tissus de recouvrement des tapis et des rideaux. Étant donné qu’il s’agit d’additifs, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas chimiquement liés au matériaux dans lesquels ils sont utilisés, ils peuvent s’en échapper et se retrouver dans la poussière de nos maisons et dans l’air intérieur. Une fois qu’ils s’y trouvent, ils sont susceptibles de pénétrer dans notre corps par la respiration ou par l’ingestion accidentelle de poussière (d’où la vulnérabilité des jeunes enfants). De plus, leur utilisation massive fait qu’on les retrouve de plus en plus dans la nourriture, plus particulièrement dans les huiles et gras du poisson et des fruits de mer, la viande et les produits de la viande, de même que les œufs.
Les Tris
Les Tris sont utilisés pour traiter la mousse de polyuréthane rigide et flexible afin de la rendre résistante à la flamme. Ils entrent aussi dans la fabrication de certains plastiques et dans d’autres procédés industriels. Certains ont été retrouvés dans l’air intérieur des maisons, des bureaux, des bibliothèques, des hôpitaux, des salles d’ordinateurs, des autos et des magasins de meubles.
Les apprêts ignifuges dans les produits pour enfants
Les compagnies n’ont pas à déclarer les ignifugeants qu’ils utilisent dans leurs produits tant qu’ils rencontrent les normes d’inflammabilité. Une étude réalisée conjointement par la Washington Toxics Coalition et Safer States en 2012, a évalué la présence de produits ignifuges dans 101 produits pour bébé et a découvert la présence d’ignifugeants toxiques dans 85% d’entre eux. Les produits sélectionnés, dont l’usage était destiné aux bébés et aux enfants, étaient rembourrés et provenaient de détaillants comme Babies R Us, Target, Walmart et Sears, dans 6 états américains. On parle ici de coussins d’allaitement, de matelas pour table à langer et couchette, de sièges d’auto, de sauteuses… La contamination de l’air et de la poussière constituent donc une source significative d’exposition pour les adultes mais aussi pour les enfants. Ces derniers risquent d’être beaucoup plus exposés étant donné leur plus grand contact main-bouche et avec le plancher.
Comment prévenir l’exposition?
Les fabricants subissent actuellement beaucoup de pression pour le remplacement de ces produits toxiques par des alternatives plus sécuritaires. Par exemple, la compagnie Orbit Baby, fabriquant des lits pour bébé, des poussettes et des sièges d’auto, rapporte rencontrer les normes d’inflammabilité sans l’utilisation de ses additifs chimiques en rembourrant ses produits avec du coton et de la laine. Cependant, en attendant que toutes les compagnies fassent le virage, voici quelques conseils pour diminuer l’exposition :
- Choisir des matelas et lits fabriqués avec des matériaux, comme la laine, qui sont naturellement ignifuges et rencontrent les normes d’inflammabilité sans ajout de produits chimiques.
- Ventiler et aérer la maison pour éviter l’accumulation d’ignifugeants dans l’air et la poussière.
- Régulièrement, utiliser l’aspirateur, un chiffon humide et une moppe pour éviter de remuer la poussière, et de répandre les apprêts ignifuges dans l’air.
- Limiter la quantité de gras et les autres aliments contenant des quantités élevées de PBDEs. Offrir de plus petites portions de viande, poisson et œufs, tout en augmentant celles de fruits et légumes.
- Choisir des méthodes de cuisson qui enlèvent l’excès de gras comme bouillir, griller et rôtir.
- Laver souvent les mains, spécialement celles des jeunes enfants, pour empêcher la poussière de coller à la nourriture ou aux doigts. De plus, les études ont démontré que le lavage des mains réduit la quantité d’apprêts ignifuges qui entrent dans le corps.
- Privilégier les matériaux naturellement ignifuges comme la laine, le coton, le polyester, le duvet et le cuir.
- Réparer les meubles brisés afin d’éviter que la mousse de rembourrage soit exposée.
- Enlever les chaussures à la porte pour éviter que les contaminants vous suivent à l’intérieur.
- Surtout, ne pas hésiter à poser des questions et à vous informer auprès des compagnie en envoyant un courrier électronique ou en utilisant le numéro 1-800 apparaissant sur l’étiquette
Références :
Santé Canada (2005). Guide des exigences canadiennes en matière d’inflammabilité des futons pour l’industrie, www.hc-sc.ga.ca/cps-spc/alt-formats/hecs-sesc/pdf/pubs/indust/futon/guide-futon-fra.pdf [En ligne], page consultée le 10 août 2013.
Silver, Larry B. (2006). Practice Prevention: PBDEs, Learning and Developmental Disabilities Initiative, www.disabilityandenvironment.org [En ligne], page consultée le 10 août 2013.
Schreder, Erika (2012). Hidden hazards in the nursery, Washington toxics coalition and Safer States, Washington.
Silent Spring Institute, 5 tips to reduce toxic flame retardants at home, www.silentspring.org/flame-retardant-follow-up [En ligne], page consultée le 10 août 2013.
Women’s Voices for the Earth, PBDEs, http://www.womensvoices.org/avoid-toxic-chemicals/pbdes/ [En ligne], page consultée le 10 août 2010.
par Melanie Demers | 5 Août 2013 | Santé des enfants
Par Mélanie Demers, inf. B.Sc.
À l’approche de la rentrée des classes, il est maintenant temps de se procurer les articles scolaires pour l’année à venir. Cependant, ces derniers peuvent avoir des effets non négligeables, principalement à long terme, sur la santé des enfants qui les utilisent.
De quoi devrait-on se méfier?
Il y a lieu de se méfier de tous les articles en polychlorure de vinyle (PVC ou vinyle) qu’utilisent nos enfants, surtout entre 6 et 11 ans, c’est-à-dire pendant les années du primaire. Ceci inclut les articles scolaires, mais aussi les sacs d’école, les étuis à crayons, les boîtes à lunch, les imperméables et les bottes de pluie, les parapluies, etc.
Pourquoi s’en méfier?
Plusieurs articles scolaires sont faits de PVC / vinyle, un plastique toxique non nécessaire qui est dangereux pour la santé et pour l’environnement pendant tout son cycle de vie : de sa production, à travers son utilisation et ce, jusqu’à son élimination. Ce type de plastique est unique, car il contient de nombreux additifs chimiques comme des phtalates, des métaux lourd (plomb, cadmium) et / ou des organoétains (substance chimique toxique utilisée pour stabiliser le PVC).
Quant à eux, les phtalates sont des liquides incolores servant à la fabrication du PVC. En fait, plus de 90% d’entre eux sont utilisés pour assouplir et rendre flexibles les produits en vinyle. Ces substances chimiques sont associées aux déséquilibres hormonaux (ils imitent les œstrogènes), problèmes d’asthme, troubles d’apprentissage, diabète, cancer, malformations congénitales et d’autres maladies chroniques en émergence.
Une étude du Center for Health, Environment & Justice (CHEJ) parue en 2012 indique des niveaux très élevés de phtalates dans des produits courants utilisés à l’école comme les sacs à dos, les boîtes à lunch et les cahiers à anneaux. En fait, les niveaux de phtalates détectés dépassent jusqu’à 52 fois les limites permises par la loi fédérale américaine en ce qui concerne leur concentration dans les jouets. Ces phtalates peuvent migrer du plastique ou s’évaporer dans l’air avec le temps, posant ainsi des risques inutiles pour la santé. En effet, l’exposition estimée des enfants à ces substances est souvent beaucoup plus élevée que celle des adultes étant donné leurs apports élevés en nourriture, eau et air par rapport à leur poids corporel, et aussi par des façons uniques de s’y exposer comme le port d’objets à la bouche et l’ingestion de choses non comestibles. Ainsi, une petite exposition se traduit en une grosse dose. De plus, il faut considérer que les enfants passent une grande partie de leur temps à l’école à utiliser des objets contenants ces additifs chimiques causant des effets irréversibles, à long terme et pouvant certainement avoir un impact sur eux pour le reste de leur vie.
Les produits testés par le CHEJ
Le CHEJ a évalué la teneur en différents phtalates et métaux lourds de différents articles scolaires susceptibles d’être retrouvés aussi au Canada et dans d’autres pays.
Tout d’abord, des 4 sacs à dos testés (Dora l’exploratrice et Spiderman, entre autres) 100% contenaient des niveaux mesurables de phtalates, entre 12 et 69 fois la limite permise par la loi américaine sur la présence de phtalates dans les jouets. Dans quatre boîtes à lunch sur 4, des niveaux de phtalates mesurables ont été aussi détectés, soit entre 12 et 29 fois la limite permise par la loi américaine sur la présence de phtalates dans les jouets. En ce qui concerne les cahiers à anneaux, 75% contenaient des niveaux mesurables de phtalates, au-delà des limites fixées par la loi américaine pour les jouets et celui qui n’en contenait pas était étiqueté « fabriqué en polypropylène ». La même chose a été révélée pour les bottes de pluie et les imperméables. Pour plus de détails : http://chej.org/wp-content/uploads/HiddenHazardsReportFINAL.pdf Quant aux métaux lourds, leur présence s’avérait beaucoup moins importante que celle des phtalates.
Comment identifier le PVC et l’éviter dans les articles scolaires et autres produits?
- Les produits en PVC portent souvent le mot « vinyle » sur leur étiquette.
- Pour identifier un emballage en PVC, regarder le symbole de recyclage. S’il porte le chiffre « 3 », les lettres « V » ou « PVC », il s’agit d’un produit fait de PVC.
- En cas d’incertitude, envoyer un message électronique à la compagnie ou téléphoner au numéro 1-800 du fabricant ou du vendeur pour vérifier avec quel type de plastique est fait leur produit.
- Pour être sécuritaire, éviter le plus possible les produits faits de plastique.
- Matériel d’art : Éviter les couvre-tout en PVC, privilégier ceux en tissus. Éviter les pâtes à modeler faites de PVC ou polymère.
- Sacs à dos : Éviter ceux avec des dessins en plastique brillants qui contiennent souvent du PVC et qui peuvent aussi contenir du plomb.
- Vêtements et accessoires : Rechercher des bottes de pluie, des imperméables, des dessins imprimés sur les vêtements et des accessoires (sacs à main, bijoux et ceintures) sans PVC. Pour les accessoires, privilégier ceux en tissus ou fabriqués avec d’autres matériaux que le plastique.
- Emballages alimentaires : Utiliser des emballages sans PVC comme du papier ciré, papier parchemin, pellicule plastique de LDPE ou des sacs de cellulose.
- Boîtes à lunch : Éviter celles fabriquées en vinyle ou PVC. Privilégier les sacs à lunch en tissu ou rechercher les produits « sans PVC ».
- Cahiers de notes : Éviter ceux avec une spirale recouverte de plastique qui contient habituellement du PVC.
- Emballage des articles scolaires : Éviter les emballages à usage unique. Éviter les produits emballés dans des plastiques non identifiés (ceux qui sont habituellement difficiles à ouvrir) qui contiennent souvent du PVC.
- Trombones : Éviter ceux recouverts de plastique coloré, souvent du PVC. Privilégier ceux en métal.
- Cahiers à anneaux : Utiliser ceux en carton rigide, recouverts de tissu ou faits de polypropylène. Rechercher ceux « sans PVC ».
- Parapluies : Éviter ceux en plastique coloré et brillant. Rechercher ceux fabriqués avec d’autres matériaux comme le nylon.
- Vaisselle et ustensiles : Utiliser, de préférence, des ustensiles en acier inoxydable. Pour de la vaisselle jetable, rechercher celle faite de plastique PLA ou PHA. Utiliser des contenants pour boire en verre ou en acier inoxydable. Pour ceux en plastique, éviter le PVC, le polystyrène et le polycarbonate. Ne jamais réchauffer la nourriture au micro-ondes dans des contenants en plastique, car cela augmente les chances que des additifs toxiques migrent dans la nourriture.
- Consulter le guide pour des alternatives sans PVC : www.chej.org/publications/PVCGuide/PVCfree.pdf Ce guide est américain, mais plusieurs marques sont aussi disponibles au Canada. De bonnes alternatives : les marques « Avery », « Cardinal », « Oxford », « ACCO », « Mead », « Storex », « Wilson Jones » , « Smead », « Staples », « Globe Weis », « Martha Stewart », « Pendaflex », « Adventus », « Ampad », « Blueline », « Moleskine », « Bic », « PaperMate », « Pilot », « Day-timer », « Blueline », “Swingline” présentent des alternatives pour certains articles et sont disponibles chez Wal Mart ou Bureau en gros, en magasin ou en ligne.
D’autres plastiques à éviter
1) Acrylonitrile butadiène styrène (ABS) : Ce plastique est utilisé avec le styrène, un agent chimique qui peut endommager le système nerveux et est classé comme un carcinogène possible chez l’humain par l’International Agency for Research on Cancer. L’acrylonitrile et le butadiène, aussi utilisés dans sa production, sont aussi classés comme carcinogènes possibles chez l’humain. Ce plastique ne porte pas de numéro dans le symbole de recyclage. Il est souvent utilisé dans les instruments de musiques, la tuyauterie, les enjoliveurs de roues et les jouets.
2) Polycarbonate (PC) : Ce plastique est fabriqué avec une hormone sexuelle synthétique, le bisphénol A (BPA), qui a été banni de tous les biberons vendus au Canada en 2009. En fait, l’exposition au BPA pendant la grossesse et l’enfance pourrait avoir un impact sur le développement des seins et de la prostate et pourrait aussi affecter le développement du cerveau et le comportement des enfants. Souvent indiqué par le chiffre « 7 » dans le symbole de recyclage, mais pas toujours, avec les lettres PC en-dessous du symbole. Ce plastique, rigide et durable, est surtout utilisé dans les bouteilles d’eau réutilisables, tapisse l’intérieur des boîtes de conserve, se retrouve sur le papier des reçus de caisse thermiques et bien plus.
3) Polystyrène (PS) : Ce plastique est fabriqué avec le styrène, un agent chimique décrit plus haut. Des substances toxiques sont libérées du polystyrène vers la nourriture lorsque chauffé. Sa fabrication contribue aussi à la formation d’ozone dans l’air. Il est souvent indiqué par le chiffre « 6 » dans le symbole de recyclage et est utilisé pour le service alimentaire : tasses, assiettes, bols, ustensiles et dans les contenants alimentaires rigides. Il est aussi présent dans les étuis à disques compacts et possède plusieurs autres applications.
Alors, si la santé de vos enfants vous tient à cœur, une seule phrase à retenir : Acheter, c’est voter.
Références :
Center for Health, Environment & Justice (CHEJ) (2012). Hidden Hazards : Toxic chemicals inside children’s vinyl back-to-school supplies, Empire State Consumer Project, 47 pages.
CHEJ (2013). Back-to-school guide to PVC-free school supplies, www.chej.org/publications/PVCGuide/PVCfree.pdf [En ligne], document consulté le 2 août 2013.
Gouvernement du Canada, Substances chimiques : Substances organostanniques, http://www.chemicalsubstanceschimiques.gc.ca/fact-fait/organo-fra.php [En ligne], page consultée le 3 août 2013.
Gouvernement du Canada, Substances chimiques : Phthalates, http://www.chemicalsubstanceschimiques.gc.ca/fact-fait/phthalates-fra.php [En ligne], page consultée le 3 août 2013.
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