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Vos enfants dans l’univers des plastiques

 

Par Mélanie Demers, inf. B.Sc.

Dans les dernières années, les plastiques dans l’environnement des enfants n’ont cessé d’augmenter. La plupart des aliments et boissons qui leur sont destinés se trouvent dans le plastique. Même le lait est maintenant vendu dans des contenants en plastique ou en carton tapissés de plastique. Et que dire des jouets? Est-ce que quelqu’un s’est posé la question quant à leurs risques potentiels?

Pourquoi s’inquiéter au sujet des plastiques?

Les plastiques sont utilisés partout : pour l’emballage des aliments et boissons, les matériaux de construction, les fils électriques, les automobiles, les jouets, les fournitures médicales, etc. Les substances chimiques et les processus utilisés pour fabriquer certains plastiques affectent non seulement les nappes d’eaux souterraines et l’air que nous respirons, mais ils se dissolvent aussi lentement ou migrent des emballages alimentaires vers la nourriture et même à travers notre peau lorsque nous les tenons.

Ainsi, les fœtus en développement et les enfants s’avèrent particulièrement vulnérables aux dommages provoqués par ces substances qui viennent interférer avec l’activité des hormones dans le corps. En effet, leurs organes, leurs systèmes et le système de régulation de leurs hormones sont en plein développement. De plus, les jeunes enfants respirent plus d’air, consomment plus de nourriture et boivent plus d’eau par kilogramme de poids corporel que les adultes, ce qui rend leur exposition plus importante aux substances chimiques présentes dans leur environnement.

Le bisphénol A

Le bisphénol A est un produit chimique industriel utilisé dans la fabrication des plastiques polycarbonates et des résines époxydes. Il se retrouve principalement dans les contenants réutilisables pour aliments et boissons et dans le revêtement protecteur des conserves. Il s’avère aussi présent dans les amalgames dentaires, les disques compacts, les reçus de caisse et les fournitures médicales. L’exposition au bisphénol A se fait surtout via l’alimentation ou par contact avec des articles en contenant.

Les phtalates

Les phtalates sont des additifs qui donnent aux plastiques, comme le polychlorure de vinyle (PVC), des propriétés comme la flexibilité et la résistance au stress. Ils sont présents dans les emballages alimentaires, les fournitures médicales, les tuyaux flexibles, les lubrifiants, les cosmétiques, etc. C’est aussi grâce à eux qu’une voiture ou un rideau de douche sent le « neuf ». En effet, les phtalates s’échappent du PVC et causent de nombreux problèmes de santé.

Quels sont les problèmes de santé associés à ces substances?

Le bisphénol A

Le bisphénol A dérègle le bon fonctionnement des hormones dans le corps, altère les gènes et dérègle le développement physique et comportemental. De plus en plus d’études démontrent aussi que le bisphénol A est associé à l’obésité, tant chez les enfants que chez les adultes. De même, on parle de plus en plus de fausses couches, de maladies des ovaires et de l’endomètre et de cancer du sein.

Cependant, les études sur les animaux s’avèrent plutôt alarmantes. On parle ici de problèmes de reproduction tant chez les mâles que chez les femelles, de désordres comportementaux comme l’hyperactivité, l’impulsivité et l’agression; d’une structure anormale du cerveau, d’une fonction immunitaire détériorée et d’une variété de cancers. Ce qui est le plus inquiétant est que les niveaux de bisphénol A retrouvé chez les humains sont beaucoup plus élevés que ceux causant des problèmes dans les études chez les animaux.

Les phtalates

Les phtalates sont associés à de nombreux problèmes de santé. Chez les mâles, ils sont associés avec des testicules non descendus, un décompte de spermatozoïdes plus bas, des tumeurs testiculaires bénignes plus tard dans la vie et des niveaux sanguins de testostérone plus faibles. Comme on peut le constater, il s’agit ici de signes de féminisation. Chez les filles, ils sont principalement associés avec un développement prématuré des seins. Ils sont aussi cancérigènes et liés à l’asthme, aux allergies de même qu’à des dommages au foie, aux reins et au cœur.

Comment reconnaître les plastiques contenant ces substances?

Il est virtuellement impossible de savoir les substances contenues dans les différents plastiques. En effet, les ingrédients utilisés pour fabriquer les plastiques n’ont pas à être étiquetés et les fabricants ne veulent pas les dévoiler pas plus que les sources de leurs plastiques.

Le seul indice qui peut permettre d’identifier les ingrédients chimiques dans les produits en plastique est le code d’identification de résine ayant pour but de faciliter le recyclage. Ainsi, le polychlorure de vinyle (#3) contient des phtalates et le polycarbonate (#7) contient du bisphénol A.

Symbole

Type de plastique

Exemples d’emballage

Risques connus à ce jour

   

Polyéthylène Terephthalate (PET)

Bouteilles de rince-bouche, compresses chaude/froide, bouteilles d’eau et de boissons gazeuses, pots de beurre d’arachides, contenants de détergents.

À éviter : peut libérer de l’antimoine, un carcinogène suspecté. Ne pas réutiliser les bouteilles.

    Polyéthylène de haute densité (HDPE)

Contenants de jus et de lait, bouteilles de détergents, sacs de plastique, pots de yogourt, bouteilles de shampoing, intérieur des boîtes de céréales.

Plastique plus sécuritaire à utiliser comme contenant pour la nourriture et les boissons.

  Polychlorure de vinyle (PVC)

Bouteilles d’huile végétale, emballage autour de la viande, tétines,  bouteilles d’eau, contenants pour détergents et shampoing, bouteilles de rince-bouche, emballage plastique, jouets.

À éviter : peut contenir ou libérer des phtalates, du plomb, du bisphénol A, du mercure, du cadmium.

  Polyéthylène de basse densité (LDPE)

Sacs d’épicerie, emballage de nourriture, sac à pain, sacs zip-lock, contenants pour aliments, revêtement des cartons de lait et de jus, emballages pour aliments congelés.

Plastique plus sécuritaire à utiliser comme contenant pour la nourriture et les boissons.

  Polypropylène (PP)

Contenants à margarine, yogourt, sirop et autres, pailles, bouchons de bouteilles, contenants à médicaments, contenants à épices.

Plastique plus sécuritaire à utiliser comme contenant pour la nourriture et les boissons.

  Polystyrène (PS)

Verres et contenants en « styrofoam », boîtes d’œufs, contenants pour la viande, jouets.

À éviter : peut libérer du styrène qui est toxique.

  Autre

Grosses bouteilles d’eau pour refroidisseurs, coupes de fruits pour enfants, bouteilles d’eau réutilisables, bouteilles de jus de citron. Inclut toutes les choses non trouvées dans les numéros précédents ou est une combinaison de ces résines.

À éviter : du bisphénol A peut être libéré du polycarbonate, surtout quand il est chauffé.

*Veuillez noter que cette liste n’est pas exhaustive. Notez qu’au Canada, la présence de bisphénol A dans les biberons est interdite depuis 2011.

Conseils de prévention :

Il est impossible d’éviter les plastiques puisqu’ils sont omniprésents. Par contre, il est possible de choisir nos plastiques, particulièrement ceux utilisés pour mettre la nourriture destinée aux enfants.

  • Éviter les PVC (#3), le polystyrène (#6) et les autres plastiques (#7) qui libèrent des substances chimiques.
  • Éviter d’utiliser des contenants en plastique et des emballages plastiques au micro-ondes.
  • Choisir des pellicules plastiques non faites de PVC comme Glad Wrap et Saran Wrap.
  • Choisir des plastiques reconnus plus sécuritaires (jusqu’à maintenant) : le HDPE (#2), le LDPE (#4) et le PP (#5).
  • Utiliser des sacs réutilisables pour vos achats et l’épicerie.
  • Choisir des sacs à poubelle biodégradables.
  • Choisir, le plus possible, des alternatives au plastique : verre, céramique, porcelaine et acier inoxydable qui ne libèrent pas de substances chimiques dans la nourriture.
  • Utiliser une planche à découper en bois plutôt qu’en plastique.
  • Ne pas laisser de bouteilles d’eau dans des conditions d’extrême chaleur, comme dans l’auto en été.
  • Enseigner aux enfants à ne pas boire directement des tuyaux d’arrosage dans la cour, car plusieurs sont en plastique et libèrent des phtalates et du plomb.

Références :

Environment & Human health inc. (2008). Plastics that may be harmful to children and reproductive health, North haven, 81 pages.

Silver, Larry B. (2007). Practice prevention: Plastics, Learning and developmental disabilities initiative, www.healthandenvironment.org/initiatives/learning/r/prevention [En ligne], page consultée le 25 septembre 2013.

Statistique Canada (2013). Concentrations de bisphénol A chez les Canadiens, 2009 à 2011, http://www.statcan.gc.ca/pub/82-625-x/2013001/article/11778-fra.htm [En ligne], page consultée le 25 septembre 2013.

The toxic nation (2008). Guide to plastics: helping you avoid toxic chemicals, http://stewie.environmentaldefence.ca/reports/toxic-nation-guide-plastics [En ligne], page consultée le 25 septembre 2013.

Les enfants et les colorants alimentaires

Par Mélanie Demers, inf. B.Sc.

Les colorants alimentaires sont des additifs faisant partie de notre vie quotidienne. Ils sont ajoutés à tout et pour tout. Saviez-vous qu’un enfant peut consommer jusqu’à 100 additifs par jour? Parmi ceux-ci, les colorants alimentaires tiennent une place importante.

Que sont les colorants alimentaires?

Un colorant est une teinture, un pigment ou une substance qui, lorsqu’elle est ajoutée à un aliment, un médicament, un cosmétique ou sur le corps humain est capable de lui conférer une couleur.

Les colorants alimentaires sont utilisés pour compenser la perte de couleur due à l’exposition à la lumière, à l’air, à l’humidité et aux variations de température. Ils servent aussi à renforcer les couleurs naturelles et à ajouter de la couleur à des aliments qui, dans le cas contraire, n’auraient pas de couleur ou une couleur différente.

Il existe 2 sortes de colorants : les naturels et les synthétiques. Les premiers proviennent de substances issues du règne animal, végétal ou minéral. Cependant, ils sont dispendieux et peuvent légèrement changer le goût des aliments. Quant aux colorants synthétiques, ils sont, pour la plupart, dérivés du pétrole. Ils sont largement utilisés à cause de leur coloration intense et uniforme, leur coût beaucoup moins élevé et leur grande variété de nuances possibles.

Où retrouve-t-on ces colorants?

Les colorants alimentaires se retrouvent dans plusieurs aliments comme les bonbons, les gommes à mâcher, les aliments industriels, les vinaigrettes, les sauces, les repas préparés, la margarine, le fromage, les boissons fruitées, les confitures, les gélatines, les poudings, les yogourts, les suppléments vitaminiques, les garnitures de tartes, les aliments destinés aux enfants et bien d’autres.

Quels sont leurs effets sur la santé de nos enfants?

Certains scientifiques se questionnent depuis longtemps quant aux effets des colorants alimentaires et d’autres additifs sur la santé. En effet, durant les 3 dernières décennies, plusieurs études ont conclu que de faibles doses de colorants synthétiques ajoutés aux aliments pouvaient provoquer l’hyperactivité et d’autres problèmes comportementaux chez les enfants.

Une étude publiée en 2007 a démontré que l’hyperactivité était empirée chez les enfants qui avaient consommé des aliments contenant 6 colorants suspects et du benzoate de sodium, un préservatif. L’hyperactivité consiste en un comportement surexcité, impulsif et inattentif dont l’intensité varie dans la population. Cependant, dans cette étude, les effets n’étaient pas seulement vus chez les enfants diagnostiqués avec un déficit de l’attention avec hyperactivité, mais aussi parmi les autres enfants. Les auteurs ont donc conclu que l’hyperactivité déclenchée par ces additifs alimentaires pouvait détériorer le potentiel d’apprentissage des enfants à l’école.

Suite à cette étude, le Gouvernement britannique a pris la décision de bannir l’utilisation de ces additifs alimentaires. Les compagnies, quant à elles, ont retiré les colorants synthétiques des aliments au Royaume-Uni et continuent de les utiliser ailleurs.

Pour les gouvernements, les études sur les colorants synthétiques n’ont pas démontré assez de preuves concluantes pour que ces substances soient bannies. Cependant, même si les résultats des ces études ne sont pas unanimes, ils sont suffisamment évocateurs pour user de prudence avec ces colorants synthétiques.

Le cancer

Des substances cancérigènes contaminent les colorants synthétiques et pour les enfants, l’exposition s’avère beaucoup plus importante que celle des adultes, car ils en consomment plus par unité de poids corporel. D’ailleurs, des chercheurs ont trouvé des carcinogènes dans des boissons gazeuses et des bonbons. Ce qu’il faut aussi considérer concerne l’effet cumulatif de ces colorants, car ils sont souvent combinés pour donner des teintes particulières.

Conseils pour protéger les enfants

  • Observez votre enfant. S’il devient toujours surexcité après avoir consommé un type d’aliment, veillez à éliminer ce dernier.
  •  Lisez les étiquettes. Le terme colorant peut tout aussi bien représenter un colorant synthétique ou naturel.
  •  Mangez des aliments complets et naturels : fruits, légumes, grains entiers, produits laitiers, protéines
  •  Cuisinez. Moins il y a d’aliments industriel dans l’assiette de votre enfant, mieux il se portera et ses parents aussi.
  •  Discutez avec les gens gravitant autour de votre enfant (enseignant, éducatrice, famille) afin de vérifier s’ils voient des changements dans son comportement.

Références :

Gouget, Corinne (2009). Danger additifs alimentaires: Le guide indispensable pour ne plus vous empoisonner, Éditions Chariot d’Or, Paris, 9e édition, 154 pages.

Institute for agriculture and trade policy (IATP), (2009). Smart Guide to food dyes: Buying foods that can help learning, http://www.iatp.org/documents/smart-guide-to-food-dyes-buying-foods-that-can-help-learning [En ligne], page consultée le 15 septembre 2013.

International Food Information Council (IFIC) Foundation et US Food and Drup Administration (FDA), (2010). Food ingredients & colors http://www.fda.gov/Food/IngredientsPackagingLabeling/FoodAdditivesIngredients/ucm094211.htm [En ligne], page consultée le 15 septembre 2013.

Autorité européenne de sécurité des aliments (efsa). Colorants alimentaires http://www.efsa.europa.eu/fr/topics/topic/foodcolours.htm [En ligne], page consultée le 18 septembre 2013.

La cuisson au barbecue : cancérigène?

 
Par Mélanie Demers  inf. B. Sc.

Pendant la saison estivale, nombreux sont ceux qui cuisinent sur le gril. Cependant, la cuisson de la viande à haute température génère des toxines comme les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), dont les amines hétérocycliques qui sont reconnues comme étant un important carcinogène alimentaire.

Qu’est-ce que les HAP?

Les HAP sont formés par le dépôt de la fumée résultant de la combustion incomplète de matière organique et sont générés lorsque des combustibles fossiles ou de la végétation sont brûlés. La viande et les produits de la viande, surtout ceux bien cuits, s’avèrent une importante source d’exposition. Lorsqu’une diète inclut de la viande, il est impossible d’éviter l’exposition à ce groupe de composés génotoxiques.  La quantité de HAP générée dépend de la sorte de viande, de sa qualité, son pH, son contenu en eau, des acides aminés libres et de la créatine, en plus des conditions de cuisson comme la température, le temps et l’équipement utilisé.

Vous avez dit : « Cancer? »

Des études ont établies de fortes associations entre la consommation de viande et un risque accru des cancers suivants : cancer du sein, du côlon, du pancréas, de l’estomac, des poumons et de la prostate. De plus, certains chercheurs ont même suggéré une implication dans la maladie de Parkinson et d’autres maladies neurologiques.

Devons-nous tous devenir végétariens pour éviter ces toxines?

Il serait irréel de penser que tout le monde peut et veut devenir végétarien pour éviter ces toxines. Bonne nouvelle cependant, on peut réduire notre exposition avec des moyens simples et savoureux : les marinades! En effet, des études ont démontré que le fait de mariner les viandes peut réduire, de façon significative, la formation de HAP. Ainsi, les sauces, les herbes aromatiques et les épices, naturellement riches en composés phénoliques, présentent une activité antioxydante des plus efficace.

Quelle est la meilleure recette?

Tout d’abord, le temps optimal de marinage est de 4 heures. Au-delà de ce temps, il n’y aurait pas de bénéfices additionnels. Il faut aussi cuire la viande à une température plus faible (200°C) et ne pas prolonger sa cuisson indûment.

Les ingrédients à privilégier :

  • Les herbes : romarin, thym, sauge.
  • L’alcool : vin rouge, vin blanc, bière.
  • Épices : curcuma, poudre d’oignon.
  • D’autres aliments antioxydants : huile d’olive, tomate, ail, thé vert, sauce soya, huile de sésame, moutarde, sel, oignon.
  • Un acide : jus de citron.

Les ingrédients à éviter :

Fait à noter : Si de l’huile est utilisée dans la marinade, il est préférable de la combiner avec un ingrédient acide comme le jus de citron. Ainsi, plus les ingrédients à privilégier sont combinés dans une marinade, plus son effet antioxydant est important.

Sur ce, bon appétit!

Références:

Farhadian, A. et al. (2012). Effects of marinating on the formation of polycyclic aromatic hydrocarbons (benzo[a]pyrene, benso[b]fluranthene and fluoranthene) in grilled beef meat, Food control, 28, 420-425.

Smith, J.S. et al. (2008). Effect of marinades on the formation of heterocyclic amines in grilled beef steaks, Journal of food science, Vol. 73, novembre 2008.

Viegas, Olga et al. (2012). Inhibitory effects of antioxydant-rich marinades on the formation of heterocyclic aromatic amines in pan-fried beef, Journal of agricultural and food chemistry, 60, 6235-6240.