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Vos enfants mordent-ils la poussière? (Partie 2)

Par Mélanie Demers, inf. B.Sc.

Vous est-il déjà arrivé que votre bambin vous apporte un rouleau de poussière qu’il a trouvé sous le lit? Sans le savoir, il vous fait un cadeau empoisonné qui devrait vous inciter à passer à l’action.

Composés organostanniques

Ces composés se retrouvent principalement dans les pesticides et sont aussi utilisés comme stabilisateurs du polychlorure de vinyle (PVC). D’autres agissent comme catalyseurs pour le polyuréthane et le silicone.

Où sont-ils utilisés?

Dans la poussière à l’intérieur des maisons, leur présence est liée principalement au PVC présent dans plusieurs produits de consommation courante. Ainsi, on les retrouve dans les emballages alimentaires, le recouvrement des cadres de fenêtres, les mousses de polyuréthane, les planchers en PVC et les tapis. Ils sont aussi présents dans les produits en textile contenant des parties en polymère comme les t-shirts imprimés, les serviettes sanitaires, les diachylons et les couches. Leur présence a même été détectée dans des biscuits cuits sur du papier parchemin (qui en contient). De plus, on les retrouve dans les jouets en PVC comme les masques, les balles, les jouets en plastique souple et la nourriture factice.

Quels sont leurs effets sur la santé?

Les composés organostanniques s’avèrent toxiques à des niveaux d’exposition assez faibles et plusieurs recherches indiquent que certains d’entre eux pourraient avoir des effets toxiques sur les systèmes nerveux et immunitaire. De plus, ils traversent le placenta et causent des effets indésirables au niveau du développement du fœtus.

Composés perfluorés

Les composés perfluorés (PFOA et PFOS) constituent un groupe de composés chimiques créés par l’industrie et largement utilisés dans de nombreux produits courants afin de les rendre plus résistants aux taches, à la graisse et à l’eau.

Où sont-ils utilisés?

Les composés perfluorés se retrouvent dans les poêlons et les ustensiles antiadhésifs, les hottes de cuisinière de même que les tapis, les meubles et les vêtements traités avec un anti-tache. Ils sont aussi présents dans les cires (planchers, skis), les emballages alimentaires et la soie dentaire.

Quels sont leurs effets sur la santé?

La présence des composés perfluorés a été détectée dans le sang de la population générale partout dans le monde. La première exposition se produisant dans le ventre de la mère à travers le placenta et plus tard, via l’allaitement maternel. L’exposition à ces substances a été associée au cancer des testicules et des reins, à des dérèglements du foie et à une ménopause précoce. Chez les enfants, on a remarqué une augmentation de la susceptibilité à l’hypothyroïdie, à une réduction des taux d’hormones et à une puberté retardée, tant chez les garçons que chez les filles. Cependant, les études chez les humains sont encore limitées et on peut ainsi s’attendre à d’autres associations entre les composés perfluorés et la santé dans les prochaines années.

Conseils de prévention

Ces substances ne peuvent complètement être évitées dans l’environnement. Cependant, il est possible d’agir sur la poussière se retrouvant à l’intérieur de nos maisons afin de protéger les enfants qui s’avèrent beaucoup sensibles à ces substances chimiques. En effet, leurs organes et leurs systèmes sont immatures et se développent rapidement, ce qui les rend beaucoup plus vulnérables que les adultes.

  • Prenez soins de bien laver les mains de vos enfants avant de manger.
  • Passez régulièrement l’aspirateur et une vadrouille humide pour réduire l’exposition à la poussière.
  • Remplacez vos casseroles recouvertes de téflon par d’autres en acier inoxydable, en fonte ou en céramique.
  • Choisissez des rideaux, des tapis ou des meubles sans ignifugeants ou composés perfluorés. Il est toujours possible de communiquer avec les compagnies pour vérifier, soit par téléphone ou par courrier électronique.

Références :

Blum, Arlene (2013). Flame retardants and flammability standards, présentation faite à Green science policy institute le 5 novembre 2013. http://www.sixclasses.org/watch/

Costner, P. et al. (2005). Sick of dust : Chemicals in common products – A needless health risk in our homes, http://cleanproduction.org/library/Dust%20Report.pdf [En ligne], page consultée le 5 novembre 2013.

Field, Dr Jennifer A. (2013). Highly fluorinated chemicals (fluorochemicals), présentation faite à Green science policy institute le 22 octobre 2013.

Santé Canada (2009). Sécurité des produits de consommation, http://www.hc-sc.gc.ca/cps-spc/pest/registrant-titulaire/prod/_memo-note/organotins-organostanniques-fra.php [En ligne], page consultée le 13 novembre 2013.

National Institute of environmental health sciences (2012). Perfluorinated chemicals (PFCs), http://www.niehs.nih.gov/ [En ligne], page consultée le 13 novembre 2013.

Vos enfants mordent-ils la poussière? (Partie 1)

Par Mélanie Demers, inf. B.Sc.

Lorsqu’ils jouent au sol ou qu’ils rampent, les enfants sont particulièrement exposés aux risques des contaminants contenus dans la poussière des maisons et ce, jusqu’à 40 fois plus que les adultes! De surcroît, ils passent environ 66% de leur temps à l’intérieur de leur maison et 21%, à l’intérieur, ailleurs qu’à la maison. Qu’y a-t-il de si effrayant dans la poussière?

Des contaminants

La poussière de maison est composée de contaminants chimiques qui se retrouvent dans les maisons. Ces substances chimiques migrent, sont libérées ou s’échappent des produits de consommation courante durant leur utilisation normale, amenant leur accumulation dans la poussière.

Les enfants y sont beaucoup plus vulnérables que les adultes car leurs organes  et leur système immunitaire sont immatures et en pleine croissance. Plusieurs de ces substances chimiques sont associées avec des réponses allergiques; un système immunitaire supprimé ou hyperactif; des dérèglements des systèmes respiratoire, cardiovasculaire, nerveux et reproducteur; une peau et des muqueuses irritées ainsi qu’avec des cancers pour une variété de tissus et d’organes.

Les phtalates

Les phtalates sont principalement utilisés comme plastifiants pour le polychlorure de vinyle (PVC).  Soixante-quinze pourcent des phtalates sont libérés dans l’environnement pendant l’utilisation de produits qui en contiennent.

Où sont-ils utilisés?

Ainsi, on les retrouve principalement dans les décorations murales, les nappes en plastique, la tapisserie, les rideaux de douche, les tuyaux d’arrosage, les imperméables, les poupées, les jouets, les souliers, le recouvrement des fils et des câbles. Il y a aussi présence de petites quantités de phtalates dans les produits de soins personnels comme les crèmes pour la peau, les fixatifs à cheveux, les lotions, les vernis à ongle et dans une variété d’autres produits comme les adhésifs, les détergents, l’encre, les solvants, les huiles lubrifiantes, les peintures et certains médicaments.

Quels sont leurs effets sur la santé?

Les enfants exposés à des concentrations plus élevées de phtalates sont plus à risque de développer de l’asthme. De plus, l’exposition a été associée avec le développement prématuré des seins chez les jeunes filles, de même qu’à une détérioration de la qualité du sperme, une diminution du nombre de spermatozoïdes et une difformité de leur morphologie chez l’homme. Des liens ont aussi été établis avec l’obésité, le diabète et un dysfonctionnement de la thyroïde.

Les alkylphénols

Les alkylphénols sont le principal constituant des alkylphénols éthoxylés.

Où sont-ils utilisés?

Ils sont utilisés principalement dans les produits d’entretien ménager, dans les peintures au latex où ils servent d’émulsifiants, dans les formulations de pesticides et d’herbicides, comme additifs dans les cosmétiques, dans le PVC utilisé pour l’emballage des aliments, les accessoires de flottaison, dans l’industrie du textile et dans certains jouets.

Quels sont leurs effets sur la santé?

Cette substance chimique passe de la mère au fœtus en développement par le placenta, mais aussi à l’enfant via l’allaitement. De plus, ils ont la capacité à imiter les œstrogènes naturels et ainsi réduire la fonction testiculaire chez l’homme. Des études ont aussi démontré que certains alkylphénols dérèglent le système immunitaire.

Les pesticides

Ils représentent un groupe de substances chimiques visant à tuer ce qui est nuisible, c’est-à-dire rongeurs, insectes, mauvaises herbes, champignons.

Où sont-ils utilisés?

Ils sont utilisés sur le sol extérieur (champs, terrains de golf, terrains de sport, terrains de jeux, jardins, pelouses), à la maison (exterminations professionnelles, traitements des tapis, vaporisateurs contre les mouches), sur notre corps (insectifuges, traitements contre les poux) et sur la nourriture (pendant la culture sur les fermes mais aussi après la récolte pour empêcher la croissance de champignons pendant le transport).

Quels sont leurs effets sur la santé?

Plusieurs sont reconnus comme possiblement carcinogènes chez l’humain. De plus, ils peuvent causer une variété de symptômes pouvant aller de la perte d’appétit à la paralysie, selon le pesticide utilisé. Ils ont aussi été associés à des problèmes reproducteurs, des dérèglements hormonaux, des cancers, des problèmes du système immunitaire et plusieurs autres.

Les ignifugeants

Il s’agit de produits chimiques ajoutés aux plastiques, textiles et plusieurs autres matériaux afin de les rendre moins susceptibles de s’enflammer.

Où sont-ils utilisés?

On les retrouve dans plusieurs produits de consommation courante comme les meubles rembourrés, les tapis, les matelas, les télévisions, les cafetières, les séchoirs à cheveux, les produits rembourrés pour bébé et plusieurs autres.

Quels sont leurs effets sur la santé?

La poussière de maison a été identifiée comme une source d’exposition importante aux ignifugeants chez les jeunes enfants. De plus, ils compétitionnent avec l’hormone thyroïdienne amenant quantité d’effets sur la croissance et le développement. Certains sont aussi considérés comme carcinogènes. d’autres contaminants se retrouvent dans la poussière de maison et je vous en parlerai la semaine prochaine de même que des conseils pour prévenir l’exposition.

Références :

Costner, P. et al. (2005). Sick of dust : Chemicals in common products – A needless health risk in our homes, http://cleanproduction.org/library/Dust%20Report.pdf [En ligne], page consultée le 5 novembre 2013.

Dodson, R.E. et al. (2012). House Dust Contains Carcinogens and Untested Chemicals Used as Flame Retardants in Consumer Products, Silent Spring Institute, http://www.silentspring.org/ [En ligne], page consultée le 5 novembre 2013.

Keep a breast & Environmental working group (2013). The dirty dozen : 12 hormone altering chemicals and how to avoid them, http://keep-a-breast.org/blog/12-worst-endocrine-disruptors-revealed-environment/ [En ligne], page consultée le 6 novembre 2013.

Santé Canada (2011). Règlement sur les phtalates, http://www.hc-sc.gc.ca/ahc-asc/media/nr-cp/_2011/2011_07fs-fra.php [En ligne], page consultée le 6 novembre 2013.

Silver, L.B. (2011). Practice prevention: pesticides, Learning and Developmental Disabilities Initiative, http://www.healthandenvironment.org/initiatives/childrens_health/columns_facts [En ligne], page consultée le 6 novembre 2013.

Halloween : De quoi doit-on se méfier?

Par Mélanie Demers, inf. B.Sc.

L’Halloween arrive à grand pas et les enfants peinent à rester calmes en attendant de faire du porte-à-porte pour recueillir des friandises. Cependant, certaines précautions doivent être prises pour préserver leur santé. Et je ne parle pas de bonbons!

Le maquillage

Le maquillage n’est pas une préoccupation seulement annuelle (pour l’Halloween), car il est utilisé pour les enfants à différentes occasions, dans les fêtes ou dans les jeux de tous les jours. Dans une étude effectuée par Santé Canada et publiée en 2009, la présence de métaux lourds excédant les limites proposées quant aux impuretés a été détectée dans plusieurs sortes de maquillage pour enfants. Une autre étude, cette fois-ci effectuée par Environmental Defence en 2011, a obtenu des résultats similaires à celle de Santé Canada dans des cosmétiques utilisés chaque jour par des femmes à travers le pays. Ainsi, tout porte à croire qu’il y a toujours lieu d’user de précautions quant à la présence de métaux lourds dans le maquillage, particulièrement celui destiné aux enfants. La même situation prévaut aussi aux États-Unis.

La présence de métaux lourds

Les métaux lourds s’accumulent dans le corps au fil du temps et sont reconnus pour causer des problèmes de santé variés . Plusieurs sont suspectés être des perturbateurs endocriniens et des toxines respiratoires. Habituellement, ces contaminants se retrouvent dans les produits lorsque des ingrédients de qualité médiocre sont utilisés. De plus, ils ne sont jamais indiqués sur les étiquettes.

Le plomb

Il n’y a aucun niveau sanguin de plomb reconnu comme sécuritaire. Selon le Center for Disease Control aux États-Unis, même de faibles niveaux d’exposition chez les enfants sont associés avec des déficits neurodéveloppementaux. De plus, il recommande que les parents évitent d’utiliser des cosmétiques susceptibles d’être contaminés par le plomb pour leurs enfants. Habituellement, les rouges à lèvres sont contaminés avec le plomb (dans plus de 95% des cas) via l’utilisation de matière première contaminée ou par l’utilisation de pigments en contenant. Si du plomb est ingéré, les adultes en absorbe environ 10% alors que c’est 40 à 50% de la quantité qu’on retrouvera dans le sang des enfants.

Dans le corps, le plomb s’accumule dans les tissus, particulièrement dans les os, mais aussi dans le foie, les reins, le pancréas et les poumons. De plus, il traverse facilement la barrière placentaire pour se retrouver dans le cerveau du fœtus. Une exposition chronique à de faibles quantités de plomb a été associée avec des avortements spontanés, des changements hormonaux, une diminution de la fertilité tant chez l’homme que chez la femme, des irrégularités menstruelles, un début de puberté retardé chez les filles, des pertes de mémoire, des sautes d’humeur; des désordres au niveau des nerfs, des articulations et des muscles ainsi qu’à des problèmes au niveau des systèmes cardiovasculaire, squelettique et rénal. Cette substance est considérée toxique au Canada. De plus, elle est bannie comme ingrédient intentionnel dans les cosmétiques et des limites autorisées sont établies pour sa présence en tant qu’impureté.

Le nickel

Le nickel est un allergène bien connu déclenchant des dermatites de contact. En fait, il en est la principale cause. Son utilisation est très répandue et la principale source d’exposition chez les enfants provient des bijoux. De même, plus le contact avec cet allergène se fait tôt dans l’enfance, plus il y a de risques de sensibilisation plus tard dans la vie. L’utilisation du nickel dans les cosmétiques est bannie dans l’Union Européenne, mais pas en Amérique du Nord. De plus, dans l’étude américaine, des cosmétiques portant les mentions « sécuritaire », « non-toxique » ou « hypoallergène » contenait des taux dangereux de métaux lourds, incluant le nickel.

De nombreuses autres substances présentant des risques à divers niveaux sont aussi présentes dans les cosmétiques : hydroxyanisole butylé (BHA), fragrance, parabènes, diazolidinyl urée, propylène glycol, etc.

Les teintures en vaporisateur pour cheveux

Les teintures en vaporisateur pour cheveux présentent aussi des risques. La plupart contiennent du butane, substance reconnue comme toxique pour l’humain. Son utilisation est d’ailleurs restreinte dans les cosmétiques vendus dans l’Union Européenne. Le propylène glycol y est aussi présent et considéré comme un carcinogène possible. Il a aussi été lié à des allergies de la peau.

Les costumes

Certains costumes contiennent eux aussi, du plomb. Comment les reconnaître? Parfois, sa présence est indiquée sur l’étiquette, mais ce n’est pas toujours le cas. Un truc : les choses scintillantes ou brillantes, de même que les bijoux assortis aux costumes contiennent souvent du plomb. Il en est de même pour certains accessoires qui en contiennent dans leur peinture. Le cadmium, un autre métal toxique, se retrouve aussi parfois dans la peinture des accessoires. D’ailleurs, Santé Canada (http://www.hc-sc.gc.ca/dhp-mps/advisories-avis/index-fra.php) fait souvent des rappels de produits contenant des niveaux trop élevés de plomb ou de cadmium.

Les costumes et les masques en plastique contiennent souvent du polychlorure de vinyle (PVC). Ce type de plastique renferme des phtalates pour l’assouplir et le rendre flexible. Cependant, les phtalates sont liés à différents problèmes : puberté précoce, problèmes du système reproducteur surtout chez les mâles déséquilibres hormonaux (ils imitent les œstrogènes), problèmes d’asthme, troubles d’apprentissage, diabète, cancer, malformations congénitales et d’autres maladies chroniques en émergence.

Conseils de prévention

Références :

Center for Health, Environment & Justice (CHEJ) (2012). Hidden Hazards : Toxic chemicals inside children’s vinyl back-to-school supplies, Empire State Consumer Project, 47 pages.

Charter, E. et al. (2011). Heavy metal hazard : The health risks of hidden heavy metals in face makeup, http://environmentaldefence.ca/reports/heavy-metal-hazard-health-risks-hidden-heavy-metals-in-face-makeup [En ligne], page consultée le 23 octobre 2013.

Schmidt, Sarah (2009). Heavy metals found in kids’ face paints, http://www.canada.com/health/heavy+metals+found+kids+face+paints/1248092/story.html [En ligne], page consultée le 21 octobre 2013.

Sarantis, H. et al. (2009). Pretty Scary : Could Halloween face paint cause lifelong health problems?, http://www.safecosmetics.org/article.php?id=584 [En ligne], page consultée le 21 octobre 2013.

Thompson, Connie (2007). Beware of lead, chemicals in Halloween costumes, http://www.komonews.com/news/consumer/10731686.html [En ligne], page consultée le 23 octobre 2013.

Washington Toxics Coalition (2009). Don’t get tricked this Halloween, http://watoxics.org/healthy-living/healthy-families/growing-up-green/dont-get-tricked-this-halloween/?searchterm=halloween%20costumes [En ligne], page consultée le 23 octobre 2013.

Vos enfants dans l’univers des plastiques

 

Par Mélanie Demers, inf. B.Sc.

Dans les dernières années, les plastiques dans l’environnement des enfants n’ont cessé d’augmenter. La plupart des aliments et boissons qui leur sont destinés se trouvent dans le plastique. Même le lait est maintenant vendu dans des contenants en plastique ou en carton tapissés de plastique. Et que dire des jouets? Est-ce que quelqu’un s’est posé la question quant à leurs risques potentiels?

Pourquoi s’inquiéter au sujet des plastiques?

Les plastiques sont utilisés partout : pour l’emballage des aliments et boissons, les matériaux de construction, les fils électriques, les automobiles, les jouets, les fournitures médicales, etc. Les substances chimiques et les processus utilisés pour fabriquer certains plastiques affectent non seulement les nappes d’eaux souterraines et l’air que nous respirons, mais ils se dissolvent aussi lentement ou migrent des emballages alimentaires vers la nourriture et même à travers notre peau lorsque nous les tenons.

Ainsi, les fœtus en développement et les enfants s’avèrent particulièrement vulnérables aux dommages provoqués par ces substances qui viennent interférer avec l’activité des hormones dans le corps. En effet, leurs organes, leurs systèmes et le système de régulation de leurs hormones sont en plein développement. De plus, les jeunes enfants respirent plus d’air, consomment plus de nourriture et boivent plus d’eau par kilogramme de poids corporel que les adultes, ce qui rend leur exposition plus importante aux substances chimiques présentes dans leur environnement.

Le bisphénol A

Le bisphénol A est un produit chimique industriel utilisé dans la fabrication des plastiques polycarbonates et des résines époxydes. Il se retrouve principalement dans les contenants réutilisables pour aliments et boissons et dans le revêtement protecteur des conserves. Il s’avère aussi présent dans les amalgames dentaires, les disques compacts, les reçus de caisse et les fournitures médicales. L’exposition au bisphénol A se fait surtout via l’alimentation ou par contact avec des articles en contenant.

Les phtalates

Les phtalates sont des additifs qui donnent aux plastiques, comme le polychlorure de vinyle (PVC), des propriétés comme la flexibilité et la résistance au stress. Ils sont présents dans les emballages alimentaires, les fournitures médicales, les tuyaux flexibles, les lubrifiants, les cosmétiques, etc. C’est aussi grâce à eux qu’une voiture ou un rideau de douche sent le « neuf ». En effet, les phtalates s’échappent du PVC et causent de nombreux problèmes de santé.

Quels sont les problèmes de santé associés à ces substances?

Le bisphénol A

Le bisphénol A dérègle le bon fonctionnement des hormones dans le corps, altère les gènes et dérègle le développement physique et comportemental. De plus en plus d’études démontrent aussi que le bisphénol A est associé à l’obésité, tant chez les enfants que chez les adultes. De même, on parle de plus en plus de fausses couches, de maladies des ovaires et de l’endomètre et de cancer du sein.

Cependant, les études sur les animaux s’avèrent plutôt alarmantes. On parle ici de problèmes de reproduction tant chez les mâles que chez les femelles, de désordres comportementaux comme l’hyperactivité, l’impulsivité et l’agression; d’une structure anormale du cerveau, d’une fonction immunitaire détériorée et d’une variété de cancers. Ce qui est le plus inquiétant est que les niveaux de bisphénol A retrouvé chez les humains sont beaucoup plus élevés que ceux causant des problèmes dans les études chez les animaux.

Les phtalates

Les phtalates sont associés à de nombreux problèmes de santé. Chez les mâles, ils sont associés avec des testicules non descendus, un décompte de spermatozoïdes plus bas, des tumeurs testiculaires bénignes plus tard dans la vie et des niveaux sanguins de testostérone plus faibles. Comme on peut le constater, il s’agit ici de signes de féminisation. Chez les filles, ils sont principalement associés avec un développement prématuré des seins. Ils sont aussi cancérigènes et liés à l’asthme, aux allergies de même qu’à des dommages au foie, aux reins et au cœur.

Comment reconnaître les plastiques contenant ces substances?

Il est virtuellement impossible de savoir les substances contenues dans les différents plastiques. En effet, les ingrédients utilisés pour fabriquer les plastiques n’ont pas à être étiquetés et les fabricants ne veulent pas les dévoiler pas plus que les sources de leurs plastiques.

Le seul indice qui peut permettre d’identifier les ingrédients chimiques dans les produits en plastique est le code d’identification de résine ayant pour but de faciliter le recyclage. Ainsi, le polychlorure de vinyle (#3) contient des phtalates et le polycarbonate (#7) contient du bisphénol A.

Symbole

Type de plastique

Exemples d’emballage

Risques connus à ce jour

   

Polyéthylène Terephthalate (PET)

Bouteilles de rince-bouche, compresses chaude/froide, bouteilles d’eau et de boissons gazeuses, pots de beurre d’arachides, contenants de détergents.

À éviter : peut libérer de l’antimoine, un carcinogène suspecté. Ne pas réutiliser les bouteilles.

    Polyéthylène de haute densité (HDPE)

Contenants de jus et de lait, bouteilles de détergents, sacs de plastique, pots de yogourt, bouteilles de shampoing, intérieur des boîtes de céréales.

Plastique plus sécuritaire à utiliser comme contenant pour la nourriture et les boissons.

  Polychlorure de vinyle (PVC)

Bouteilles d’huile végétale, emballage autour de la viande, tétines,  bouteilles d’eau, contenants pour détergents et shampoing, bouteilles de rince-bouche, emballage plastique, jouets.

À éviter : peut contenir ou libérer des phtalates, du plomb, du bisphénol A, du mercure, du cadmium.

  Polyéthylène de basse densité (LDPE)

Sacs d’épicerie, emballage de nourriture, sac à pain, sacs zip-lock, contenants pour aliments, revêtement des cartons de lait et de jus, emballages pour aliments congelés.

Plastique plus sécuritaire à utiliser comme contenant pour la nourriture et les boissons.

  Polypropylène (PP)

Contenants à margarine, yogourt, sirop et autres, pailles, bouchons de bouteilles, contenants à médicaments, contenants à épices.

Plastique plus sécuritaire à utiliser comme contenant pour la nourriture et les boissons.

  Polystyrène (PS)

Verres et contenants en « styrofoam », boîtes d’œufs, contenants pour la viande, jouets.

À éviter : peut libérer du styrène qui est toxique.

  Autre

Grosses bouteilles d’eau pour refroidisseurs, coupes de fruits pour enfants, bouteilles d’eau réutilisables, bouteilles de jus de citron. Inclut toutes les choses non trouvées dans les numéros précédents ou est une combinaison de ces résines.

À éviter : du bisphénol A peut être libéré du polycarbonate, surtout quand il est chauffé.

*Veuillez noter que cette liste n’est pas exhaustive. Notez qu’au Canada, la présence de bisphénol A dans les biberons est interdite depuis 2011.

Conseils de prévention :

Il est impossible d’éviter les plastiques puisqu’ils sont omniprésents. Par contre, il est possible de choisir nos plastiques, particulièrement ceux utilisés pour mettre la nourriture destinée aux enfants.

  • Éviter les PVC (#3), le polystyrène (#6) et les autres plastiques (#7) qui libèrent des substances chimiques.
  • Éviter d’utiliser des contenants en plastique et des emballages plastiques au micro-ondes.
  • Choisir des pellicules plastiques non faites de PVC comme Glad Wrap et Saran Wrap.
  • Choisir des plastiques reconnus plus sécuritaires (jusqu’à maintenant) : le HDPE (#2), le LDPE (#4) et le PP (#5).
  • Utiliser des sacs réutilisables pour vos achats et l’épicerie.
  • Choisir des sacs à poubelle biodégradables.
  • Choisir, le plus possible, des alternatives au plastique : verre, céramique, porcelaine et acier inoxydable qui ne libèrent pas de substances chimiques dans la nourriture.
  • Utiliser une planche à découper en bois plutôt qu’en plastique.
  • Ne pas laisser de bouteilles d’eau dans des conditions d’extrême chaleur, comme dans l’auto en été.
  • Enseigner aux enfants à ne pas boire directement des tuyaux d’arrosage dans la cour, car plusieurs sont en plastique et libèrent des phtalates et du plomb.

Références :

Environment & Human health inc. (2008). Plastics that may be harmful to children and reproductive health, North haven, 81 pages.

Silver, Larry B. (2007). Practice prevention: Plastics, Learning and developmental disabilities initiative, www.healthandenvironment.org/initiatives/learning/r/prevention [En ligne], page consultée le 25 septembre 2013.

Statistique Canada (2013). Concentrations de bisphénol A chez les Canadiens, 2009 à 2011, http://www.statcan.gc.ca/pub/82-625-x/2013001/article/11778-fra.htm [En ligne], page consultée le 25 septembre 2013.

The toxic nation (2008). Guide to plastics: helping you avoid toxic chemicals, http://stewie.environmentaldefence.ca/reports/toxic-nation-guide-plastics [En ligne], page consultée le 25 septembre 2013.

Retour à l’école : Des articles scolaires effrayants pour la santé de nos enfants!

 

Par Mélanie Demers, inf. B.Sc.

À l’approche de la rentrée des classes, il est maintenant temps de se procurer les articles scolaires pour l’année à venir. Cependant, ces derniers peuvent avoir des effets non négligeables, principalement à long terme, sur la santé des enfants qui les utilisent.

De quoi devrait-on se méfier?

Il y a lieu de se méfier de tous les articles en polychlorure de vinyle (PVC ou vinyle) qu’utilisent nos enfants, surtout entre 6 et 11 ans, c’est-à-dire pendant les années du primaire. Ceci inclut les articles scolaires, mais aussi les sacs d’école, les étuis à crayons, les boîtes à lunch, les imperméables et les bottes de pluie, les parapluies, etc.

Pourquoi s’en méfier?

Plusieurs articles scolaires sont faits de PVC / vinyle, un plastique toxique non nécessaire qui est dangereux pour la santé et pour l’environnement pendant tout son cycle de vie : de sa production, à travers son utilisation et ce, jusqu’à son élimination. Ce type de plastique est unique, car il contient de nombreux additifs chimiques comme des phtalates, des métaux lourd (plomb, cadmium) et / ou des organoétains  (substance chimique toxique utilisée pour stabiliser le PVC).

Quant à eux, les phtalates sont des liquides incolores servant à la fabrication du PVC. En fait, plus de 90% d’entre eux sont utilisés pour assouplir et rendre flexibles les produits en vinyle. Ces substances chimiques sont associées aux déséquilibres hormonaux (ils imitent les œstrogènes), problèmes d’asthme, troubles d’apprentissage, diabète, cancer, malformations congénitales et d’autres maladies chroniques en émergence.

Une étude du Center for Health, Environment & Justice (CHEJ) parue en 2012 indique des niveaux très élevés de phtalates dans des produits courants utilisés à l’école comme les sacs à dos, les boîtes à lunch et les cahiers à anneaux. En fait, les niveaux de phtalates détectés dépassent jusqu’à 52 fois les limites permises par la loi fédérale américaine en ce qui concerne leur concentration  dans les jouets. Ces phtalates peuvent migrer du plastique ou s’évaporer dans l’air avec le temps, posant ainsi des risques inutiles pour la santé.  En effet, l’exposition estimée des enfants à ces substances est souvent beaucoup plus élevée que celle des adultes étant donné leurs apports élevés en nourriture, eau et air par rapport à leur poids corporel, et aussi par des façons uniques de s’y exposer comme le port d’objets à la bouche et l’ingestion de choses non comestibles. Ainsi, une petite exposition se traduit en une grosse dose. De plus, il faut considérer que les enfants passent une grande partie de leur temps à l’école à utiliser des objets contenants ces additifs chimiques causant des effets irréversibles, à long terme et pouvant certainement avoir un impact sur eux pour le reste de leur vie.

Les produits testés par le CHEJ

Le CHEJ a évalué la teneur en différents phtalates et métaux lourds de différents articles scolaires susceptibles d’être retrouvés aussi au Canada et dans d’autres pays.

Tout d’abord, des 4 sacs à dos testés (Dora l’exploratrice et Spiderman, entre autres) 100% contenaient des niveaux mesurables de phtalates, entre 12 et 69 fois la limite permise par la loi américaine sur la présence de phtalates dans les jouets. Dans quatre boîtes à lunch sur 4, des niveaux de phtalates mesurables ont été aussi détectés, soit entre 12 et 29 fois la limite permise par la loi américaine sur la présence de phtalates dans les jouets. En ce qui concerne les cahiers à anneaux, 75% contenaient des niveaux mesurables de phtalates, au-delà des limites fixées par la loi américaine pour les jouets et celui qui n’en contenait pas était étiqueté « fabriqué en polypropylène ». La même chose a été révélée pour les bottes de pluie et les imperméables. Pour plus de détails : http://chej.org/wp-content/uploads/HiddenHazardsReportFINAL.pdf  Quant aux métaux lourds, leur présence s’avérait beaucoup moins importante que celle des phtalates.

Comment identifier le PVC et l’éviter dans les articles scolaires et autres produits?

  • Les produits en PVC portent souvent le mot « vinyle » sur leur étiquette.
  • Pour identifier un emballage en PVC, regarder le symbole de recyclage. S’il porte le chiffre « 3 », les lettres « V » ou « PVC », il s’agit d’un produit fait de PVC.
  • En cas d’incertitude, envoyer un message électronique à la compagnie ou téléphoner au numéro 1-800 du fabricant ou du vendeur pour vérifier avec quel type de plastique est fait leur produit.
  • Pour être sécuritaire, éviter le plus possible les produits faits de plastique.
  • Matériel d’art : Éviter les couvre-tout en PVC, privilégier ceux en tissus. Éviter les pâtes à modeler faites de PVC ou polymère.
  • Sacs à dos : Éviter ceux avec des dessins en plastique brillants qui contiennent souvent du PVC et qui peuvent aussi contenir du plomb.
  • Vêtements et accessoires : Rechercher des bottes de pluie, des imperméables, des dessins imprimés sur les vêtements et des accessoires (sacs à main, bijoux et ceintures) sans PVC. Pour les accessoires, privilégier ceux en tissus ou fabriqués avec d’autres matériaux que le plastique.
  • Emballages alimentaires : Utiliser des emballages sans PVC comme du papier ciré, papier parchemin, pellicule plastique de LDPE ou des sacs de cellulose.
  • Boîtes à lunch : Éviter celles fabriquées en vinyle ou PVC. Privilégier les sacs à lunch en tissu ou rechercher les produits « sans PVC ».
  • Cahiers de notes : Éviter ceux avec une spirale recouverte de plastique qui contient habituellement du PVC.
  • Emballage des articles scolaires : Éviter les emballages à usage unique. Éviter les produits emballés dans des plastiques non identifiés (ceux qui sont habituellement difficiles à ouvrir) qui contiennent souvent du PVC.
  • Trombones : Éviter ceux recouverts de plastique coloré, souvent du PVC. Privilégier ceux en métal.
  • Cahiers à anneaux :  Utiliser ceux en carton rigide, recouverts de tissu ou faits de polypropylène. Rechercher ceux « sans PVC ».
  • Parapluies : Éviter ceux en plastique coloré et brillant. Rechercher ceux fabriqués avec d’autres matériaux comme le nylon.
  • Vaisselle et ustensiles : Utiliser, de préférence, des ustensiles en acier inoxydable.  Pour de la vaisselle jetable, rechercher celle faite de plastique PLA ou PHA. Utiliser des contenants pour boire en verre ou en acier inoxydable. Pour ceux en plastique, éviter le PVC, le polystyrène et le polycarbonate. Ne jamais réchauffer la nourriture au micro-ondes dans des contenants en plastique, car cela augmente les chances que des additifs toxiques migrent dans la nourriture.
  • Consulter le guide pour des alternatives sans PVC : www.chej.org/publications/PVCGuide/PVCfree.pdf Ce guide est américain, mais plusieurs marques sont aussi disponibles au Canada. De bonnes alternatives : les marques « Avery », « Cardinal », « Oxford », « ACCO », « Mead »,  « Storex », « Wilson Jones » , « Smead », « Staples », « Globe Weis », « Martha Stewart », « Pendaflex », « Adventus », « Ampad », « Blueline », « Moleskine », « Bic », « PaperMate », « Pilot », « Day-timer », « Blueline », “Swingline” présentent des alternatives pour certains articles et sont disponibles chez Wal Mart ou Bureau en gros, en magasin ou en ligne.

D’autres plastiques à éviter

1)     Acrylonitrile butadiène styrène (ABS) : Ce plastique est utilisé avec le styrène, un agent chimique qui peut endommager le système nerveux et est classé comme un carcinogène possible chez l’humain par l’International Agency for Research on Cancer. L’acrylonitrile et le butadiène, aussi utilisés dans sa production, sont aussi classés comme carcinogènes possibles chez l’humain. Ce plastique ne porte pas de numéro dans le symbole de recyclage. Il est souvent utilisé dans les instruments de musiques, la tuyauterie, les enjoliveurs de roues et les jouets.

2)     Polycarbonate (PC) : Ce plastique est fabriqué avec une hormone sexuelle synthétique, le bisphénol A (BPA), qui a été banni de tous les biberons vendus au Canada en 2009. En fait, l’exposition au BPA pendant la grossesse et l’enfance pourrait avoir un impact sur le développement des seins et de la prostate et pourrait aussi affecter le développement du cerveau et le comportement des enfants. Souvent indiqué par le chiffre « 7 » dans le symbole de recyclage, mais pas toujours, avec les lettres PC en-dessous du symbole. Ce plastique, rigide et durable, est surtout utilisé dans les bouteilles d’eau réutilisables, tapisse l’intérieur des boîtes de conserve, se retrouve sur le papier des reçus de caisse thermiques et bien plus.

3)     Polystyrène (PS) :  Ce plastique est fabriqué avec le styrène, un agent chimique décrit plus haut. Des substances toxiques sont libérées du polystyrène vers la nourriture lorsque chauffé. Sa fabrication contribue aussi à la formation d’ozone dans l’air. Il est souvent indiqué par le chiffre « 6 » dans le symbole de recyclage et est utilisé pour le service alimentaire : tasses, assiettes, bols, ustensiles et dans les contenants alimentaires rigides. Il est aussi présent dans les étuis à disques compacts et possède plusieurs autres applications.

Alors, si la santé de vos enfants vous tient à cœur, une seule phrase à retenir : Acheter, c’est voter.

Références :

Center for Health, Environment & Justice (CHEJ) (2012). Hidden Hazards : Toxic chemicals inside children’s vinyl back-to-school supplies, Empire State Consumer Project, 47 pages.

CHEJ (2013). Back-to-school guide to PVC-free school supplies, www.chej.org/publications/PVCGuide/PVCfree.pdf [En ligne], document consulté le 2 août 2013.

Gouvernement du Canada, Substances chimiques : Substances organostanniques, http://www.chemicalsubstanceschimiques.gc.ca/fact-fait/organo-fra.php [En ligne], page consultée le 3 août 2013.

Gouvernement du Canada, Substances chimiques : Phthalates, http://www.chemicalsubstanceschimiques.gc.ca/fact-fait/phthalates-fra.php [En ligne], page consultée le 3 août 2013.