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Jusqu’à quel point votre enfant consomme-t-il de l’arsenic?

Par Mélanie Demers, inf. B.Sc.

On entend de plus en plus parler de la présence d’arsenic dans les aliments, entre autres, dans le riz, le jus de pomme et le poulet. Doit-on s’en inquiéter? Comment expliquer sa présence dans notre alimentation? Voilà des questions qui méritent des réponses.

L’arsenic, un carcinogène

Tout d’abord, l’arsenic est un métal qui se retrouve naturellement dans la croûte terrestre et son niveau dans le sol et dans l’eau varie selon les différences géographiques. Il existe 2 formes d’arsenic : organique et inorganique. C’est surtout la forme inorganique qui cause problème. En effet, il s’agit d’un carcinogène potentiel connu pour l’humain, surtout au niveau de la peau, des poumons et de la vessie. De plus, il augmente les risques de maladies cardiovasculaires, de problèmes immunitaires et de diabète de type 2. Certaines formes organiques sont aussi considérées comme des carcinogènes probables, mais les données sont limitées. En fait, l’Environmental Protection Agency aux États-Unis assume qu’il n’y a actuellement aucun niveau d’exposition sécuritaire pour l’arsenic inorganique.

D’où provient l’arsenic présent dans les aliments?

Soixante-seize pourcent des champs où le riz est actuellement cultivé aux États-Unis l’étaient auparavant pour la culture du coton où l’utilisation des pesticides à base d’arsenic s’avérait fréquente. Ainsi, cela a pollué les sols et contamine encore les plantes qui y poussent. De plus, il faut mentionner que les gènes de certaines sortes de riz capturent plus facilement l’arsenic du sol, ce qui augmente leur degré de contamination. Finalement, certains herbicides à base d’arsenic sont encore utilisés aujourd’hui.

L’arsenic dans le riz

Une étude publiée par Consumer Reports a démontré la présence d’arsenic inorganique dans le riz et dans les produits en contenant, incluant ceux destinés aux enfants comme les céréales. En effet, ces dernières s’avèrent souvent le premier aliment solide des bébés et leur concentration en arsenic était au moins 5 fois plus élevée que dans les autres céréales comme l’avoine, par exemple. Dans cette étude, les taux d’arsenic inorganique était plus élevés dans le riz brun que dans le blanc. De plus, les personnes consommant du riz avaient des niveaux d’arsenic dans l’urine 44% plus élevés que chez ceux qui n’en mangent pas. Finalement, le riz absorbe l’arsenic du sol et de l’eau beaucoup plus efficacement que la plupart des autres plantes.

L’arsenic dans les jus de fruits

Une autre étude de Consumer Reports a aussi relevé la présence d’arsenic dans les jus de fruits. Ceux les plus particulièrement visés : pomme, poire et raisins. Pourquoi? Pour les mêmes raisons qui expliquent la présence de l’arsenic dans le riz. D’autres causent seraient l’utilisation  d’herbicides et de fertilisants à base d’arsenic, mais aussi et surtout la pollution créée par l’activité humaine. Pour les jus de fruits, Santé Canada a établi la présence maximale d’arsenic à 0,1 ppm, soit dix fois plus que celle de l’eau potable. Aux États-Unis, aucune limite n’est fixée.

L’arsenic dans le poulet

La présence d’arsenic dans le poulet est principalement due à l’utilisation d’un médicament ajouté régulièrement à l’alimentation. En effet, le « roxarsone » favorise la croissance de la volaille mais traite aussi les parasites intestinaux et donne à la viande sa belle couleur rosée. Le roxarsone est une forme d’arsenic organique censée être moins toxique pour l’humain que la forme inorganique. Cependant, cette dernière peut provenir de la transformation du roxarsone et s’accumuler dans le poulet, rendant le métal toxique disponible pour la consommation humaine. Si les médicaments à base d’arsenic étaient utilisés par tous les producteurs de volaille, l’exposition à l’arsenic inorganique suite à la consommation de poulet augmenterait les risque de cancer du poumon et de la vessie de 3,7 par 100 000 personnes. Les autres sources potentielles concernent la nourriture et l’eau contaminées par les fertilisants.

Conseils de prévention

La bonne nouvelle, c’est qu’il existe des moyens simples de limiter l’exposition à l’arsenic via l’alimentation.

  • Limiter la consommation de riz : utiliser d’autres grains comme le quinoa, l’orge, le couscous ou l’avoine.
  • Bien rincer le riz avant sa préparation et le cuire dans une grande quantité d’eau.
  • Limiter la consommation de produits contenant du sirop de riz comme agent sucrant.
  • Introduire les légumes oranges comme la patate douce et la courge comme premiers aliments solides pour les bébés.
  • Préférer les céréales d’orge, d’avoine ou mélangées pour les bébés.
  • Limiter la consommation de jus de fruits à un maximum de 150 à 250 ml.
  • Éviter la consommation de boisson de riz avant l’âge de 5 ans.
  • Choisir de la volaille biologique, car les médicaments à base d’arsenic y sont interdits.

Références :

Rangan, Urvashi (2014). Arsenic exposure from food : How it gets there, Why we should care, How to reduce exposure, Webinaire présenté le 14 février 2014 sur healthyfoodaction.org, disponible au http://www.youtube.com/watch?v=lLTDilEiLCQ

Consumer Reports (2012). Arsenic in your food: Our findings show a real need for federal standards for this toxin, http://www.consumerreports.org/cro/magazine/2012/11/arsenic-in-your-food/index.htm [En ligne], page consultée le 16 février 2014.

Consumer Reports (2012). Arsenic in your juice: How much is too much? Federal limits don’t exist, http://www.consumerreports.org/cro/magazine/2012/01/arsenic-in-your-juice/index.htm# [En ligne], page consultée le 16 février 2014.

Leroux, Rémi (2013). Arsenic : faut-il se méfier du jus de pomme?, Protégez-vous, http://www.protegez-vous.ca/sante-et-alimentation/arsenic-faut-il-se-mefier-du-jus-de-pomme.html [En ligne], page consultée le 16 février 2014.

Lunder, S. et Undurraga D. (2012). 10 ways to get arsenic out of your (and your kids’) diet, http://www.mariasfarmcountrykitchen.com/10-ways-to-get-arsenic-out-of-your-and-your-kids-diet/ [En ligne], page consultée le 16 février 2014.

Schmidt, Charles W. (2013). Arsenical Association: Inorganic Arsenic May Accumulate in the Meat of Treated Chickens, Environmental Health Perspectives, 121 (7), p. A-226. Disponible au http://ehp.niehs.nih.gov/121-a226/

Des organismes génétiquement modifiés dans votre assiette

Par Mélanie Demers, inf.B.Sc.

On entend de plus en plus parler d’organismes génétiquement modifiés (OGM) et de leur étiquetage. D’ailleurs, le Canada vient d’approuver la culture d’œufs de saumon génétiquement modifiés (GM) et cette décision se trouve très controversée. Pourquoi?

Qu’est-ce qu’un OGM?

Un OGM est un organisme vivant créé artificiellement par des techniques de manipulation génétique. En fait, il s’agit de prendre un ou plusieurs gènes dans un organisme et de les insérer dans un autre afin de donner à ce dernier des propriétés particulières. Pour plus d’informations : http://vimeo.com/6793959

Où les retrouve-t-on?

Actuellement, dans le monde, les principales cultures OGM sont : le soya GM (50%), le maïs GM (31%), le coton GM (14%) et le canola GM (5%). Près de 90% des cultures OGM dans le monde se situent en Amérique, principalement aux États-Unis (53%), en Argentine (18%), au Brésil (11,5%) et au Canada (6,1%). De plus, ce type de culture sert surtout à nourrir le bétail et les animaux d’élevage.

Au Canada, les OGM présentement cultivés et commercialisés sont le canola, le maïs, le soya ainsi que la betterave sucrière et ils se retrouvent dans près de 70% des produits transformés sur les tablettes des supermarchés. Du maïs OGM sucré destiné à la consommation humaine a même été retrouvé dans les épiceries du Québec au cours de la saison 2013, mais aucun moyen de le savoir sans demander des informations, car ils ne sont pas étiquetés.

Quels sont les risques pour la santé?

Les risques de la consommation d’OGM sur la santé n’ont pas été étudiés à long terme, ce qui laisse planer le doute quant à leur innocuité. En fait, une étude très controversée, publiée en 2012, a étudié l’effet de la consommation de maïs OGM résistant à l’herbicide Roundup sur la santé de rats, pendant une période de 2 ans. Les résultats obtenus sont effarants. Les femelles ont développé des tumeurs mammaires importantes, leur hypophyse a été grandement affectée et les hormones sexuelles, complètement débalancées. De plus, parmi celles nourries au maïs OGM, il y a eu 2 à 3 fois plus de morts que parmi celles qui ne l’étaient pas et elles sont mortes beaucoup plus rapidement. Parmi les mâles nourris aux OGM, on a noté une congestion et une nécrose du foie 2,5 à 5,5 fois plus élevé que parmi ceux qui ne l’étaient pas. Les néphropathies marquées et sévères étaient 1,3 à 2,3 fois plus fréquentes de même que des tumeurs 4 fois plus grosses apparaissant 600 jours plus tôt. Cette étude s’est avérée très controversée, mais il faut savoir que Monsanto, la multinationale à l’origine de ce maïs et de l’herbicide associé, est l’une des plus puissante au monde : elle détient 90% des semences OGM mondiales et elle n’a peut-être pas apprécié la publication de cette étude. Bref, un an après sa parution, on en parle encore.

Néanmoins, certains risques potentiels liés à la consommation d’OGM ont été clairement identifiés. Tout d’abord, les allergies. Celles-ci sont causées par la réaction exagérée de l’organisme à des protéines et les gènes constituent la base de la fabrication des protéines. Donc, les nouvelles protéines modifiées s’avèrent susceptibles de provoquer des allergies alimentaires.

De plus, ce type de culture utilise de nombreux pesticides qui ont le pouvoir de perturber l’équilibre des différentes hormones dans notre corps, et ce, en très petite quantité. Or, cela peut altérer la fonction sexuelle et reproductrice, la croissance et le comportement. Les femmes et les jeunes enfants représentent les personnes les plus à risque quant à la consommation d’OGM.

De plus, les effets sur l’environnement sont indéniables : pollution de l’eau et des sols due à l’utilisation grandissante de pesticides, contamination du patrimoine génétique d’autres plantes, la déforestation, etc. Les effets peuvent aller bien au-delà de ceux présentés ici, mais seules des études à long terme et en quantités suffisantes pourront nous éclairer sur ce point.

L’avenir des OGM

Les grandes multinationales travaillent sans relâche pour introduire de nouvelles cultures OGM. En novembre 2013, le gouvernement canadien a d’ailleurs approuvé la production commerciale d’œufs de saumon GM. Ce poisson pourrait devenir le premier animal GM à être autorisé pour la consommation humaine.

La luzerne OGM résistante à l’herbicide Roundup a déjà été approuvée aux États-Unis et pourrait l’être rapidement au Canada. Une pomme GM qui ne brunit pas au contact de l’air serait aussi près d’une approbation de commercialisation au Canada et aux États-Unis. D’autres OGM approuvés mais non cultivés au Canada pourraient se retrouver dans nos épiceries dans les prochaines années : pomme de terre, tomate, lin, riz, courge et papaye.

L’étiquetage des OGM

Il s’avère impossible de déceler un OGM s’il n’est pas étiqueté et au Canada, cet étiquetage n’est pas obligatoire. Aux États-Unis, certains états ont réussi à légiférer cet étiquetage, mais la puissance des multinationales a fait avorter plusieurs de ces projets de loi. Présentement, dans le monde, l’étiquetage des OGM est obligatoire dans une soixantaine de pays.

Par conséquent, un des rares moyens d’éloigner la présence d’OGM dans notre assiette est d’éviter les produits contenant des ingrédients provenant des grandes cultures OGM soient le canola, le soya et le maïs. Mais, là encore, la certitude n’est pas absolue. L’unique solution est de consommer des aliments biologiques et locaux, car les OGM sont interdits en culture biologique et lorsque l’aliment est local, il est plus facile d’identifier le type de culture à son origine. Finalement, il vous reste toujours la possibilité de cultiver vous-mêmes vos légumes et d’élever vos propres animaux.

Références :

Générations futures, Qu’est-ce qu’un OGM?, http://www.generations-futures.fr/sinformer/ogm/quest-ce-quun-ogm/ [En ligne], page consultée le 12 décembre 2013.

Greenpeace France, Des OGM dans nos assiettes, http://www.greenpeace.org/france/fr/campagnes/ogm/fiches-thematiques/des-ogm-dans-nos-assiettes/ [En ligne], page consultée le 12 décembre 2013.

Greenpeace France, Le génie génétique en agriculture, http://www.greenpeace.org/france/fr/campagnes/ogm/fiches-thematiques/le-genie-genetique-en-agricult/ [En ligne], page consultée le 12 décembre 2013.

Greenpeace France, Menaces et dangers des OGM, http://www.greenpeace.org/france/fr/campagnes/ogm/fiches-thematiques/menaces-et-dangers-des-ogm/#a2 [En ligne], page consultée le 12 décembre 2013.

InfoOGM, États-Unis : Bientôt un étiquetage obligatoire des OGM dans le Connecticut?, http://www.infogm.org/spip.php?article5432 [En ligne], page consultée le 12 décembre 2013.

Séralini, G. et al. (2012) Long term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize, Food and chemical toxicology, 50(11), 4221-4231.

Vigilance OGM, C’est quoi?, http://www.infoogm.qc.ca/les-ogm/cest-quoi/ [En ligne], page consultée le 12 décembre 2013.

Vigilance OGM, Dans nos assiettes?, http://www.infoogm.qc.ca/ou-sont-les-ogm/dans-nos-assiettes/ [En ligne], page consultée le 12 décembre 2013.

Vigilance OGM, Les OGM qui « poussent », http://www.infoogm.qc.ca/ou-sont-les-ogm/les-ogm-qui-poussent/ [En ligne], page consultée le 12 décembre 2013.

Vigilance OGM, Risques sur la santé, http://www.infoogm.qc.ca/les-risques/risques-sur-la-sante/ [En ligne], page consultée le 12 décembre 2013.

Vos enfants mordent-ils la poussière? (Partie 2)

Par Mélanie Demers, inf. B.Sc.

Vous est-il déjà arrivé que votre bambin vous apporte un rouleau de poussière qu’il a trouvé sous le lit? Sans le savoir, il vous fait un cadeau empoisonné qui devrait vous inciter à passer à l’action.

Composés organostanniques

Ces composés se retrouvent principalement dans les pesticides et sont aussi utilisés comme stabilisateurs du polychlorure de vinyle (PVC). D’autres agissent comme catalyseurs pour le polyuréthane et le silicone.

Où sont-ils utilisés?

Dans la poussière à l’intérieur des maisons, leur présence est liée principalement au PVC présent dans plusieurs produits de consommation courante. Ainsi, on les retrouve dans les emballages alimentaires, le recouvrement des cadres de fenêtres, les mousses de polyuréthane, les planchers en PVC et les tapis. Ils sont aussi présents dans les produits en textile contenant des parties en polymère comme les t-shirts imprimés, les serviettes sanitaires, les diachylons et les couches. Leur présence a même été détectée dans des biscuits cuits sur du papier parchemin (qui en contient). De plus, on les retrouve dans les jouets en PVC comme les masques, les balles, les jouets en plastique souple et la nourriture factice.

Quels sont leurs effets sur la santé?

Les composés organostanniques s’avèrent toxiques à des niveaux d’exposition assez faibles et plusieurs recherches indiquent que certains d’entre eux pourraient avoir des effets toxiques sur les systèmes nerveux et immunitaire. De plus, ils traversent le placenta et causent des effets indésirables au niveau du développement du fœtus.

Composés perfluorés

Les composés perfluorés (PFOA et PFOS) constituent un groupe de composés chimiques créés par l’industrie et largement utilisés dans de nombreux produits courants afin de les rendre plus résistants aux taches, à la graisse et à l’eau.

Où sont-ils utilisés?

Les composés perfluorés se retrouvent dans les poêlons et les ustensiles antiadhésifs, les hottes de cuisinière de même que les tapis, les meubles et les vêtements traités avec un anti-tache. Ils sont aussi présents dans les cires (planchers, skis), les emballages alimentaires et la soie dentaire.

Quels sont leurs effets sur la santé?

La présence des composés perfluorés a été détectée dans le sang de la population générale partout dans le monde. La première exposition se produisant dans le ventre de la mère à travers le placenta et plus tard, via l’allaitement maternel. L’exposition à ces substances a été associée au cancer des testicules et des reins, à des dérèglements du foie et à une ménopause précoce. Chez les enfants, on a remarqué une augmentation de la susceptibilité à l’hypothyroïdie, à une réduction des taux d’hormones et à une puberté retardée, tant chez les garçons que chez les filles. Cependant, les études chez les humains sont encore limitées et on peut ainsi s’attendre à d’autres associations entre les composés perfluorés et la santé dans les prochaines années.

Conseils de prévention

Ces substances ne peuvent complètement être évitées dans l’environnement. Cependant, il est possible d’agir sur la poussière se retrouvant à l’intérieur de nos maisons afin de protéger les enfants qui s’avèrent beaucoup sensibles à ces substances chimiques. En effet, leurs organes et leurs systèmes sont immatures et se développent rapidement, ce qui les rend beaucoup plus vulnérables que les adultes.

  • Prenez soins de bien laver les mains de vos enfants avant de manger.
  • Passez régulièrement l’aspirateur et une vadrouille humide pour réduire l’exposition à la poussière.
  • Remplacez vos casseroles recouvertes de téflon par d’autres en acier inoxydable, en fonte ou en céramique.
  • Choisissez des rideaux, des tapis ou des meubles sans ignifugeants ou composés perfluorés. Il est toujours possible de communiquer avec les compagnies pour vérifier, soit par téléphone ou par courrier électronique.

Références :

Blum, Arlene (2013). Flame retardants and flammability standards, présentation faite à Green science policy institute le 5 novembre 2013. http://www.sixclasses.org/watch/

Costner, P. et al. (2005). Sick of dust : Chemicals in common products – A needless health risk in our homes, http://cleanproduction.org/library/Dust%20Report.pdf [En ligne], page consultée le 5 novembre 2013.

Field, Dr Jennifer A. (2013). Highly fluorinated chemicals (fluorochemicals), présentation faite à Green science policy institute le 22 octobre 2013.

Santé Canada (2009). Sécurité des produits de consommation, http://www.hc-sc.gc.ca/cps-spc/pest/registrant-titulaire/prod/_memo-note/organotins-organostanniques-fra.php [En ligne], page consultée le 13 novembre 2013.

National Institute of environmental health sciences (2012). Perfluorinated chemicals (PFCs), http://www.niehs.nih.gov/ [En ligne], page consultée le 13 novembre 2013.

Vos enfants mordent-ils la poussière? (Partie 1)

Par Mélanie Demers, inf. B.Sc.

Lorsqu’ils jouent au sol ou qu’ils rampent, les enfants sont particulièrement exposés aux risques des contaminants contenus dans la poussière des maisons et ce, jusqu’à 40 fois plus que les adultes! De surcroît, ils passent environ 66% de leur temps à l’intérieur de leur maison et 21%, à l’intérieur, ailleurs qu’à la maison. Qu’y a-t-il de si effrayant dans la poussière?

Des contaminants

La poussière de maison est composée de contaminants chimiques qui se retrouvent dans les maisons. Ces substances chimiques migrent, sont libérées ou s’échappent des produits de consommation courante durant leur utilisation normale, amenant leur accumulation dans la poussière.

Les enfants y sont beaucoup plus vulnérables que les adultes car leurs organes  et leur système immunitaire sont immatures et en pleine croissance. Plusieurs de ces substances chimiques sont associées avec des réponses allergiques; un système immunitaire supprimé ou hyperactif; des dérèglements des systèmes respiratoire, cardiovasculaire, nerveux et reproducteur; une peau et des muqueuses irritées ainsi qu’avec des cancers pour une variété de tissus et d’organes.

Les phtalates

Les phtalates sont principalement utilisés comme plastifiants pour le polychlorure de vinyle (PVC).  Soixante-quinze pourcent des phtalates sont libérés dans l’environnement pendant l’utilisation de produits qui en contiennent.

Où sont-ils utilisés?

Ainsi, on les retrouve principalement dans les décorations murales, les nappes en plastique, la tapisserie, les rideaux de douche, les tuyaux d’arrosage, les imperméables, les poupées, les jouets, les souliers, le recouvrement des fils et des câbles. Il y a aussi présence de petites quantités de phtalates dans les produits de soins personnels comme les crèmes pour la peau, les fixatifs à cheveux, les lotions, les vernis à ongle et dans une variété d’autres produits comme les adhésifs, les détergents, l’encre, les solvants, les huiles lubrifiantes, les peintures et certains médicaments.

Quels sont leurs effets sur la santé?

Les enfants exposés à des concentrations plus élevées de phtalates sont plus à risque de développer de l’asthme. De plus, l’exposition a été associée avec le développement prématuré des seins chez les jeunes filles, de même qu’à une détérioration de la qualité du sperme, une diminution du nombre de spermatozoïdes et une difformité de leur morphologie chez l’homme. Des liens ont aussi été établis avec l’obésité, le diabète et un dysfonctionnement de la thyroïde.

Les alkylphénols

Les alkylphénols sont le principal constituant des alkylphénols éthoxylés.

Où sont-ils utilisés?

Ils sont utilisés principalement dans les produits d’entretien ménager, dans les peintures au latex où ils servent d’émulsifiants, dans les formulations de pesticides et d’herbicides, comme additifs dans les cosmétiques, dans le PVC utilisé pour l’emballage des aliments, les accessoires de flottaison, dans l’industrie du textile et dans certains jouets.

Quels sont leurs effets sur la santé?

Cette substance chimique passe de la mère au fœtus en développement par le placenta, mais aussi à l’enfant via l’allaitement. De plus, ils ont la capacité à imiter les œstrogènes naturels et ainsi réduire la fonction testiculaire chez l’homme. Des études ont aussi démontré que certains alkylphénols dérèglent le système immunitaire.

Les pesticides

Ils représentent un groupe de substances chimiques visant à tuer ce qui est nuisible, c’est-à-dire rongeurs, insectes, mauvaises herbes, champignons.

Où sont-ils utilisés?

Ils sont utilisés sur le sol extérieur (champs, terrains de golf, terrains de sport, terrains de jeux, jardins, pelouses), à la maison (exterminations professionnelles, traitements des tapis, vaporisateurs contre les mouches), sur notre corps (insectifuges, traitements contre les poux) et sur la nourriture (pendant la culture sur les fermes mais aussi après la récolte pour empêcher la croissance de champignons pendant le transport).

Quels sont leurs effets sur la santé?

Plusieurs sont reconnus comme possiblement carcinogènes chez l’humain. De plus, ils peuvent causer une variété de symptômes pouvant aller de la perte d’appétit à la paralysie, selon le pesticide utilisé. Ils ont aussi été associés à des problèmes reproducteurs, des dérèglements hormonaux, des cancers, des problèmes du système immunitaire et plusieurs autres.

Les ignifugeants

Il s’agit de produits chimiques ajoutés aux plastiques, textiles et plusieurs autres matériaux afin de les rendre moins susceptibles de s’enflammer.

Où sont-ils utilisés?

On les retrouve dans plusieurs produits de consommation courante comme les meubles rembourrés, les tapis, les matelas, les télévisions, les cafetières, les séchoirs à cheveux, les produits rembourrés pour bébé et plusieurs autres.

Quels sont leurs effets sur la santé?

La poussière de maison a été identifiée comme une source d’exposition importante aux ignifugeants chez les jeunes enfants. De plus, ils compétitionnent avec l’hormone thyroïdienne amenant quantité d’effets sur la croissance et le développement. Certains sont aussi considérés comme carcinogènes. d’autres contaminants se retrouvent dans la poussière de maison et je vous en parlerai la semaine prochaine de même que des conseils pour prévenir l’exposition.

Références :

Costner, P. et al. (2005). Sick of dust : Chemicals in common products – A needless health risk in our homes, http://cleanproduction.org/library/Dust%20Report.pdf [En ligne], page consultée le 5 novembre 2013.

Dodson, R.E. et al. (2012). House Dust Contains Carcinogens and Untested Chemicals Used as Flame Retardants in Consumer Products, Silent Spring Institute, http://www.silentspring.org/ [En ligne], page consultée le 5 novembre 2013.

Keep a breast & Environmental working group (2013). The dirty dozen : 12 hormone altering chemicals and how to avoid them, http://keep-a-breast.org/blog/12-worst-endocrine-disruptors-revealed-environment/ [En ligne], page consultée le 6 novembre 2013.

Santé Canada (2011). Règlement sur les phtalates, http://www.hc-sc.gc.ca/ahc-asc/media/nr-cp/_2011/2011_07fs-fra.php [En ligne], page consultée le 6 novembre 2013.

Silver, L.B. (2011). Practice prevention: pesticides, Learning and Developmental Disabilities Initiative, http://www.healthandenvironment.org/initiatives/childrens_health/columns_facts [En ligne], page consultée le 6 novembre 2013.